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Sommaire - Interviews -  Olivier Megaton « Colombiana »


"Olivier Megaton « Colombiana » " de Marc Sessego et Andrée Cormier


Simple, d’une extrême gentillesse, Olivier Mégaton nous reçoit dans son atelier pour nous parler de son tout dernier film, « COLOMBIANA », mettant en vedette la princesse d’Avatar Zoe Saldana.
Il évoque son parcours avec une franchise impressionnante et vous serez sans doute étonné de découvrir que l’affaire DSK eut quelques répercussions surprenantes au sein même du 7ème art, et que dans l’ensemble, qu’on le veuille ou non, cinéma, politique, histoire, tout est en quelque sorte connecté. Nous espérons que vous aurez autant de plaisir à lire cette interview que nous avons eu nous-mêmes de plaisir à la conduire. Vingt minutes accordées qui se sont transformées en quarante minutes de conversation fascinante. Merci Olivier.

SFMAG : Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce film car on peut dire que vous faites partie, d’une certaine manière, de l’écurie Besson ?

OM : J’en fais partie sans en faire vraiment partie. C‘est très bizarre parce que moi j’ai fait des courts métrages avant alors que chez Besson le profil est qu’il s’agit très souvent des assistants... des monteurs... Moi, je viens de la peinture... je suis peintre à la base... du graffiti. J’ai fait mon premier court métrage en 1989 et j’ai rencontré Luc la première fois en 1993 pour « Léon », il voulait que je fasse avec lui de la deuxième équipe, je n’avais jamais fait cela donc j’ai refusé : je ne voyais pas l’utilité de faire ça, alors autant dire que l’on n’a pas commencé vraiment sur de bonnes bases, mais il a vu mon travail sur mes deux premiers courts et il a toujours été intéressé : c’est ainsi qu’a commencé notre relation...
Des années plus tard, j’ai fait mon premier long métrage, et il l’a vu, et comme il aimait bien le film il l’a récupéré fini et l’a distribué internationalement. Cela ne m’a pas empêché par la suite de faire un autre film ailleurs, puis, il y a quelques années, je suis revenu vers Europa : on m’avait demandé de gérer les scènes d’action sur « Hitman », c’est comme ça qu’on a retravaillé ensemble, mais c’est aussi pour ça que je ne fais pas trop partie de l’écurie, je me suis retrouvé dans la sphère Europa mais je n’en fais pas partie parce que je n’ai pas été généré par Luc, comme il l’a fait avec Louis Leterrier, « toi tu vas devenir réalisateur », ce qui est drôlement bien car il a le nez pour repérer les gens, moi j’ai fait quinze courts métrages avant. Ma vie de réalisateur a été pour moi beaucoup plus personnelle. Accéder très rapidement à des films plus grand public est quelque chose qui n’est pas facile. C’est sur « Hitman » que je me suis aperçu que j’avais la capacité pour faire de l’action très rapidement...

SFMAG : Comment est né le projet ?

OM : Il est né il y a longtemps, et je peux le dire sans aucune honte lorsqu’on est sorti de la salle de montage d’Exit, la deuxième fois qu’il a vu le film, il m’a dit : « je voudrais vraiment faire Mathilda, la suite de Léon, et je pense que c’est toi qui va le faire ! ». Nous n’avons pas réussi à faire cette suite : il partait de chez Gaumont, Portman devenait Nathalie Portman... elle était trop jeune... ça n’a pas été facile, et puis on en a reparlé il y a quelques temps, et il y a 3 ans Luc et Robert ont écrit un scénario complètement différent, et tourné de côté tous les problèmes de la suite de Mathilda ; c’est de là qu’est né « Colombiana ». Ҫa marche toujours un peu comme ça le cinéma, on veut faire des choses, on ne les fait pas, ce sont un peu des allers retours...
Il y a beaucoup de projets du même genre depuis 2/3 ans. Clint Cultpepper chez « Sony » m’avait dit j’aimerais vraiment en faire un avec une héroïne féminine. Faire la suite de Léon... aux Etats-Unis tout le monde était partant sur cette logique là, et comme Sony adorait Angelina Jolie ils ont fait « SALT »... voila ! C’est vraiment dans l’ère du temps...
Après « Bourne » il fallait autre chose... Jason Bourne a été un énorme pas dans le héros d’action, il a complètement changé la donne. Désormais le public s’identifie à son héros, « XXX » l’avait fait mais un peu trop dans les sports extrêmes c’est donc plus inaccessible, et il est vrai que Bourne est revenu à quelque chose de plus réaliste, plus proche des gens... Par contre, Il n’y a pas véritablement d’héroïne féminine dans le même genre, et c’est là où, effectivement, « Colombiana » est tombé pilepoil.

