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Sommaire - Interviews -  Daniel Stamm - Réalisateur « Le dernier exorcisme »


"Daniel Stamm - Réalisateur « Le dernier exorcisme » " de Marc Sessego


C’est avec la plus grande gentillesse que Daniel Stamm évoque pour nous ses débuts difficiles en Allemagne, ses vues très percutantes (attention ça décoiffe) sur le cinéma Hollywoodien, sur l’Amérique en général, sa rencontre avec Eli Roth et comment il s’est retrouvé dans la peau de réalisateur. Une interview pour le moins fascinante avec un franc-parler et une sincérité parfois déconcertante.

SFMAG : Pouvez vous nous parler un peu de vous et comment vous êtes arrivés sur ce projet en tant que metteur en scène ?

DS : Au départ je n‘ai jamais vraiment pensé faire du cinéma, je voulais juste raconter des histoires, j’ai toujours été un grand fan des jeux de rôle, style « donjons et dragons », et le fait de jouer vous permet de raconter une histoire et pour moi le pouvoir de raconter une histoire est tellement puissant que je ne pouvais imaginer, ne serait-ce qu’un instant, de ne plus pouvoir le faire. Je voulais en quelque sorte faire cela en tant que profession, je voulais être écrivain, mais en Allemagne ce n’est pas du tout comme ça que ça fonctionne, il vous faut un diplôme de l’université sinon vos parents ne vous laisseront pas faire. Quand j’ai annoncé à mes parents que je voulais être écrivain, ils m’ont dit que je ne pouvais pas et qu’il me fallait un « vrai » travail, et durant ma jeunesse j’ai dit que je voulais être journaliste, ce qui était en soi un mensonge mais c’était la chose la plus proche de l’écrivain que j’avais trouvé. Après l’école j’ai essayé de chercher une classe où on l’on pouvait apprendre à écrire des histoires et la seule chose disponible se situait en fait dans une école de cinéma, au département de l’écriture de scénario, j’ai donc fait cela pendant quatre ans, et une fois que j’ai terminé je me suis aperçu que quand vous écrivez vous êtes seul, et je me suis retrouvé à écrire tout seul dans ma chambre alors que mes amis avaient tous des histoires complètement folles, parlaient des superbes filles qu’étaient les actrices sur les tournages et de toutes les aventures qui pouvaient arriver sur un plateau, et moi je continuais à être dans ma petite chambre à écrire constamment. Et je me suis dit alors « Assez : il faut que j’étudie la mise en scène ! » car je me suis dit qu’il fallait trouver le moyen de communiquer mes histoires à des acteurs et que mes histoires prennent vie.
Je me suis donc rendu à Los Angeles et j’ai étudié la mise en scène à « L’American Film Institute » pendant deux ans et demi, et là vient le très gros piège : Une fois que vous sortez de l’école, les gens recherchent des fonds pour tourner leurs films, ils ont de grosses idées et veulent tourner des films qui coutent des millions et des millions de dollars, et avec le directeur photo, le monteur avec qui j’avais étudié on s’est tous dit : Faisons notre propre petit film, ne tombons pas dans ce piège où nous ne tournons rien pendant des années par manque de fonds, et attendons que quelqu’un dise que nous avons le feu vert alors que ce feu vert n’arrivera peut être jamais. Prenons une caméra, filmons en vidéo, et créons une histoire que l’on peut raconter en vidéo. Nous avons donc passés trois ans à tourner un film en vidéo appelé « A necessary death » (une mort nécessaire, ndlr), dans un style documentaire que nous avons dû choisir car nous n’avions pas d’argent, et c’est de là qu’est venu ce style, et au bout d’une semaine j’ai été quasiment obsédé par ce style que je trouve très beau, de plus vous mettez tout sur les acteurs, car vous ne vous occupez absolument pas de la technique. Vous n’avez pas à vous préoccuper de la grue, etc....vous pouvez vraiment vous concentrer sur vos acteurs.
Dans un film conventionnel vous aurez quatre à cinq minutes sur une journée de tournage alors que dans notre style vous pourrez avoir huit heures de films et pouvez avoir tous les petits moments quels qu’ils soient et là vous pouvez vraiment vous concentrer sur vos acteurs, et même si vos acteurs se plantent à 90% il vous reste toujours 10% où ils sont « frais » et où leur performance est excellente. Les meilleurs moments sur « A necessary Death » et « Le dernier exorcisme » sont quasiment toutes des choses qui sont arrivées sur le plateau naturellement et qui n’étaient pas telles quelles dans le script. Et c’est vraiment une manière complètement différente de travailler. Quand le film a été montré à « South by Southwest » à Austin (Texas), nous avons gagné le AFI festival de Los Angeles (American Film Institute)... les producteurs de « Strike Entertainment » et Eli Roth l’ont vu, ils avaient le script du « dernier exorcisme » et avaient besoin d’un réalisateur : ils nous ont dit qu’ils voulaient ce style, et ils m’ont dit que c’était un film d’horreur et ont ajouté « pouvez vous réaliser un film d’horreur ? » , et c’est au moins une chose que j’ai apprise à Hollywood : Quand quelqu’un vous demande si pouvez faire quelque chose : répondez toujours oui, avec la plus belle confiance que vous pouvez montrer... même si vous n’avez à la base aucune idée de comment vous allez vous y prendre.
Je leur ai répondu avec un grand sourire oui mais j’étais terrifié car je n’avais jamais fait de films d’horreur, mais Eli Roth et les producteurs de « Strike » nous ont énormément aidés et ils ont été tellement simples.

