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  Sommaire - Films -  G - L -  Lincoln (Id.)
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"Lincoln (Id.) " de Steven Spielberg

 

Scénario : Tony Kushner, inspiré en partie du livre “Team of Rivals : The Political Genius of Lincoln” de Doris Kearns Goodwin
Avec : Daniel Day Lewis, David Strathairn, Tommy Lee Jones, Sally Field, James Spader, Joseph Gordon-Levitt.
Distribué par Twentieth Century Fox
149 mn
Sortie le 30 Janvier 2013
Note : 8/10

Si vous vous attendiez à une biographie d’un des plus célèbres présidents des USA, vaut peut-être mieux voir du côté du « Abraham Lincoln vampire hunter » qui brosse - avec toute la fantaisie la plus... fantaisiste qui soit ! - la vie de ce grand homme. Je plaisante, hein, vaut mieux le préciser, même si effectivement, le film de Timur Bekmanbetov est plus biographique que le film de Spielberg. Lequel ne retrace qu’un moment clef de la vie d’Abraham Lincoln, à savoir les derniers mois de sa vie, et son combat pour faire adopter le 13ème amendement, celui lié à l’esclavage, celui qui abolirait cette barbarie... Un sujet véritablement ardu que le scénariste Tony Kushner (le remarquable « Munich », tout est dit...) a repris d’après un roman fleuve que Spielberg a eu la bonne idée de concentrer sur cette période tumultueuse de la carrière de Lincoln, celle qui en même temps, à l’aube de sa tragique fin, en fit toute son histoire, sa renommée. Un pari risqué car il s’agit essentiellement d’énormément de discours politiques pour arriver à cette victoire qui vit en même temps la fin de la guerre de Sécession. Et dans le genre, Spielberg y a touché via « Amistad ». « Amistad », plus mouvementé que « Lincoln », « Amistad » étant aussi un des moins bons films du cinéaste (pas le pire, ça, c’est « Hook »...), complètement phagocyté par un procès final parmi les pires jamais mis en scène au cinéma. « Lincoln » n’est pas un « Amistad » politique. Aussi complexe qu’il soit - et il l’est, par moments, à moins d’être politologue, on peut aisément s’étonner de se tourner vers son/sa voisin(e) pour guetter une réaction similaire de pure incompréhension intellectuelle ou de décrochage soudain du sujet en cours, juste pour vérifier qu’on n’est pas seul... - « Lincoln » arrive à intéresser, voire même à passionner. Surtout et essentiellement via l’époustouflante prestation d’un Daniel Day-Lewis complètement investi par son personnage, qui arrive à nous faire croire que ce qu’on voit de lui n’est pas un film mais presque un documentaire sur ces derniers mois de son mandat. Au diapason de son rôle, jamais outrancier, ne surjouant jamais, Day-Lewis subjugue et relance continuellement l’intérêt à chacune de ses apparitions, allocutions, histoires, conjuguée à ses états d’âme, son malaise à communiquer avec les siens, son fils, sa femme... Physiquement, la ressemblance est - d’après les tableaux et autres clichés de l’époque - saisissante, mais au-delà de cet aspect, c’est surtout la force de sa conviction qui transcende tout, et donne au film sa puissance. Spielberg, lui, soigne une mise en scène soignée, aux images qui restituent ce que pouvait être l’ambiance de cet autre temps, et tourne autour de son héros pour mieux le situer dans le contexte qui fut sien en des heures de guerre, de massacres au sein d’un même pays, de dissensions politiques, de simples soucis personnels et privés, faisant de Lincoln un grand homme seul mais qui ne dévia jamais de ce destin qu’il s’écrivit, celui qui arriva enfin à endiguer la guerre par la politique, et à bannir de son pays une des pires hontes de son histoire. Tel est ce « Lincoln », très chargé, très riche, très lourd, pas le film à Oscars type, style la biographie du moment pour valoriser un acteur ou un sujet monumentalement sérieusement ennuyeux, mais juste quatre mois du destin d’un des plus célèbres présidents américains, au même titre qu’un Kennedy, ceux qui marquèrent l’histoire de leur pays par leurs actes. Et leur assassinat.

St. THIELLEMENT



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