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  Sommaire - DVD -  A - F -  Dorian Gray (Id.) - Edition Blu-ray (France) - Inédit
"Dorian Gray (Id.) - Edition Blu-ray (France) - Inédit "
de Oliver Parker
 

Dorian Gray (Id.) - Edition Blu-ray (France) - Inédit Oliver Parker
Avec Ben Barnes, Colin Firth, Ben Chaplin, Rachel Hurd-Wood, Rebecca Hall
E1 Entertainment Vidéo

Qui ne connaît pas l’œuvre la plus célèbre d’Oscar Wilde doublée d’une des histoires les plus populaires du Fantastique ? Et c’est là que de découvrir que le cinéma en a fait une nouvelle version peut rebuter sauf si certains grands noms sont derrière le projet. Mettez James Cameron en haut de l’affiche, et déjà le film, quel que soit son budget, sera remboursé ! Ce « Dorian Gray » est un inédit vidéo mais non un « direct-to-video », à savoir qu’à la base, c’est un vrai film de cinéma, qui bénéficia en Grande-Bretagne d’une sortie en salles sans pour autant traverser la Manche pour venir chez nous (et encore moins l’Atlantique au passage...). Pourquoi ? Les droits devaient être élevés, le succès pas évident chez nous, allez savoir, et ce malgré d’indéniables qualités qui font de ce film, et n’en déplaise aux puristes des premières versions devenues classiques (ce qui ne n’en fait pas des réussites...), peut-être la meilleure adaptation cinéma du roman d’Oscar Wilde.
A la mort de son père adoptif, le jeune Dorian Gray revient à Londres pour s’installer dans la gigantesque demeure familiale. Lors d’une réception, il rencontre le talentueux peintre Basil Hallward qui, subjugué par la beauté du jeune aristocrate, parvient à convaincre ce dernier de poser pour un portrait. En même temps, Gray fait connaissance avec Henry Wotton, charismatique personnage qui profite au maximum des joies qu’un certain train de vie lui offre. Attiré par les interdits et autres tabous, Gray se laisse entraîner par Wotton. Et quand il découvre son tableau finalisé, il scelle inconsciemment un pacte avec les ténèbres qui lui permet de ne jamais vieillir ni souffrir des pires vices auxquels il peut s’adonner, le tableau prendra tout à sa place. Découvrant un jour ce terrifiant pouvoir, Gray enferme le tableau dans son grenier et passe des décennies à parcourir le monde, à vivre intensément, sans limites, sans morale. Jusqu’au jour de son retour, où son humanité perdue viendra à sa rencontre...
Bien sûr, certain(e)s ne pourront s’empêcher (sincèrement ou juste pour briller en société...) de citer ce qui était à ce jour la seule adaptation du roman de Wilde digne d’intérêt, celle de 1945 signée Albert Lewin. Bon, c’est un classique, mais pas un chef-d’œuvre non plus. A savoir que se réapproprier une telle œuvre aujourd’hui pour le cinéma signifie qu’il ne faut surtout pas la trahir, avoir les moyens de recréer l’Angleterre victorienne, et de ne pas avoir peur de montrer avec tact les obsessions et autres plaisirs interdits tant de l’époque en question que de Dorian Gray (et en même temps, d’Oscar Wilde...). Pour cela, il faut une production solide qui sera sûre des talents orchestrant cette nouvelle adaptation. Oliver Parker n’est pas une pointure reconnue (son film le plus connu à ce jour, c’est le « Othello » avec Lawrence Fishburne !) mais il est britannique et respectera le matériau d’origine, très bien scénarisé par un jeune inconnu. Question casting, il trouve en Ben Barnes (le Prince Caspian des « Chroniques de Narnia », mais surtout, il est le héros de l’excellent « Stardust » de Mathhew Vaughn) l’interprète parfait pour son Dorian Gray : mélange d’ingénu, de fragilité, de vices cachés et de soif de pouvoir, le tout dans une enveloppe physique plutôt attirante (pour l’époque). Il y a aussi des seconds rôles parfaits dont Ben Chaplin, en peintre amoureux de son modèle, et surtout Colin Firth excellent en Henry Wotton, riche lord qui semble vouloir transgresser toutes les limites mais qui en même temps, n’osera jamais se livrer corps et âme à tous ses vices, à l’instar de Gray. Enfin, il y a l’essence du roman de Wilde qui trouve ici une modernisation respectueuse de l’œuvre originelle, laquelle servie par l’ensemble des talents cités précédemment, donne un film simplement passionnant, visuellement magnifique, vénéneux juste ce qu’il faut, passionné, émouvant, sensuel et érotique, fantastique et horrifique par le dernier acteur de premier plan du film, le portrait en lui-même. « Dorian Gray » version 2010 est donc bel et bien une réussite, non pas un énième petit inédit vidéo à éviter, mais une excellente adaptation cinématographique d’un grand classique de la littérature fantastique. Son seul petit défaut, c’est ce petit manque d’ambition qui l’empêche d’être plus que ce qu’il n’est, mais on n’en est pas loin... Comble de bonheur, l’éditeur a également sorti une édition Blu-ray, dont l’image magnifique se révèle justifie ce choix au profit du DVD, vu le soin apporté à la reconstitution d’époque et plus généralement, à la photographie du film. Question bonus, un grand making-of, qui se recoupe avec les modules liés à certains aspects du film, en constitue l’élément majeur (et où on notera que le tableau n’était pas si anodin que ça à « créer »...), en tout cas, bien plus intéressant par exemple qu’un bêtisier sans réelle saveur. Mais il en ressort le sérieux d’un projet assez « casse-gueule » dont les producteurs peuvent se montrer fiers (à défaut d’avoir gagné une fortune !) car une fois encore, ce « Dorian Gray » est sans nul doute (cette fois, c’est sûr, après y avoir repenser tout au long de cette chronique) la meilleure adaptation à ce jour du roman d’Oscar Wilde.

Note film : 9/10
Blu-ray : copie excellente, format d’origine 2.41, image 16/9ème - Bonus : 8/10 : making-of, les maquillages & costumes, le tableau, effets spéciaux, scènes coupées, bêtisier, bande-annonce.
St. THIELLEMENT



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