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  Sommaire - DVD -  S à Z -  Scream 4 (2011)
"Scream 4 (2011) "
de Wes Craven

Ghostface est de retour ! Dix ans après ses sévices de Scream 3 le voici de nouveau à l’œuvre.
On aperçoit un extrait du film Shaun of the Dead...
Pour les fans de Scream c’est bien. On retrouve avec plaisir les acteurs, le réalisateur, c’est un bon film, on ne va pas mégoter.
Mais était-ce nécessaire de faire ce quatrième opus ?

Les autres Scream :

Scream de Wes Craven (1997), un grand film dans lequel le cinéaste confirme ses talents. Quelles sont les règles pour rester vivant dans un film d’horreur ? 1) Jamais de sexe. 2) Ne jamais picoler ni se shooter 3) Ne jamais dire en sortant : « Je reviens tout de suite ». D’autres prescriptions sont avancées, notamment par l’assassin lui-même, comme : « Il ne faut jamais demander : qui est là ? » C’est un film qui utilise tous les ingrédients du film d’horreur, offerts de manière pédagogique au spectateur, mais qui, grâce au talent de Craven, opère quand même avec la magie de la peur. J’adore les mouvements de caméra au-dessus des véhicules, la musique terrifiante quand il ne se passe rien, la scène du meurtre du proviseur au terme de laquelle on s’attend à ce que l’assassin soit derrière la porte, non pas grâce à notre perspicacité, mais grâce à l’adresse du cinéaste. Le scénario est très malin, puisqu’il s’appuie justement sur le goût de l’assassin pour les films d’horreur. Mais cette idée avait été déjà développée par Dario Argento dans son film Ténèbres (1982), ainsi que la fausse mort de l’assassin. Ici, il cite le sang de porc de Carrie (1976) de Brian de Palma, dommage qu’il n’ait pas cité Ténèbres. Peut-être que le scénariste Kevin Williamson ne l’a pas vu ? Le film commence par deux meurtres atroces. Il joue sur l’effet bien connu de ces films : le spectateur se dit : « Ils ne vont pas oser ! Cette fille et ce jeune homme sont trop sympas ! » Si ! Ils osent ! ! ! On voit des couteaux de cuisine au premier plan, mais ils ne suffiront pas à sauver la jeune fille... Craven cite de nombreux films, tous américains (dommage !), et se cite lui-même, en faisant nommer ses œuvres (les Freddy, la jeune fille dit à leur propos : « Le premier, oui. Les autres étaient craignos. ») mais aussi par une citation purement cinématographique, comme ce cycliste qui passe au premier plan quand les jeunes gens discutent dans le parc, allusion à une scène identique de « Freddy sort de la nuit ». Les films cités : d’abord, Halloween (1978) de John Carpenter, film central de l’intrigue que regardent les jeunes dans la maison du crime. Le premier meurtre commence par un questionnaire du tueur au téléphone à propos du nom du meurtrier dans Halloween et dans Vendredi 13 (1980) de Sean S. Cunningham. Puis, Candyman (1992) de Bernard Rose, dans le magasin de films vidéo on voit une scène du Frankenstein (1931) de James Whale (celle où Victor Frankenstein hurle de joie : « Il est vivant ! »), et c’est le tour de Hurlements (1980) de Joe Dante, de La Ville qui redoutait le crépuscule, de Dracula (permettez-moi de ne pas citer toutes les versions...), du Train de la terreur, du Silence des agneaux (1990) de Jonathan Demme, de Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock et de Carrie. J’ai même pensé à Twin Peaks (1992) de David Lynch quand le père est soupçonné, mais ni le film ni la série télé ne sont cités. « La vie est un grand film » Déclare un protagoniste. Brrr.... . !