SFMAG : Pourquoi Zoe Saldana ?

OM : Ҫa a toujours été elle ! C’est très bizarre, quand Luc m’en a parlé la première fois il m’a dit « tu vois quelqu’un ? » j’ai cherché, tu sais la fille d’Avatar je l’ai vu, et j’ai regardé et je me suis dit que c’était une super bonne idée. Il y a trois ans, ˗ c’était donc bien avant la sortie d’Avatar ˗, personne ne la connaissait, on savait à peu près qui c’était, mais en dehors du public féminin 13-17 ans, peu de gens savait qui était Saldana. Les gens n’avait pas encore identifié « Star Trek », « the losers », c’était quelqu’un d’émergeant, et il nous fallait quelqu’un comme ça, car dans le script on avait choisi de garder le personnage de Cataleya jeune très présent. Dans les films on a toujours cinq minutes de flashback, là on a pris le temps de s’attarder, de s’attacher à la petite, et le passage se fait naturellement. On la voit, c’est elle plus grande et c’était elle plus petite... On n’a jamais casté qui que ce soit d’autre.

SFMAG Elle a une présence d’enfer...

OM : C’était très étrange car sur le casting à Los Angeles dès que les gens en ont entendu parler, elle a vu que c’était une opportunité et on a réglé le deal en trois semaines avec elle. J’ai vu « Losers » hier et je comprends pourquoi elle a voulu le faire, elle est là on a pu travailler avec la comédie, elle est touchante, c’est la première fois qu’elle peut s’exprimer dans un film et je comprends qu’elle se soit accrochée.

SFMAG : Qu’est ce qui vous attire dans le thème du film : la vengeance ?

OM : L’action c’est facile à faire, c’est très « Bourne », c’est comme une mécanique, on l’a ou on ne l’a pas : on a cette capacité de penser l’action et de la mettre en scène mais après la problématique c’était vraiment la comédie et c’est avec cela que je suis allé caster tous les acteurs aux Etats-Unis pour que ce soit très précis et c’est pour moi la grosse différence. Il faut aller chercher des gens particuliers qui apportent quelque chose : tout a été réfléchi au micro millimètre, ça été la principale préoccupation pendant le film ; le reste est une mécanique. J’ai un storyboardeur génial, on bosse très en amont, les plans ont déjà été réfléchis, et en ce moment par exemple on est en train de préparer « Taken 2 » et nous allons faire toutes les scènes d’action en trois semaines. Je suis quelqu’un de très cartésien, c’est une méthodologie, il y a vraiment des strates qui arrivent les unes après les autres... « Colombiana » est encore plus simple, car l’action y est bien moins compliquée que sur « Taken » ou « Transporter 3 », là on est sur de l’action lourde, c’est technique, mécanique, lourd à faire car ça nécessite du monde, il faut les bonnes personnes et être hyper organisé.

SFMAG : Besson est-il très présent ou vous laisse-t-il le contrôle créatif ?

