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  Sommaire - Films -  G - L -  Killer Joe (Id.)
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"Killer Joe (Id.)" de William Friedkin

 

Scénario : Tracy Letts, d’après sa pièce
Avec : Matthew McConaughey, Emile Hirsch, Gina Gershon, Thomas Haden Church, Juno Temple.
Distribué par Pyramide
102 mn
Sortie le 5 Septembre 2012
Note : 8/10.

Le nouveau William Friedkin... Un nom qui claque comme un coup de fouet, qui a marqué les mémoires - pour la postérité et pour la grande masse populaire - avec deux films à savoir « French Connection » et « L’exorciste ». Pour les fans, et autres cinéphiles, Friedkin c’est aussi « Le convoi de la peur » (remake magistral du « Salaire de la peur », peut-être son meilleur film...), « Têtes vides cherchent coffre plein » (comédie policière avec Peter Falk), « Cruising » avec Al Pacino en flic poursuivant un serial-killer homophobe, le superbe « Police Fédérale Los Angeles » avec William Petersen jeune (moins gros nounours qu’aujourd’hui quoi !). A partir de là, les films de Friedkin passent par beaucoup moins de notoriété. En 87, il signe « Le sang du châtiment » sur la peine de mort, film qu’il modifiera par la suite dans une honteuse version. Et puis il y aura « La nurse », anecdotique film d’horreur, l’excellent et pourtant si méprisé voir détesté « Jade ». Il rentre dans le troisième millénaire avec le ridicule « Enfer du devoir », mais remonte la pente avec « Traqué » où Tommy Lee Jones joue les chasseurs d’hommes dans les forêts de l’Oregon face à Benicio Del Toro. Et puis il y aura « Bug », one man show en roue libre de l’exaspérant Michael Shannon, adaptation d’une pièce de théâtre de Tracy Letts, lequel signe aussi le scénario. Certains crient au chef-d’œuvre, d’autres resteront sceptiques (dont moi...) face à ce huis-clos bavard et outrancier. Friedkin réalise pour le petit écran (« Les experts »), revoie ses copies (« L’exorciste » et « Le sang du châtiment », pas une bonne chose du tout, tout comme pour « French Connection » dont le Blu-ray qu’il supervise scandalise même son directeur de la photo de l’époque, du coup il a revu la chose depuis...), met en scène des opéras. Dire qu’on attend avec impatience son dernier film n’existe plus. Il était un de ces dinosaures des années 70-80, il n’en est pas au point final d’un Dario Argento voir d’un Coppola, mais on cherche encore le génie d’avant. Et arrive aujourd’hui « Killer Joe ». Un pitch aguichant, un casting dominé par Matthew McConaughey (capable du pire comme du meilleur lui aussi...), mais également un scénario signé Tracy Letts d’après sa pièce. Comme pour « Bug »... Ca, c’est l’ombre au tableau. Bonne nouvelle, c’est largement mieux que « Bug » - pas difficile en même temps... - et quelque part, oui, Friedkin est de retour.
A deux doigts d’être tué s’il ne règle pas ses dettes, Chris, petite frappe d’un bled du Texas, à l’idée avec son père de tuer sa mère afin de toucher l’assurance-vie. Il engage pour ça un flic, tueur à gages entre deux enquêtes, Joe Cooper surnommé aussi « Killer Joe ». Afin de bien récupérer son fric, Joe prend en « caution » Dottie, la jeune sœur de Chris, dont il s’amourache. Au fur et à mesure que le meurtre se planifie et s’exécute, tout ce petit monde va plonger dans le chaos le plus total, entrainant chacun vers un destin de plus en plus violent et mortel...
Le Texas n’est définitivement pas l’endroit le plus attrayant du monde. Pour y vivre faut y être né, ce que reconnait aisément Tommy Lee Jones par exemple. Et ses habitants sont loin d’être les plus chaleureux qui soient. La famille Smith, composée de Chris (Emile Hirsch, qui en fait un peu trop...), Ansel le père (Thomas Haden Church, l’homme de sable dans « Spiderman 3 », colosse qu’on devine aussi tout doux, comme ici mais l’intelligence en moins !), sa femme Sharla (Gina Gershon, excellente et une vraie bombe, voir plus...) et enfin sa fille Dottie (Juno Temple, une voix absolument horripilante qui va très bien avec le personnage) pourraient être les versions « normales » des dégénérés de « Massacre à la tronçonneuse ». La police est pourrie, surtout quand on la voit au travers de Joe Cooper, flic plus que ripoux, schizophrène psychopathe en puissance, magnifié par un Matthew McConaughey inquiétant et limite malsain, « qualités » déjà un peu présentes dans « Magic Mike », et sur lequel le film repose complètement. Car s’il y en a un qui nous fait oublier par son jeu qu’il s’agit bien d’un film et non d’une pièce de théâtre, c’est bien lui. Car là réside la seule vraie faiblesse de « Killer Joe », ce goût de théâtre filmé au travers de jeux d’acteurs qui déclament à outrance des répliques trop bien écrites pour de tels rednecks. McConaughey et aussi Gina Gershon sont les seuls à vraiment donner une vie « cinématographique » à leurs personnages. Et si le film réussit enfin à transcender ce matériau trop « écrit », c’est par la mise en scène puissante et retrouvée d’un William Friedkin qui colle au plus près de ces pantins pathétiques à la vie si misérable. Rien ne donne envie de les sauver ou leur pardonner tant ils sont pétris de bêtise misérabiliste. Et en captant au plus près leurs actions et réactions, Friedkin donne vraiment vie à ce drame horrifico-policier d’une saisissante violence comme il ne nous en avait plus donné depuis bien longtemps. Et si le scénario avait été vraiment adapté de la pièce non pas par son auteur mais par quelqu’un qui en aurait gardé l’essence de base tout en le rendant plus cinématographique même dans les dialogues, « Killer Joe » auait été encore plus puissant. En l’état actuel, il est simplement un excellent film qui signe enfin le retour de William Friedkin.

St. THIELLEMENT



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