Le 3 avril dernier l’écrivain écossais Iain Banks révèle sur son site qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale, découvert début mars, et qu’il ne lui reste au mieux qu’une année à vivre : "On pense que j’ai encore ’plusieurs mois’ devant moi, mais qu’il est extrêmement improbable que je vive plus d’un an". Une déclaration inattendue pour ce "jeune" homme de 59 ans, qui a mis en émoi la communauté littéraire et ses nombreux lecteurs.
Ian Banks est un écrivain prolifique qui a décidé de devenir écrivain professionnel à l’âge de 11 ans et a publié 26 ouvrages depuis son premier et terrifiant et hautement dérangeant roman "The Wasp Factory" en 1984 (sa première publication après cinq romans refusés - dont trois de SF). Fraichement accueilli par la critique, "The Wasp Factory" (Le Seigneur des guêpes) s’est rapidement imposé comme un classique. Trois ans plus tard il sort son premier livre de science Fiction "Consider Phlebas" (Une forme de guerre). Dès ce deuxième ouvrage, Banks prend l’habitude d’utiliser le M de son deuxième prénom "Menzies" pour distinguer sa production SF de son production de littérature générale.
Parmi ses oeuvres les plus célèbres figure le cycle de La Culture qui comprend neuf romans et recueils de nouvelles. Le cycle, qui s’inscrit dans le genre du space opera avec une ligne politique nette : Banks y rejette l’inévitabilité du capitalisme, et créé une société utopique dans lequel il ferait "bon vivre", mélange d’anarchisme et de socialisme.
Au fil de carrière d’écrivain professionnel, en dépit de la diversité et de la complexité de son oeuvre, Banks a su réunir autour de lui une communauté de lecteurs passionnés. L’un de ses fans les plus dévoués et auteur du fanzine "Banksoniain", David J Haddock explique que "pour moi il a ce truc en plus que les autres n’ont pas... J’avais presqu’arrêté de lire de la fiction quand j’étais à l’université,mais ensuite je suis tombé sur Iain Banks, puis sur Iain M Banks, et j’ai remis le pied dans la SF que j’avais beaucoup lu à l’école. Je le remercie pour ça. Le cycle de la Culture est tellement vaste que ça lui permet d’écrire à propos de tout et n’importe quoi, et c’est en effet ce qu’il fait".
En annonçant sa mort prochaine, Banks a également révélé qu’il venait de finir son 27e et dernier livre, commencé en janvier, "The Quarry" qui sera publié fin juin aux Etats Unis et en Grande Bretagne, et qu’il avait demandé à la femme qui partage sa vie Adèle de l’épouser et de devenir ainsi... "(sa) veuve".
Ecologiste convaincu, Banks avait revendu ses voitures pour ne garder qu’un modèle écologique et refusait de prendre l’avion. Il a finalement décidé de le reprendre une dernière fois , après sept ans d’abstinence, pour sa lune de miel écrivant avec un humour noir caractéristique de l’auteur : "Comme je vais faire économiser à la Terre environ de 20 à 30 ans d’émissions personnelles de carbone, je pense que je peux me faire un peu plaisir dans ces prochains mois".
Après une lune de miel partagée entre Venise et Paris, Banks a à nouveau pris la parole fin avril pour remercier ses lecteurs pour leur soutien : "Bon sang ! Quel déglue d’amour, d’affection et de respect. Franchement, je ne me rendais pas compte".
Banks a assuré ses lecteurs qu’il continuera à les mettre au courant de l’évolution de santé aussi longtemps qu’il en sera capable.
Nicolas Botti
Le site officiel de Iain Banks :
http://www.iain-banks.net/
Les fanzines de David Haddock
http://efanzines.com/Banksoniain
Iain Banks est finalement décédé de son cancer le 9 juin 2013, deux mois après avoir annoncé sa maladie au public et trois mois après avoir été diagnostiqué.