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Sommaire - Interviews -  Pierre Grimbert


"Pierre Grimbert" de Damien Dhondt


PIERRE GRIMBERT
Interview par DAMIEN DHONDT

Le chroniqueur de la saga de Ji peut-il se présenter ?

J’ai commencé par écrire des scénarios de bande-dessinée qui n’ont jamais été dessinés, excepté un comics-strips en coopération avec Stéphane Barreau. Cela s’appelait Camelote et parodiait les Chevaliers de la Table Ronde. Il a obtenu un second prix à Angoulème, ce qui signoifie qu’il n’a rien obtenu du tout ! J’ai été opérateur TAO. Mon premier job était bibliothécaire.

Est-ce pour cela que tu as détruit de fond en comble une bibliothèque dans la série Ji ?

Non, c’était parce que c’était nécessaire pour l’histoire. J’aime les bibliothèques.

D’où est venue l’idée de la série ?

En fait j’ai eu l’envie d’écrire un roman avant d’en trouver le thème. Je me suis rapidement tourné vers une quête fantastique, rassemblé des idées pendant plusieurs semaines, puis seulement ensuite me suis attelé à la rédaction.

Le premier volume est une sorte de présentation.

Tout à fait. Il est surtout consacré à la découverte des personnages et de l’intrigue. Le deuxième volume comprend plus d’action, mais aussi plus d’explications sur le monde, la magie, les dieux, et toutes les forces qui dirigent le monde connu. Cela suppose une explication rationnelle de la magie, si tant est que la magie puisse être réaliste.
Il semble que ce soit ton souci du réalisme qui t’ait poussé à utiliser des unités de temps différentes des nôtres.
Je ne voulais pas reprendre des éléments de notre civilisation scientifique et qui ne sont absolument pas d’actualité dans un monde médiéval-fantastique. J’ai essayé de me baser sur le niveau technologique du Moyen-Age européen. J’ai même fait des recherches dans de vieux dictionnaires pour retrouver des mots qui ne sont plus employés, mais que j’ai eu plaisir à mettre dans le texte. Cela ajoute de la magie à l’histoire.

J’ai remarqué sur la carte du monde qu’il devait y avoir beaucoup d’activités maritimes et beaucoup d’échanges commerciaux puisque tous les royaumes ont une façade maritime.

Oui, c’est une facilité pour l’histoire. Cela permet de mélanger les personnages et les cultures, de les faire passer dans chaque pays et de leur faire découvrir le plus de choses possibles. La carte est une adaptation avantageuse de mes horribles brouillons ; Christophe Vasseur en est l’auteur.

Qui a t’il au-delà de la Mer de Cristal et de l’Océan des Miroirs ?

C’est l’inconnu, il n’y a rien, ou il y a ce que vous voulez qu’il y ait. C’est laissé à l’imagination du lecteur.

Si tu as créé un système décimal pour mesurer le temps, je suppose que c’est en raison des dix doigts.

Oui, il serait maladroit de trop égarer le lecteur. Mettre trois lunes, huit saisons, et aucune race intelligente, pourquoi pas, peut donner matière à une nouvelle de qualité. Mais pas à une saga de deux millions de signes.

Le "N" qui indique le Nord sur la boussole est-il accidentel, ou indique-t-il que cette boussole vient de la Terre ?

Non, c’est une fausse piste, et c’était pour ne pas trop éloigner le lecteur de notre réalité. Ceux qui lisent couramment de la fantasy n’ont aucune peine à rentrer dans cet univers, mais cela pose problème dans le cas d’un public un peu plus large. Des lecteurs m’ont demandé : "C’est dans le passé ou dans le futur ? Est-ce que ces personnages ont des vaisseaux spatiaux ?". Ils sont perdus. Il n’y a pas de voitures, pas d’horaires, rien qui ne les rattache à notre monde. Ils sont complètement déstabilisés, alors si j’avais mis une boussole qui indiquait le sud, ou le nord une fois sur deux, par exemple...

Il n’y a pas de chapitres dans Le secret de Ji.

