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  Sommaire - Films -  G - L -  Les Brasiers de la colère (Out Of The Furnace)
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"Les Brasiers de la colère (Out Of The Furnace) " de Scott Cooper

 

Réal. & scénariste : Scott Cooper
Co-scénariste : Brad Ingelsby
Avec : Christian Bale, Woody Harrelson, Casey Affleck, Forest Whitaker, Zoe Saldana, Sam Shepard, Willem Dafoe
Distribué par Metropolitan Filmexport
116 mn - Sortie le 15 Janvier 2014 - Note : 9/10

Une implacable descente aux enfers au cœur d’une Amérique profonde, servie par un casting magistral. On pourrait s’arrêter là. Car tout est dit en ces quelques mots. Le nouveau film du réalisateur de « Crazy Heart » (avec Jeff Bridges en chanteur de country vieillissant, rôle qui lui valut l’Oscar du meilleur acteur) mélange polar et drame social dans un contexte noir, perdu, déprimant, où le bonheur se paye cher, si toutefois il parvient encore à exister en de telles contrées.
Braddock, petite ville sidérurgique du nord-est américain, où la misère se transmet de génération en génération. C’est là que vit Russell Baze, qui ne demande qu’à vivre heureux avec sa copine, continuer son job aux hauts-fourneaux, et s’occuper des membres de sa famille. Comme son frère Rodney, qui pensait s’en sortir en s’engageant dans l’armée mais qui revient brisé d’Irak. Incapable de se prendre en main, Rodney s’endette, s’allie aux mauvaises personnes et croise la route du caïd local dégénéré, Harlan DeGroat. En parallèle, Russell saborde un soir toute sa vie déjà fragile en tuant accidentellement une femme et un enfant. Condamné, il retrouve son frère en sortie de prison juste quelques jours avant que ce dernier ne se fasse tuer comme un chien par DeGroat. Ayant tout perdu, Russell va alors entreprendre une croisade vengeresse qui ne lui apportera rien, mais qui fait juste partie de cette vie qu’est la sienne.
En une scène d’ouverture, on est plongés dans une violence quotidienne, sans espoir, terrifiante, au travers du personnage qu’incarne Woody Harrelson. Puis peu à peu, de nouveaux personnages arrivent, mettent en vie cette histoire de tous les jours dans un environnement des USA loin d’être le plus euphorique qui soit. Et de songer à tous ces films américains d’il y a une trentaine d’années, réalistes sur ceux qui constituent aussi leur pays, aux chansons de Springsteen qui révélaient aussi cette face cachée américaine. Certes, le polar se greffe à ce portrait social, mais en soi, et en même temps, sans cela, la violence nimbe la vie quotidienne de tous ces chacun et chacune, aux lendemains ressemblant aux veilles, et où tout espoir semble banni de leur vie. Nanti d’un casting simplement remarquable, Scott Cooper noircira peut-être parfois trop le trait, mais on ressort de son film lessivé, plombé, limite mal à l’aise car ce qu’on a vu est si proche de ce qu’on connait autour de nous quelque part. Et se dire qu’on vit pour vivre, où plutôt pour survivre, achève de donner à ces « Brasiers de la colère » une force peu commune, parfois peut-être ambigue dans certains messages, mais qui au final laisse une trace indélébile. Trop fait peut-être trop et empêche le film de frôler la perfection, mais en l’état actuel des choses, « Les brasiers de la colère » constitue une œuvre forte et définitive, confirmée par des numéros d’acteurs époustouflants.

Stéphane THIELLEMENT



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