OM : Avec moi il joue son rôle de producteur mais il faut dire aussi que cela dépend de la relation que l’on a avec son producteur. J’ai entendu dire qu’il fait parfois de l’ingérence, d’autres producteurs font aussi de l’ingérence, et c’est au réalisateur de dire « stop, à partir de là ce n’est plus ton métier. Ton métier c’est de produire et non de réaliser... si tu veux le réaliser à ma place, tu le fais, mais il faut être honnête ! » Ici, sur ce film, il est producteur et auteur et l’on voit rarement des scénaristes débarquer sur le plateau, ce serait un vrai délire ! Il y a un équilibre à garder et c’est une histoire de confiance. On se connaît depuis très longtemps, il sait que je ne lâche rien du tout... je suis un vrai « Pitt Bull », je m’accroche à quelque chose et je ne lâche rien, et je veux ramener le maximum ce qu’il m’a demandé et multiplié par deux ou trois donc il ne se fait pas de souci la dessus.
Sur ce film on s’est un peu parlé mais nous avions très peu de temps car il était sur un autre métrage, et il a préféré le découvrir. Lorsqu’il est rentré il a dit qu’il ne voulait rien voir tant que ce n’était pas fini. C’est quand même un signe de confiance puis après on travaille en tant que producteur et metteur en scène. Je sais que ce serait bien que le film soit PG 13, je sais qu’on l’a pas tourné comme ça, je sais que c’est galère, qu’est ce que tu en penses, c’est pas « oui faut que ce soit comme ca », on réfléchit on se dit que c’est compliqué, que ca va être dur, mais quand on prend la décision de passer le film en PG 13, on l’a fait ensemble alors après on pleure ensemble, mais à la fin c’est aussi comme ca qu’il faut déterminer sa relation, et le jour ou ca ne marchera plus ca ne marchera plus, j’ai la même personnalité que lui, ca me serait très complique de lui dire « oui oui bien sur », je me suis calmé je suis beaucoup plus sympathique mais quand j’ai quelque chose en tête, quand je suis convaincu de quelque chose, j’y ai réfléchi suffisamment avant... donc je ne lâche pas l’histoire.
Quand on a été réalisateur par exemple de « making off » tel Rachid quand il a fait « Halal », c’est plus compliqué d’arriver car je n’ai pas le même passif et il ne fait pas oublier que Luc sait ce que c’est que de faire des films.

SFMAG : Le plus gros challenge sur le film ?

OM : La comédie, aussi surprenant que cela paraisse !
La scène la plus dure à tourner c’est la scène de la librairie avec Curtis et Saldana, car là c’est de l’émotion pure, ça marche ou ça casse. Si ça ne marche pas tout le monde se casse la figure, et si ça marche c’est là où l’on passe au niveau au-dessus. Pour moi c’était la plus grosse scène, car on a tellement préparé qu’à un moment on se demande si l’on a raison, on se dit « est ce que ce n’était pas encore autre chose », au moment où on tourne, on est dans une situation inconnue, on ne sait pas, c’est de l’humain c’est une relation de deux personnes. On s’est retrouvé dans une situation très particulière, lui sa femme était enceinte, il arrivait de Londres, et le soir même de son arrivée à Mexico, je le vois blanc comme un linge, sa femme venait de rentrer à l’hôpital : elle devait accoucher dans 3 semaines... Je lui dis « repars » et il me dit « non, le bébé a décidé d’arriver maintenant..., je ne suis pas présent mais c’est comme ça que ça doit se passer, si j’y vais ça va porter malheur ! » Je me suis dit qu’on allait passer quelque temps un peu tendu. On a enchainé toutes ces séquences d’émotion et en fait sa femme était vraiment au plus mal le jour où on a tourné la séquence de la librairie, et il était ultra tendu donc en accord total avec la scène. C’est un excellent comédien mais, dans ce cas précis, ça lui a donné une fragilité qu’il n’aurait peut-être pas eue autrement. Du coup ça a été un moment magique et c’est pour moi la scène la plus grosse, tout le monde était à genoux à la fin. Je pense que pour moi et Zoe ça a été le passage le plus dur. Après en challenge il y a eu plein de choses compliquées, c’est vraiment le film où j’ai les meilleurs souvenirs... tous les jours c’était dur mais il y avait une telle découverte, du vrai bonheur à chaque fois. On n’a pas eu d’échec, on partait le matin en se disant ça va être dur et on y arrivait à chaque fois. J’ai des milliards de moments... les séquences avec la petite par exemple : j’étais sûr d’elle, au début c’était juste des déambulations à Chicago donc rien de compliqué, mais quand l’a vu pour la première fois jouer elle a vraiment collé une claque à tout le monde, c’est super.

SFMAG : Vous dites qu’une scène d’action est mécanique et huilée, quelle en est la règle d’or ?

