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Graham Joyce n’est plus

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Il est né le 22 octobre 1954 à Keresley en Angleterre et mort le 9 septembre 2014 (à 59 ans).

Il était l’un des écrivains britanniques les plus en vue de son temps, auteur d’un fantastique aux limites du genre, plus subtile que le « shock-horror-story » façon Lumley ou Masterton, et plus introspectif qu’un Matheson. Souvent mal compris, son romanesque mal évalué, il demeurera comme l’un de ceux s’étant le plus interrogés sur notre place et nos prétentions dans le monde, grâce à ce que l’on pourrait taxer faute de mieux comme d’une « intuition épistémologique ». Son thème de prédilection reste le contrôle sur l’inconscient (quand le rêve devient un champ d’expérience collectif), judicieusement mis en scène dans « L’enfer du rêve » (pocket terreur) dans lequel il applique un regard quasi eschatologique où il compare nos vanités à une tour de Babel, ainsi que sur l’idée de filiation, et les pouvoirs héréditaires (« Lignes de vie », Bragelonne). Le tout sur un arrière fond de conflit généralisé et de dénuement où l’humanité a fait faillite. Ou encore dans le cadre risqué d’une expérience qui tourne mal mais où c’est justement là, dans cette faille que s’installe un fantastique de situation où c’est en aveugle qu’on progresse, expérimente, éprouve.

Les univers dans lesquels baignent ses personnages sont souvent reliés à l’enfance, voire l’adolescence, à ces périodes dites « à la limite » où on s’interroge, se cherche, et surtout se perd, sans se trouver dans le fond. Et c’est peut-être là que l’effet « Joyce » se produit, dans une espèce de jeu de dupes où le sujet, souvent jeune, devient son propre piège, son projet personnel, ou, dans une commune mesure, son propre champ d’expérience. Toute la dynamique de son romanesque consiste alors à établir le portrait de cet enfant sous l’axe d’un nouveau socialisme, dit scientifique. Polémiste autant qu’avant-gardiste.

Une autre grande perte pour un auteur qui avait sans nul doute beaucoup de choses à dire encore.

Emmanuel Collot