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  Sommaire - Films -  S - Z -  Wild (Id .)
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"Wild (Id .) " de Jean-Marc Vallée

 

Scénario : Nick Hornby, d’après le livre de Cheryl Strayed
Avec : Reese Witherspoon, Laura Dern, Gaby Hoffmann, Cliff De Young.
Distribué par 20th Century Fox - 115 mn - Sortie le 14 Janvier 2015 - Note : 9/10

Tourner le dos à la civilisation. Retour vers la mère nature. Se chercher. Se trouver. Se perdre. On a déjà vu des films au sujet traitant de ces thèmes, comme « mosquito coast », ou plus récemment, l’excellent « Into the wild » et le très moyen « 127 heures ». Avec « Wild », c’est encore autre chose. C’est un peu la seule issue de secours d’une jeune femme perdue, au bout du rouleau, qui risque de faire pire si elle reste dans sa vie ratée... Et « Wild » de toucher au but.

Jeune mère, à la vie privée complètement déséquilibrée, n’arrivant pas à entretenir une relation amoureuse avec un homme qui pourtant l’aime, Cheryl (Reese Witherspoon, plus qu’excellente) décide de faire seule une longue piste connue des randonneurs américains, la Pacific Crest Trail. Soit plus de mille cinq cent kilomètres en pleine nature sauvage, et si possible sans aucune relation avec un autre humain, exception faire de fortuites rencontres. Ainsi, Cheryl va pouvoir repenser à tout ce qui a fait sa vie jusqu’à présent, analyser les raisons qui ont fait que tout a foiré, depuis la mort de sa mère, qu’elle adorait. Et malgré les coups durs, les épreuves physiques proches de torture, la solitude, les regrets, les remords, tout au long de sa marche, Cheryl va apprendre à accepter, à se connaitre, voire plus encore.

Fuir, sans jamais se retourner. Avancer, et plonger le plus profond dans les abysses afin de mieux en remonter si c’est possible. Faire un livre d’une telle expérience n’est déjà pas aisé. En faire un film, peut-être moins, à condition de savoir narrer l’histoire en restant dans le cinéma. A savoir éviter l’ennui, arriver à faire ressentir les sentiments, les impressions que vit le principal - voir seul parfois - acteur de l’œuvre. Passé de l’ombre à la lumière pour avoir signé « Dallas buyers club » qui valut l’Oscar du meilleur acteur à Matthew McConaughey, le québécois Jean-Marc Vallée donne à Reese Witherspoon l’occasion d’une performance dite Oscarisable mais qui pourtant va bien au-delà de cette simple image. L’actrice restitue parfaitement la longue descente aux enfers de son personnage avant de se prendre en main de la seule façon pour elle de s’en sortir : couper les ponts, et partir pour quelques semaines. Avoir un but, s’y astreindre malgré l’envie dévastatrice de tout plaquer et de retourner à son existence d’avant. Sauf qu’elle n’est pas seule, qu’elle doit penser aux autres, et à elle-même, et que l’autodestruction n’est pas le moteur de sa vie. Et si certains préfèrent souffrir que vivre, il faut au moins tenter de savoir s’il ne reste pas ce regain de vie qui peut vous redonner goût au meilleur de ce que le quotidien offre. Jamais redondant, jamais posé, « Wild » s’affranchit parfaitement de son défi, de nous faire partager une existence qui oscille entre la fin et la résurrection, sur la seule volonté humaine, sans aide spirituelle quelconque. La nature revêt alors ses plus beaux apparats, on évite aussi certains clichés alors qu’on est persuadés de l’inverse (l’intrusion des deux chasseurs, une jolie femme seule, la cambrousse, l’aide d’un autochtone qui nous fait vite verser dans une suite à la « Wolf Creek » !...). Et là où on pouvait craindre le pire, « Wild » atteint le meilleur. Le film nous inclut dans cette expérience, nous faisant alors partager la vie de Cheryl, nous faisant même une introspection de certains moments de nos existences. Pour en arriver à ça, Jean-Marc Vallée a trouvé la sincérité et le talent à mettre au service d’une remarquable et monumentale leçon de courage sur soi-même. Et le résultat est simplement, ou juste, impressionnant en tous points.

Stéphane THIELLEMENT



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