OM : C’est vraiment un fonctionnement cartésien, faire monter la tension de telle et telle manière, c’est très dessiné, moi je fais des croquis, c’est une méthodologie qui m’est propre, et j’ai réussi à la mettre en œuvre. Ce n’est pas facile, et si c’est logique ce n’est pas compliqué. Quand on bute là ça devient compliqué. Je n’ai pas ce problème. Il faut bien préparer les choses, très en amont, par exemple dans toute la séquence de la fin elle va attaquer la grande maison il n‘y avait pas de séquences de combat, moi ce n’est pas mon truc je suis très thriller, j’adore les thrillers, je suis plus fan de Cronenberg, Lynch, James Gray que de Fuqua : le thriller c’est mon univers, et donc j’arrive avec un regard beaucoup plus analytique, et je me suis dit comme le script ne se finissait originellement pas comme ça il fallait vraiment une mise en danger physique, qu’elle se mesure au dernier des méchants, des vrais méchants, et avec Alain Figgard on a donc créé ce combat... c’est aussi ça faire de l’action : c’est faire par exemple sauter une baraque... je travaille avec un des meilleurs artificiers et tout est synchronisé.

SFMAG : Un peu comme de la démolition contrôlée

OM : Tout à fait. Par exemple il y a un câble qui tire tout le mobilier, et parfois après on se dit, « Ah j’aurais du impacter ça et ça », on sait que pour la fois d’après on pourra faire mieux : on apprend. Ici nous ne sommes pas aux Etats Unis avec des gens qui ont fait du Tony Scott et Ridley Scott, donc on avance peu à peu et on ne se débrouille pas trop mal et puis on structure tout ça, Je ne tourne pas une scène d’action si cela ne me sert pas, et des fois je vais beaucoup plus vite au but en faisant des choses plus simples, j’essaie de gérer les choses et que ce soit lisible par tout le monde.
Quand un scenario est écrit c’est toujours : « Il sort sa mitrailleuse et déchire tout autour de lui. » Voila. C’est toujours ça quelque scénario que ce soit... A partir de là il faut trouver la problématique, savoir comment on va penser à ça et ça, pourquoi ? A quelle cadence ? Il y a une grosse technicité, c’est très précis. Pourquoi va-t-elle tirer avec ça ? A quelle cadence ? De plus, si elle ne tire pas comme il faut, sa pétoire va s’enrayer pour des raisons de chaleur, etc....

SFMAG : Vous souvenez vous d’une anecdote ?

OM : Je fais pays par pays comme ça vous en aurez plusieurs : Quand on est arrivé à Chicago c’était le début en extérieur (on a commencé à tourner à Paris en studio), et à Chicago, TRANSFORMERS était en train de se tourner, il y avait neuf plateaux en même temps... tous les onze mètres vous aviez un plateau, et un plateau fait à chaque fois cinquante camions ! Donc vous arrivez face à un film où il n’y a pas de budget : ce que Michael Bay dit, on le fait c’est tout ! Moi j’avais vu Chicago sans personne, on avait fait les repérages en vélo, et lorsqu’on est donc arrivé pour le tournage tous nos repérages initiaux étaient occupés par TRANSFORMERS et il a fallu commencer à négocier car à côté on n’était qu’un petit film... le line producteur de TRANSFORMERS a alors été super, il nous a dit « il y a aucun souci, tout sera prêt dès quatre heures du matin, décor nettoyé et demain pareil a tel endroit. » et donc tout d’un coup on a vu cette machine en action, quelque part c’était flippant, on sortait de l’hôtel il y avait une hélico qui faisait ses loopings dans tous les sens... en deux mots il y en avait partout !
Le lundi matin, de l’hôtel, j’entends un bruit et je vois à... à peine quatre mètres, un pilote dans son hélico faire des trucs impensables. On devait tourner avec un hélico la semaine suivante et je ne savais pas qui serait le pilote, et j’en ai parlé au producteur qui a eu le même reflexe que moi : on travaillait avec la même compagnie d’hélico, on a demandé « c’est qui le pilote de ce matin ? Il est vraiment bien... » On nous répondu « si vous êtes libre demain il peut faire ce que vous voulez ! » le problème est qu’on n’avait rien pour le tournage en helico... Et le gars qui se révèle être pilote pour les frères Scott, TRANSFORMERS, DARK KNIGHT enfin... une vraie bombe, nous dit qu’il adore la France... notre cinéma... je lui dis OK mais on fait comment ? Il me répond « Attends, on va faire un truc : l’hélico est disponible demain, la péloche j’en ai un container plein : on va tourner et vous verrez avec le line producteur pour lui payer le film utilisé. » Et c’est ainsi qu’on a tourné nos plans, avec un ciel bleu d’enfer, ce qui ne se passe jamais à Chicago où il y a toujours des nuages. Quand Bay a entendu parler de ça il a voulu les mêmes plans et le même ciel et jamais il n’a pu les obtenir !
Ce sont des anecdotes amusantes qui font qu’on ramène des plans superbes et. des souvenirs de metteurs en scène. Toujours à Chicago : alerte à la bombe dans le métro, toutes les voitures étaient en panne, on faisait les plans avec une voiture arrivée et un gros bruit de moteur et à la fin du plan, en montage, on voit quinze personnes qui la poussent ! C’est assez drôle quand on voit tout ça... A la Nouvelle Orléans on a eu également des moments délirants : c’est une ville qui a été marquée, il y a 50% de la population en moins, c’est très impressionnant. On a des anecdotes dans chaque ville...