Cela m’a semblé la meilleure façon de raconter l’histoire, puisqu’en fantasy on suit beaucoup de personnages au jour le jour. En chapitre cela ne me paraissait pas adéquat.
L’un des héritiers n’a pas participé au début de la quête.
Oui, c’est Maz Lana qui au commencement est séparée du groupe. En fait, au départ j’avais décidé de faire trois volumes contenant chacun trois chapitres, mais pour des questions de fabrication ce n’était pas possible. Donc, j’ai un peu remanié mon découpage pour arriver à un total de quatre volumes de deux chapitres chacun. Maz Lana devait faire une plus importante apparition dans le premier volume tel qu’il était conçu au départ, mais elle se trouve maintenant un peu lésée. J’ai également profité de ce remaniement pour réorganiser l’action.

Il est parfois difficile d’établir la filiation des différents héritiers.

Si certains personnages sont difficiles à rattacher aux premiers sages, c’est qu’ils jouent un rôle secondaire.

Bowbaq possède une anomalie physique par rapport aux autres : c’est un géant.

Ce n’est pas une race différente des humains, comme on le rencontre dans d’autres univers de fantasy. C’est simplement un grand humain. Cela lui donne une particularité. Je voulais que les personnages soient bien distincts les uns des autres.

On peut les considérer comme des archétypes.

Oui, des personnages que l’on peut facilement imaginer, mémoriser, auxquels j’espère que l’on va s’attacher.
Nous avons donc le guerrier, le comédien, la prêtresse, la jeune femme caractérielle, l’inventeur naïf...
Je préfère "le jeune homme brave et intelligent". C’est Yan, l’intrus du groupe. Le seul qui ne soit pas un héritier et qui soit mêlé à l’histoire. Yan est plus ou moins le héros, celui auquel les lecteurs peuvent s’identifier.

Quelle est ta base culturelle ?

C’est évidemment Eddings.

Si j’en crois la quatrième de couverture, tu te montres "l’égal d’un David Eddings".

C’est une appréciation généreuse de Stéphane Marsan, auteur de la saga de Guildes. David Eddings est quelqu’un de génial. En fait c’est en le lisant que j’ai trouvé ce que je pouvais aimer dans un univers de fantasy et une quête fantastique. C’est à dire un monde vaste et abritant nombre de cultures, riche de légendes, avec des lieux fantastiques à visiter, des personnages attachants, une note d’humour, et une certaine morale, parce que je n’aime pas les antihéros. Si Eddings n’est pas un maître, en tout cas c’est un modèle.
Vous faites tous deux des personnages archétypes.
Les personnages d’Eddings sont plus archétypes que les miens. Attention ! Ce n’est pas une remarque négative. Mes personnages sont simplement moins puissants, peut-être plus caractériels. Ils restent à la portée de notre imagination, j’espère que l’on s’attachera à eux.

Y a t’il d’autres inspirations ?

Jack Vance. C’est quelqu’un à lire absolument. En clin d’oeil, j’ai utilisé le mot "terce" pour désigner la monnaie lorelienne, tout comme Vance l’avait fait dans Cugel l’astucieux.

Reyan n’est-t-il pas inspiré de Cugel ?

Même Reyan a plus d’honneur que Cugel ! Mais si on prend un personnage d’homme jeune, vivant au jour le jour de petits métiers et de larcins, on tombe forcément sur des archétypes comme Cugel, Reyan ou d’autres.

La secte des assassins est-elle issue de Donjons et Dragons, de la saga Barsoom d’Edgar Rice Burroughs, ou encore de celle de John Norman ?

Non, rien de tout cela. J’ai simplement imaginé un groupe de fanatiques religieux, et les ai décrit les plus monstrueux possibles. Forcément habillés de rouge, portant des dagues empoisonnées, et le reste à suivi. L’important est qu’on les croie méchant !

Si le cycle du "Secret de Ji" était adapté en jeu de rôle, quel serait le jeu qui te semblerait le plus convenir ?

Je ne sais pas... Je dirai Guildes ! Mais le projet n’est pas à l’ordre du jour. Par contre, les dés ithares dont il est question dans mes romans seront peut-être commercialisés avec un système de jeu.

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