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  Sommaire - DVD -  G - L -  L’aventure du Poseidon (The Poseidon Aventure) - Edition Blu-ray (France)
"L’aventure du Poseidon (The Poseidon Aventure) - Edition Blu-ray (France) "
de Ronald Neame
 

Avec Gene Hackman, Ernest Borgnine, Roddy McDowall, Shelley Winters, Stella Stevens, Carol Lynley, Leslie Nielsen.
Fox Vidéo

Le premier vrai film catastrophe (« disaster movie » en vo), même si le genre fut amorcé par « Airport » deux ans auparavant, lequel ne cibla pas autant son action sur un point bien précis de son histoire (plusieurs se chevauchaient, entre la bombe dans l’avion, l’aéroport enneigé, etc...) comme le fit donc « L’aventure du Poséidon » dont l’énorme succès commercial ouvrit la voie pour d’autres plus ou moins réussis, à savoir qu’il ne fut dépassé que par un seul autre concurrent, le remarquable « Tour infernale », les autres (« Tremblement de terre », « Le jour de la fin du monde », les séquelles des « Airport ») n’arrivant jamais à atteindre un tel niveau. Revoir aujourd’hui « L’aventure du Poséidon » (dont le remake signé Wolfgang Petersen, est loin, très loin d’être déshonorant au passage...) permet d’en voir quelques menus défauts, mais surtout de renouer avec une qualité qui aujourd’hui n’est plus de mise avec le septième Art dans ce genre de production du moins, puisqu’on peut tout se permettre. En 1972, les CGI n’existaient pas, les prouesses physiques avaient encore un sens, et il n’y avait rien d’autre à faire que de donner toutes ses tripes pour mener à bien une telle production. Instigateur du projet, Irwin Allen était de cette trempe du moins pour ce film et « La tour infernale ».
Le Poséidon est le fleuron des bateaux de croisière. En cette veille du jour de l’an, en plein océan, et suite à un tremblement de terre aux larges des côtes, une gigantesque vague renverse littéralement le paquebot. Les survivants n’ont que quelques heures pour trouver une solution de survie avant que le vaisseau ne sombre dans les profondeurs glacées. Mené par le révérend Scott, un petit groupe de personnes décide de se diriger vers la coque, seul endroit accessible pour les secours, laissant le reste des passagers sur le plafond retourné de la salle de réception. Leur périple forcera chacun à donner le meilleur de lui-même, ce qui n’empêchera pas la mort de certains avant d’arriver enfin à sortir de cet enfer d’acier.
Le défaut majeur du film catastrophe, la présentation des personnages (repris par une série comme « Lost », ce qui en précipita la chute...) qui aujourd’hui est parfois longue à supporter. En même temps, pour certains personnages, elle est indispensable comme pour le révérend Scott qu’incarne un Gene Hackman en pleine gloire (il venait de recevoir son Oscar pour « French Connection ») et qui livre une prouesse parmi ses meilleures, même si on ne le retrouve pas en interview dans les bonus : il est un des points forts du film, un ecclésiastique qui en vient à douter de Dieu, à remettre en cause sa foi. Un choix couillu, il faut bien l’admettre, surtout pour les ricains... Excepté ce personnage, les autres n’ont pas besoin d’un développement biographique trop important. Mais une fois passé ce point (qui ne dérangeait absolument pas il y a une quinzaine d’années, et encore moins lors de la sortie du film, comme quoi, tout change...), la mécanique et la logistique se mettent en place, et on est happé par le « chemin de croix » de ces quelques survivants plus intelligents que les autres (qui seront tous noyés quand les vitres céderont sous la pression de l’eau...), jusqu’à un dénouement qui curieusement, dans notre mémoire, voyait le groupe sortir sur la coque du bateau en entier... Sauf qu’il n’en est rien, car comme on l’apprend dans les bonus, économies d’abord, Irwin Allen ne put avoir de rallonge financière pour un tel plan. Le film fini, on peut dire que la copie Blu-ray constitue la plus belle à ce jour, à part quelques petits fourmillements sur des plans larges ou sur la fin (souvent sur la fin dans ces vieux films, on se demande bien pourquoi...), les détails revivent, les couleurs retrouvent leur intensité, le lifting est vraiment réussi. Et on passe aux bonus, qui sont ceux de l’édition spéciale du DVD sorti il ya quelques années (Roddy McDowall était encore vivant), et qui permettent de mettre en avant deux grands noms du septime Art. Tout d’abord Irwin Allen, connu pour ses séries TV telles que « Voyage au fond des mers » ou « Time Tunnel » et qui décida de se lancer dans le cinéma en produisant un film gigantesque, lequel se trouva être l’adaptation du roman « L’aventure du Poséidon ». On apprend tous ses problèmes avec le studio à l’époque (un budget de six millions de dollars à ne pas dépasser... On croit rêver !), ses choix sur les acteurs (pas de nouvelles têtes en star mais des artisans solides, à la carrure adéquate, comme Hackman et Borgnine), son choix du réalisateur (Ronald Neame, un britannique choisi en remplacement d’autres ayant jeté l’éponge, lequel garda quand même la main sur le film tout en s’accordant avec Allen, qui semble avoir dirigé des scènes d’action). Et son choix du scénariste, un type capable de donner corps à un scénario intense, qui ne perd pas de temps en digressions inutiles, et ce fut Stirling Silliphant, grand nom de la profession, au background impressionnant (et qui sauva bien d’autres films...) qui écopa du bébé, ce qui lui vaudra d’écrire aussi « La tour infernale ». Le résultat est là, et les documentaires présentés, laissant la parole à certains des acteurs et autres techniciens (sauf Allen, qui est mort, c’est sa femme qui se souvient...) permettent de remettre en son temps la folie du projet, son gigantisme et surtout la rage de réussir d’Allen et de tous ceux qui y participèrent. Alors oui, il y a un petit coup de vieux, époque oblige, mais dans l’ensemble, c’est avec « La tour infernale » la seconde référence du genre. Seul « Titanic » les supplantera, vingt-cinq ans plus tard.

Note film : 9/10
Blu-ray : copie excellente, format d’origine 2.35 image 16/9ème compatible 4/3 - Bonus (vostf) : 9/10 : making-of d’époque - interviews des acteurs et techniciens - portrait d’Irwin Allen.

St. THIELLEMENT



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