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Avec Vin Diesel, Thandie Newton, Colm Feore, Judi Dench
Distribué par UIP.
Sortie le 18 Août 2004.
119 mn.
Note : 9/10
Si le nom de David Twohy circule assez souvent quand on se remémore d’excellentes séries B, entre celles qu’il a écrites (Terminal velocity, par exemple, ou encore Waterworld) et celles qu’il a réalisées (on les cite toutes : son épatant Timescape dont vous pouvez voir actuellement un mauvais ersatz avec Les témoins, The Arrival et Charlie Sheen découvrant une invasion extra-terrestre, le remarquable Abîmes, meilleur film de « bateau » fantôme jamais fait même si il s’agit d’un sous-marin !), c’est avec Pitch black qu’il est enfin sorti de l’anonymat.
Pitch black, c’est de la science-fiction mariée à de l’épouvante, c’est le crash le plus spectaculaire vu depuis longtemps d’un vaisseau spatial sur une planète qui tous les 30 ans se retrouve plongée dans le noir, laissant alors des monstres sortir de leur tanière, c’est Riddick, un anti-héros qui porte leur survie sur ses épaules (Vin Diesel, début de la gloire), ce sont comme d’habitude chez Twohy, de folles idées se succédant assez souvent amorcées par un prologue qui vous scotche sur votre fauteuil. Les bruits disaient qu’une préquelle était envisagée. Il n’en est rien : Les chroniques de Riddick est une séquelle de très haut niveau : pas un remake avec plus de monstres, pas un petit film d’action centré sur Riddick, non, mais bel et bien un monumental film de science-fiction, qui vous attrape dès l’invasion extraordinaire d’une planète par la race des Necromongers que gouverne le Lord Marshal et qui ne vous lâchera qu’avec une fin anti-commerciale et en même temps osée, et après avoir quand même vécu deux heures durant ces fameuses chroniques de Riddick, qui vous promènent d’un bout à l’autre de l’univers ! Ouf !
On pouvait craindre, vu l’énormité du budget, que Twohy ne se laisse corrompre pour livrer un énorme film sans âme, mais avec beaucoup de concessions. Il n’en est rien. Tout commence donc avec cette invasion de vaisseaux spatiaux qui possèdent la forme de gigantesques statues. En un quart d’heure, la planète Helion est conquise. De là, Riddick est retrouvé pour sauver l’univers de ces conquistadors du futur, aux allures de membres aveugles d’une secte puissante, car il représente le seul espoir : Riddick est le dernier descendant d’une race éteinte qui était la seule à pouvoir combattre et gagner contre les Necromongers. Mais Riddick est d’abord et avant tout un solitaire, qui ne fuit que pour être libre, qui n’hésite pas à tuer pour cela, voir même à sacrifier quand il n’y a pas d’autre issue. Pourchassé, rattrapé, emprisonné, libéré, battu, Riddick est au centre du film, magnifié il est vrai par un Vin Diesel qui prouve qu’il est loin d’être le simple héros d’action comme peuvent le laisser supposer certains de ses derniers films. L’acteur possède une réelle présence, un charisme qui n’a jamais été aussi bien exploité qu’au travers de ce personnage.
Maintenant, c’est la première fois que Twohy est aux commandes d’un tel projet, et aussi d’un vrai film de Science-Fiction. Inutile de préciser, au vu de qui a été rappelé précédemment de sa carrière, qu’il s’en titre honorablement : David Twohy hisse le genre à un nouveau niveau, bien au delà des monolithiques Star Trek & Co, bien au delà des naïfs et très « plombants » derniers épisodes de Star Wars (attendons de voir l’opus 3 pour voir si le niveau sera relevé). On pencherait presque pour une vision à la James Cameron, de par la description de cette super race qu’est les Necromongers. Mais paradoxalement, si il y a un petit défaut au film, elle est complètement due à Twohy qui n’arrive pas toujours à une mise en scène à la hauteur de ses ambitions scénaristiques, limitant ainsi parfois la portée de la découverte de son univers. Et aussi à cause de certaines petites ellipses qui font qu’on a un peu de mal à suivre les péripéties pourtant sans temps mort de Riddick avant qu’il n’accepte de combattre les Necromongers. Mais ce sont là les seuls détails qui chagrinent un peu. N’écoutez pas les tristes sires qui vont haranguer ce film, certains parmi eux se pâmant devant les nouveaux volets de la saga de George Lucas. Les chroniques de Riddick constitue à ce jour la meilleure découverte cinématographique dans le genre de la Science-Fiction « space opera », en même temps qu’une séquelle. Il y a encore beaucoup à découvrir dans ce film, malgré tout ce que vous venez de lire, et après, il est certain que le nom de David Twohy aidera certainement à la reconnaissance de ses œuvres oubliées comme Abîmes.
Stéphane Thiellement
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