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Titre original : 설국열차1
Titre international : Snowpiercer
Titre français : Snowpiercer, le Transperceneige
Réalisation : Bong Joon-ho
Avec :
Chris Evans (V. F. : Thibaut Belfodil) : Curtis
Song Kang-ho : Namgoong Minsu
Ed Harris (V. F. : Patrick Floersheim) : Wilford
John Hurt : Gilliam
Tilda Swinton (V. F. : Laurence Breheret) : Mason
Jamie Bell : Edgar
Octavia Spencer (V. F. : Marie-Madeleine Burguet-Le Doze) : Tanya
Ewen Bremner : Andrew
Ko Ah-sung : Yona
Tomas Lemarquis (V. F. : Guillaume Bourboulon) : Egg-head
Alison Pill : l’institutrice
Vlad Ivanov : Franco Elder
Luke Pasqualino : Grey
Clark Middleton : Painter
Stephen Park : Fuyu
D’ordinaire, un train va d’un point à un autre, assure des liaisons entre deux localités, fait des haltes sur son parcours. Pas celui imaginé par le cinéaste coréen Bong Joon Ho. Il faut dire que l’action se passe en 2031 et que la planète est entrée dans une nouvelle ère glaciaire à la suite de manipulations chimiques. Rouler sans fin ni but dans des paysages de neige revient tout simplement à survivre. Ce train fou n’en cache pas moins un secret faramineux : emporter avec lui les vestiges de notre civilisation. Mais dans cette nouvelle Arche de Noé, les hommes et les femmes qui y ont trouvé refuge ne sont pas tous logés à la même enseigne. Si le pouvoir, habituellement, s’exerce du haut vers le bas, ici ses différentes manifestations sont horizontales, des wagons de tête vers les wagons de queue. Néanmoins, la révolte gronde, emmenée par un nouveau Spartacus (Chris Evans) et relayée par un perceur de portes toxicomane (Song Kang-Ho). Tel un ouragan, elle va tout balayer sur son passage, à commencer par les sbires du pouvoir (pourtant armés jusqu’aux dents). De gré ou de force les portes, l’une après l’autre, vont s’ouvrir jusqu’à la rencontre finale avec le maitre de la Machine, le machiavélique Wilford (Ed Harris). Juste avant le grand déraillement...
Inspiré par la BD éponyme de Jean-Marc Rochette et Jacques Lob, le film de Bong Joon Ho bénéficie d’un casting convaincant et soigné (on y retrouve le vétéran John Hurt dans le rôle du trouble Gilliam). Il réserve au spectateur quelques scènes extrêmement fortes, même si la violence y souvent est plus suggérée que montrée. Les emprunts -ou citations - à d’autres films d’anticipation abondent : « Le jour d’après », évidemment, pour l’hiver généralisé, « Soleil vert » pour les plaquettes de protéines, « Le pont de Cassandra » pour le thème du train lancé vers l’abime, « Métropolis » pour l’adoration de la Machine ou « 1984 » pour le culte du chef tout puissant. Quant à l’histoire en elle-même, elle prend l’allure d’un conte initiatique avec son lot d’épreuves successives pour Curtis, le héros campé par Chris Evans. Cela fonctionne, tant bien que mal, pendant les 2 heures 6 minutes que dure le film. Est-ce que cette lutte des classes allégorisée sur fond de catastrophe climatique délivre un message probant pour notre civilisation ? Pas vraiment, si ce n’est l’illustration esthétisante du sempiternel combat pour la vie. De ce point de vue, la dernière scène - très belle -, où les deux jeunes rescapés aperçoivent un ours blanc sur la colline enneigée, en dit long sur la fragilité de notre espèce face à la nature sauvage. Mais ceci est une autre histoire, quoique ce soit la principale.
Jacques LUCCHESI
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