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  Sommaire - DVD -  A - F -  Centurion (Id.) - Edition Blu-ray (France)
"Centurion (Id.) - Edition Blu-ray (France) "
de Neil Marshall
 

Avec Michael Fassbender, Dominic West, Olga Kurylenko, Liam Cunningham, David Morrissey.
Pathé Vidéo

Le dernier film de Neil Marshall, cinéaste britannique œuvrant essentiellement dans l’horreur depuis son premier long-métrage, « Dog soldiers » et ses soldats luttant contre des loups-garous, film plutôt moyen mais qui cartonna outre-Manche. Puis vint « The descent », plongée dans la peur la plus primale avec un groupe de spéléologues féminines en lutte contre des créatures vivant sous terre depuis la nuit des temps. Pour son troisième film, Marshall mélange plusieurs genres avec une dominante post-apocalyptique dans le complètement barré mais pourtant surprenant et quelque part fascinant « Doomsday ». Aujourd’hui, Neil Marshall voit plus grand, plus ambitieux, avec une épopée guerrière, du moins dans sa première partie avant de se transformer en périple, inspirée par une vieille histoire célèbre d’une légion romaine ayant complètement disparue dans les contrées sauvages de l’actuelle Grande-Bretagne. Sorti quasi clandestinement dans deux trois salles durant l’été 2010, passage obligé vu qu’il s’agit aussi d’une coproduction avec la France via Pathé qui a participé au budget relativement conséquent du film, les retours sur le Net étaient catastrophiques. Alors avant d’aller plus loi, rectifions le tir : « Centurion » est le film le plus abouti de Marshall, son meilleur même si on lui préfèrera toujours « The descent ».
En pleine conquête des territoires glacés de pays connus aujourd’hui sous le nom d’Angleterre et d’Ecosse, l’armée romaine est stoppée par les Pictes, peuplades locales barbares et sanguinaires. Afin de gagner le conflit, il est fait appel à la 9ème Légion commandée par le général Titus Virilus. Mais une embuscade est tendue et Virilus est fait prisonnier. Seul un petit groupe de légionnaires sort indemne de l’attaque et décide alors de pénétrer chez l’ennemi pour délivrer Virilus. La mission échoue, le fils du chef Picte est tué, et la chasse à mort contre les légionnaires est lancée. Pour eux, leur survie ne pourra se faire qu’en s’enfonçant encore plus loin dans des terres hostiles qu’ils ne connaissent pas, pourchassés par les plus redoutables tueurs et chasseurs qui soient.
Retrouver l’univers d’un « Gladiator » avec un budget presque dix fois moins important tient de la mission impossible. Sauf que contre toute attente, Neil Marshall y parvient pendant une première partie de son film avant de limiter le restant à une quinzaine de personnages pour une gigantesque chasse à l’homme de barbares contre conquérants. Autant dire tout de suite que « Centurion » est plus l’histoire de la survie d’un groupe d’individus au cœur de la contrée inhospitalière dans laquelle ils évoluent et face à un ennemi simplement plus fort car plus nombreux et se battant sur leurs terres. Complètement conscient de son projet, Neil Marshall expédie rapidement ses batailles avant de planter véritablement son décor et ses acteurs : des étrangers déracinés, loin de leur patrie face à des barbares évoluant naturellement dans les pires conditions de leur pays. C’est là que réside l’originalité de « Centurion », péplum différent, vrai film d’aventures sauvages, assumé comme tel, et qui rejoint un peu les œuvres précédentes de Marshall, l’individu face à un environnement étranger et hostile en plus d’ennemis quasiment invisibles car ne faisant qu’un avec leur nature. Contre toute attente, Marshall se sort haut la main de ce changement de registre, se focalisant par la suite sur un nombre limité de personnages. Côté horreur, le gore est à l’honneur, ce qui somme toute s’avère crédible, l’époque n’étant pas vraiment des plus douces côté violences diverses. Et, comme on l’apprend dans le making-of, tourné essentiellement en décors naturels, Neil Marshall sait parfaitement adapter ses paysages à son histoire, et dans le cas présent, la majesté des Highlands sauvages (elles existent encore) à sa chasse à l’homme antique. Et au final, conspué négativement, s’avère bien au contraire l’excellente surprise qu’on n’attendait pas. Pas parfaite certes, le changement de ton du début survenant après l’embuscade, à savoir une longue poursuite en pleines forêts et montagnes parfois enneigées, cassant quand même l’aspect péplum (conforté par le titre...) de l’œuvre. Mais une fois accepté, le film y gagne en originalité, au point même de se laisser revoir une seconde fois et d’y trouver alors l’osmose du récit, donnant toute la qualité du film. L’édition Blu-ray permet d’apprécier au maximum les qualités visuelles de « Centurion », préservant en plus une image froide légitime quant à ses lieux de tournage. On appréciera donc autant les paysages écossais sauvages, que la beauté des brumes matinales, et que les batailles éclaboussées de sang rouge vif. En bonus, les scènes coupées vont de l’anecdotique à l’intéressant quand il s’agit d’enrichir certains personnages (la chasseresse interprétée par Olga Kurylenko, par exemple). Mais c’est surtout le making-of qui mérite d’être vu : on y découvre un tournage en des endroits similaires à ceux de l’époque du film, des conditions extrêmes parfois pour les acteurs (température extérieure glaciale, chacun en convient, et Michael Fassbender qui court quasiment nu dans la neige, ça c’est de la conscience professionnelle !), et des maquilleurs qui s’en sont donnés à cœur joie question gore ! Quant à Neil Marshall, il dirige son chantier comme un général, avec pour résultat le film dont il peut être le plus fier : « Centurion » n’est pas du tout « Gladiator », ce n’est pas un péplum, c’est un vrai grand film historique d’aventures barbares.

Note film : 9/10
Blu-ray : copie magnifique, format d’origine 2.35, image 16/9ème - Bonus (vostf) : 7/10 : making-of - scènes coupées - galerie photos - bande-annonce.

St. THIELLEMENT



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