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  Sommaire - Films -  G - L -  Les Yeux de Julia (Los Ojos de Julia)
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"Les Yeux de Julia (Los Ojos de Julia) " de Guillem Morales

 

Réal. & scénariste : Guillem Morales
Co-scénariste : Oriol Paulo
Avec : Belén Rueda, Lluis Homar, Pablo Derqui, Joan Dalmau.
Distribué par Universal Pictures International France
116 mn
Sortie le 29 Décembre 2010

En 1999, le cinéma fantastique espagnol se réveilla. Et cela dura presque une décennie, car aujourd’hui, même si certains talents sont là, les œuvres des petits nouveaux ressassent un peu toujours la même chose... C’est Jaume Balaguero qui fut à l’origine de cette résurrection avec son traumatisant « La secte sans nom », et il est le seul à ce jour à avoir continué toujours avec succès, le summum étant atteint, commercialement parlant, avec les deux « Rec », et qualitativement par tous ses autres films dont un magnifique, « Fragile ». Son compère Paco Plaza le suivit avec « Les enfants d’Abraham » et « Romasanta » puis en co-réalisant les deux « Rec ». Dans le haut du panier, on trouve aussi « Backwoods » de Koldo Serra, « L’orphelinat » de Juan Antonio Bayona, « Abandonnée » de Nacho Cerda. D’autres cinéastes talentueux sont présents mais pour des films qui finissent par se ressembler. Il y eut aussi Guillermo Del Toro avec son « Echine du Diable », mais Del Toro est mexicain, et tourne souvent aux States. Cependant, son talent est tel qu’il est reconnu de partout, et il donne parfois un coup de pouce aux jeunes cinéastes comme il le fit pour « L’orphelinat ». Et aujourd’hui pour ces « Yeux de Julia » d’un certain inconnu nommé Guillem Morales, et dont le film du coup prend une toute autre dimension...
Pour Julia, sa sœur Sara ne s’est pas suicidée même si tout semble le confirmer. Toutes deux atteintes d’une grave maladie dégénérescente entraînant progressivement la perte de la vue, Julia va pourtant tout faire pour découvrir réellement ce qui est arrivé à sa sœur. Et plus elle avance dans ses investigations, plus Julia se sent isolée, de par sa cécité et par cette étrange impression qu’elle seule semble percevoir : une menace insidieuse faite de haine et de mort qui l’enferme encore plus dans un monde de ténèbres...
Il y a un gros problème dans « Les yeux de Julia » : au moins trente minutes de trop, faites de remplissages divers et variés sensés enrichir le récit mais qui l’alourdissent plus qu’autre chose. Ceci excepté, il reste une terrifiante plongée dans une épouvante comme on en n’avait pas vue depuis longtemps, voire limite inédite. En prenant comme personnage principal une femme (remarquable et magnifique Berén Rueda) qui peu à peu devient aveugle, Guillem Morales arrive à ne simplement pas renouveler un thème déjà vu (« Terreur aveugle » de Richard Fleisher, « Seule dans la nuit » de Terence Young) en mettant le spectateur à sa place par une réalisation originale et soignée, nous faisant ressentir les mêmes malaises, et terreurs qui suivront. Ensuite, « Les yeux de Julia » prend le chemin du giallo, à savoir ces récits italiens policiers versant facilement dans une violence perverse et sadique (meurtres au couteau ou au rasoir...) qui déboule sur l’épouvante pure, genre magnifié au cinéma par Mario Bava (« Six femmes pour l’assassin ») et surtout Dario Argento avec « L’oiseau au plumage de cristal », « Le chat à neuf queues », « Les frissons de l’angoisse » et bien sûr « Ténèbres ». Le tout en doublant son récit d’une recherche plus ambitieuse, comme le fait que, si peu à peu la vérité apparaît à Julia, c’est paradoxalement en même temps que sa cécité l’enferme progressivement et définitivement dans les ténèbres. Et le tout s’achevant sur un plan d’une fulgurance beauté. Alors oui, à force de vouloir être trop ambitieux et riche, le film perd en puissance à cause d’éléments qui phagocytent un récit de pure épouvante mais qui n’arrivent heureusement pas à annihiler sa force, faite de peur et d’émotion, faisant des « Yeux de Julia » le meilleur film d’épouvante espagnol vu depuis « L’orphelinat ». Et en attendant le prochain film de Jaume Balaguero, le maitre en son pays, « Les yeux de Julia » démontre que l’Espagne, malgré quelques récentes déceptions, conserve toujours sa première place dans le genre.

Note : 8/10.

St. THIELLEMENT



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