Scream 2 de Wes Craven (1998). Au Rialto, ils passent « Stab ». C’est le film adapté de l’œuvre de la journaliste de Scream dans laquelle elle raconte l’histoire. Un couple de blacks va voir le film. La fille n’est pas contente : « Je déteste les films d’horreur ! » S’exclame-t-elle. De plus, elle remarque (justement, hélas...) : « les films gore sont un genre où les blacks sont absents. » Ce n’est donc pas le cas de Scream 2. La scène de l’entrée dans la salle de cinéma est formidable. Elle signifie ouvertement (vulgairement ?) que lorsque le spectateur entre dans cette salle, il va y rencontrer la peur. Nous, les spectateurs de Scream 2, nous regardons un film qui montre des gens qui regardent un film d’horreur. Le premier meurtre - qui se déroule aux toilettes - est rendu possible par la curiosité de la victime qui approche son oreille pour entendre un bruit dans la cabine voisine. Une manière de montrer que le son, la musique ont une importance primordiale dans le film d’horreur. Alors, imaginez-vous regarder un film dans lequel des spectateurs regardent un film d’horreur (que vous avez, vous, déjà vu) et qui se font assassiner ! Le cinéaste mélange le film et le réel... le film que regarde le spectateur, enfin, le spectateur réel... Bon, la fille est tuée devant tout le monde qui croit à une mise en scène. Nous, nous savons que c’est vrai (enfin, que c’est vrai dans le film que nous regardons...) Bon ! De toute façon, c’est bien fait pour la fille, ça lui apprendra à ne pas croire aux films d’horreur !
Voilà donc la pédagogie cinématographique qu’utilise le scénariste (le même que celui du premier « Scream » : Kevin Williamson) pour mieux expliquer le film d’horreur. Vous remarquerez que certains n’ont pas compris. Tant pis pour eux... Ensuite, on traite la question des « suites » de films qui ont eu du succès. « Par définition, les suites sont toujours un sous produit », déclare un protagoniste. Seul Wes Craven possède la force d’une telle auto-dérision. Ce même personnage cite pourtant des cas où la suite est mieux que l’original (ce n’est pas moi qui le dit, mais ce personnage) : Alien 2, T 2, House 2, Le Parrain 2. Donc, les allusions cinématographiques sont multiples. Ainsi on entend dire : « Le multiplex est devenu un véritable coupe-gorge », affirmation qui devrait faire frémir de joie les adversaires de ce type de grande surface du cinéma... Il y a aussi de rares extraits de films. Dans la maison « OmegaBZ », la jeune fille regarde la télévision, vecteur habituel des cinéastes pour des citations cinématographiques - depuis Halloween de John Carpenter (1978). Je n’ai pas eu le temps de tout saisir, mais il m’a semblé reconnaître Les Sept samouraïs (1954) d’Akira Kurosawa. Je n’ai pas pu décrypter les images de western, mais on voit à plusieurs reprises des images du Nosferatu de Murnau (1922). D’abord, la scène où Ellen se réveille en hurlant alors qu’elle semble subir l’influence à distance du comte Orlock (Nosferatu), et, ensuite, lorsque la jeune fille est poursuivie par le tueur, celle où l’ombre d’Orlock glisse dans les escaliers. Autrement on retrouve les clichés habituels : le faux assassin qui entre dans le champ, ces p... de téléphones qui ne marchent pas quand on a besoin d’eux, la future victime qui s’enferme avec l’assassin croyant se mettre à l’abri, le hard rock.
Wes Craven utilise plusieurs fois le même procédé cinématographique pour annoncer la mort (ou la confirmer) : il filme sur le site de la mort en plongée, de très haut grâce à la grue, soit les véhicules de police et les ambulances arrivés après le meurtre, soit la future victime (un homme, car dans ce film, les hommes aussi sont des victimes) isolée dans un parc avec un téléphone portable à l’oreille... Ou de légers et très lents travellings pour inquiéter quand il montre une conversation. Par contre, il filme le fiancé en contre-plongée pour le désigner comme suspect. D’autant plus que dans Scream c’était le fiancé le coupable. Ne parlons pas de la scène ridicule de la déclaration d’amour à la cafétéria. L’utilisation d’une scène de théâtre pour augmenter la confusion des différents niveaux de dramaturgie du film est excellente. Et la fin s’y déroule en mettant en scène le coupable qui se déclare dément en invoquant un prétexte : « Le cinéma est responsable de mon état ».
Quant à la fin, elle est (involontairement ?) copiée sur celle de Vendredi 13 de Sean S. Cunningham (1980).
« Ils reviennent toujours », déclare un personnage à la fin du film à propos des assassins en série. Allusion à Halloween ou ouverture pour Scream 3 ? « Ça fera un putain de film », déclare le faux coupable à la fin du film. C’est clair non ? (Voir ma critique de Scream 3 plus loin...)

Scream 3 de Wes Craven (1999). On commence à être lassé, là... Le film du film dans le film : ça va ! Les pistolets sont toujours vides au mauvais moment... et le tueur a une de ces chances, sauf à la fin où on n’est même pas surpris !

Alain Pelosato

Les chroniques des trois premiers films sont extraites de mon livre "123 ans de cinéma fantastique...".



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