SFMAG : La copie salle est-elle votre copie ?

OM : Ce n’est pas ma copie, ma copie n’existe plus, la version réalisateur fait sept minutes de plus, je ne sais pas si quelqu’un voudra la sortir un jour, ce n’est pas grand chose ce ne sont que de tous petits bouts, une seconde par ci, cinq secondes par là. La copie qui sort le 27 c’est la VI et VF qui est la version unrated (version non censurée). La version américaine est hyper épurée, il y a nombre de choses qui manquent, et je dois dire que vu les histoires en ce moment on n’a pas super la cote, on s’est pris une claque... mais bien : entre l’affaire DSK et le financier qui a arnaqué tout le monde, la France n’a pas la super cote en ce moment. On est maintenant sur un PG 13 où l’on me demande même de baisser sur mes explosions, donc on s’exécute car sinon le film peut ne pas sortir mais c’est très dur, la VI elle est faite depuis deux mois, la VF j’ai beaucoup travaillé dessus, car en France on est à 90% copie VF, ce qui est délirant. Ma version réelle il n’y en a pas, il y a donc la version France, la version US Domestic,

SFMAG : Ultra édulcorée non ?

OM : Oui c’est très bizarre, il n’y a plus rien, et quand je vois le film ça ne veut plus rien dire. Quand vous voyez « Hangover » qui est interdit au moins de dix-sept ans et qui est une comédie pour adultes, il a fait 200 millions aux USA.
Je pense que c’est vraiment un parti pris, et Sony s’est dit qu’il pouvait faire un film PG 13 alors que le thème de la vengeance, à la base, n’est pas moral : on ne peut pas se dire qu’on va cautionner une fille qui va tuer vingt-cinq personnes... Soit on l’accepte ou soit non, alors que sous un faux prétexte cela ne les empêche pas d’envoyer des foules de marines au casse pipe... et le responsable ne passe pas en procès !
DSK mis de côté, il y a aujourd’hui un regard très anti français aux USA... Tout cela me parait franchement déplacé. La version PG 13 ne nous a pas fait de cadeau car on est un film français. « Dark Knight » est très violent, et c’est ce que je n’ai pas aimé. Et le prochain va être très dur, Nolan ne fait aucune concession, on est trop asservi, mais bon on verra dans vingt ans.

SFMAG : Est-ce que Zoe a été très entrainée ?

OM : Zoe n’a quasiment aucune doublure, dans les combats corps à corps, juste trois plans où elle est doublée, ce n’est pas grand-chose. Elle a travaillé énormément pendant trois mois, c’était vraiment flippant car nous n’étions pas certains qu’elle y arrive, elle est très fine, elle n’a pas le format, et avec Alain Figgart on l’a vraiment fait travailler constamment et on a tout mémorisé. Si on prend une femme un peu violemment par le poignet on peut laisser facilement des marques, il a donc fallu faire attention à tout ça... mettre des protections partout... énorme travail, le plus dur n’a pas été Zoe, elle était tellement hallucinée de travailler avec Alain, et c’est un peu comme un gourou, il arrive à plonger les comédiens sans parler un mot d’anglais, et c’est très bien. il est en train de leur apprendre qu’ils peuvent tuer avec leurs mains, ce qui est vrai, il vient de cet univers, il a passé du temps dans les services secrets israéliens, il sait ce que sait que la mort, et aujourd’hui il rend ca ludique.

Marc Sessego / Andrée Cormier

Propos recueillis par Andrée Cormier et Marc Sessego le 5 juillet 2011

Sincères remerciements à Olivier Mégaton pour nous avoir reçus ainsi qu’à Laura Gouadain, Bénédicte Dubois et Emilie Maison de l’agence « 213 Communications » pour avoir organisé cette rencontre.




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