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  Sommaire - Films -  S - Z -  Warrior (Id.)
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"Warrior (Id.)" de Gavin O’Connor

 

Scén. : Gavin O’Connor & Anthonby Tambakis & Cliff Dorfman
Avec : Tom Hardy, Joel Edgerton, Nick Nolte, Frank Grillo, Kevin Dunn.
Distribué par Metropolitan Filmexport
140 mn
Sortie le 14 Septembre 2011

Note : 9/10

L’affiche peut faire penser, par sa sobriété, à un ersatz de « Rocky » ou du récent « Fighter ». Mais « Warrior » est plus qu’un simple film sur les sports de combat, que ce soit la boxe ou les arts martiaux. La force du film, c’est son histoire, ses protagonistes, la haine, l’amour, deux frères, leur père, des vies brisées qui pourtant cherchent tant à se retrouver. On prend une sacrée baffe avec « Warrior » mais pas celle à laquelle on peut penser. Et les combats les plus violents ne sont pas ceux auxquels on pense...
Après avoir servi dans les Marines, Tommy Conlon rentre chez au pays. Il y retrouve son père, qu’il n’avait plus vu depuis son adolescence. En retournant au gymnase où il s’entrainait jadis, Tommy montre d’excellentes aptitudes aux sports de combat, ce qui lui vaut d’être sélectionné pour le tournoi le plus important de l’année. Il demande alors à ce père qu’il méprise un service : lui servir d’entraineur pour gagner. En parallèle, son frère Brendan, s’inscrit également au tournoi pour pouvoir gagner et payer l’ensemble des dettes qui risquent de lui faire perdre sa maison. Les deux frères ne sont pas revus depuis des années, les deux frères ignorent mutuellement qu’ils vont combattre au même tournoi, les deux frères ignorent qu’ils vont se retrouver certainement à un moment donné face à face, pour un ultime combat...
Outre son casting, « warrior » possède un autre élément digne d’intérêt, celui d’être signé Gavin O’Connor, dont le précédent film, « Le prix de la loyauté » était un excellent polar noir sur la corruption policière à New-York au sein une famille où on est flic de père en fils. Et niveau acteurs, de l’excellent niveau : Jon Voight, Edward Norton, Colin Farrell, tous plongés dans une intrigue passionnante, baignant dans une tension aussi aiguisée qu’un rasoir. Auparavant, O’Connor avait signé un hit aux box-office US , « Miracle », sur la victoire d’une équipe de hockeyeurs lors des Jeux Olympiques (avec Kurt Russell affublé d’une coiffure immonde à un point...), film regardable mais qui ne révélait pas le vrai talent d’O’Connor, plus apte à traiter des histoires noires, violentes, et combinant aussi certains rapports familiaux voir fraternels. Dans « Warrior », point d’élément policier, mais simplement une fratrie déchirée par la faute d’un père alcoolique qui a tout détruit dans sa vie, sa famille en premier. Pour les deux fils, deux chemins différents : un qui part loin, croyant se reconstruire en partie via un frère d’armes et sa femme et son enfant. L’autre qui lui a réellement réussi à s’affranchir de ce passé trop dévastateur pour s’y référer, qui a fondé sa propre famille, a trouvé sa voie professionnelle dans l’enseignement, une façon de donner aux autres pour contrer ce qu’il n’a jamais reçu dans le passé. Seul point commun douloureux, par la faute de leur père, les deux frères se sont souvent heurtés, affrontés, alors qu’ils ont nécessairement besoin l’un de l’autre. Sans tomber dans le pathos ni le lacrymal, O’Connor, co-auteur du scénario, dépeint seulement avec ses personnages et leurs attitudes, qui sont souvent des blessures cachées, et leurs regards, la douleur d’une vie gâchée par celui qui est sensé être là pour les guider et non les détruire. Le scénario se construit au fur et à mesure de chaque combat qui permet de revenir vers le passé, et la puissance du film passe alors par des interprètes complètement habités/hantés par leur personnage. En Tommy, Tom Hardy (« Bronson », la seule qualité de ce film au passage, vu aussi dans « Inception ») est une force colossale tant physique que psychologique, et son impressionnante et imposante stature donne une idée de ce que le bonhomme va donner prochainement en Bane dans « The dark knight rises » et surtout George Miller aura enfin le feu vert pour démarrer son « Road fury » dans lequel Hardy sera le nouveau Mad Max ! Face à lui, l’australien Joel Edgerton par un personnage plus « humain » semble un peu en retrait. Mais le duo forme la pierre d’angle de ce drame psychologique formidablement écrit, manquant peut-être juste d’un peu plus d’originalité et donc de force dans sa mise en scène au demeurant excellente pour atteindre la perfection, mais qui en l’état vrille l’esprit et les tripes jusqu’à son terme.

St. THIELLEMENT



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