SFMAG : Il est vrai que le style « documentaire » fonctionne parfaitement et on n’a pas l’impression que les acteurs jouent.

DS : Oui c’est parce que l‘action se déroule vraiment sous nos yeux dans le monde réel. Nous y avons mis de l’humour et de la tragédie, et tout cela se ressent très bien et pour moi ce n’est pas uniquement juste un film d’horreur, c’est plus aussi un thriller psychologique.
Il y a eu beaucoup de discussions sur le début du film, le genre : « Y a-t-il trop d’humour ? ». Personnellement, je ne pense pas car l’humour permet vraiment d’accrocher le spectateur et le mettre immédiatement du côté de cotton Marcus si je puis dire. Marcus a un passé très discutable et nous devons tout faire pour que le spectateur adhère à ce personnage et l’humour nous le permet. Si vous aimez quelqu’un et sa compagnie vous vous fichez de son passé, vous voulez qu’il soit bien et vous allez dans sa direction.

SFMAG : S’il n’y avait pas eu d’humour le film aurait été « overkill ». Avez-vous fait des recherches préliminaires car vous vous attaquiez à un sujet brûlant ?

DS : Tout ce qui est dit, expliqué sur les exorcismes dans le film étaient déjà dans le script, et il est vrai que les exorcismes sont d’ailleurs pratiqués dans toutes les religions et partout dans le monde. Il y a d’ailleurs beaucoup plus d’exorcismes pratiqués de nos jours que dans toute l’histoire. On pense que ce genre de pratique avait lieu dans les « Dark Ages » et bien pas du tout, c’est vraiment dans le temps présent. Le pape a ouvert une académie de l’exorcisme et il y a quelques années il y avait environ 25 étudiants et maintenant il y en a plus de 300. Ce qui est, de toute les façons, une très mauvaise chose que vous soyez croyants ou non.
C’est un sujet tout à fait fascinant, j’ai fait mes propres recherches et j’ai demandé aux acteurs de faire les leurs, je voulais qu’ils viennent sur le plateau avec une certaine crédibilité, qu’ils sachent ce qu’ils faisaient et le sujet exact dans lequel ils s’étaient engagés. Ils ont donc parlé à des personnes ayant été témoins d’exorcisme, et je leur ai demandé de regarder tous les films sur le sujet, surtout pour qu’ils ne répètent pas ce qui a déjà été fait. Nous avons très profondément étudié l’exorciste de William Friedkin pour être sûrs de ne pas refaire le même film à l’écran. Ce film est exceptionnel et on ne peut même pas en faire un remake, c’est impossible, donc il fallait vraiment faire notre film, avec notre propre histoire et nos propres personnages. La seule chose que nous avons en commun est une utilisation différente du même mot.

SFMAG : Quel fut votre plus grand challenge sur le film ?

DS : Il y a en fait deux challenges : Le premier est que le film est très américain donc j’ai dû me mettre à penser comme eux, ce qui d’ailleurs fonctionne parfaitement car ils sont américains, et vous les laissez amener leurs propres recherches...
Vous devez les suivre et surtout mettre votre propre « égo » au placard, c’est à dire mettre de côté votre vue personnelle et tout ça.
Le second challenge est que vous cassez d’une certaine manière le « 4ème mur », je m’explique : Dans notre film le public n’est plus protégé... Dans un film « normal » les acteurs ne peuvent pas regarder dans la caméra, et le public a ce sentiment de spectateurs protégés.
À travers notre style, les gens parlent directement à la caméra, le public participe donc à l’histoire, et il devient alors beaucoup plus vulnérable car ce 4ème mur dont je vous parlais ne les protège plus.
Le côté « c’est juste un film, c’est juste un film... » ne marche plus vraiment, et ils sont constamment dans l’histoire, c’est presque comme être pris dedans à 360°.
De plus, ce que vous ne voyez pas est tellement plus terrifiant que ce que vous voyez ! Votre film se passe dans le monde réel plutôt que dans un monde cinéma tout à fait irréel, à ce moment là votre film se joue en fonction des règles du monde réel et non pas sur les simples règles et commandes du metteur en scène et le vrai expert de ce monde c’est le public car il vit dans ce monde 24/24 , car il connait tout de ce monde, le ressenti, les odeurs, etc....les gens reconnaissent tout se suite si quelque chose a l’air faux, et le pire c’est qu’ils l’entendent, et c’est une chose très difficile à faire car la plupart des acteurs sont habitués à créer un artifice.
Je ne voulais pas qu’ils « jouent », je voulais presque faire imprimer un tee shirt avec inscrit dessus « pas de comédie » (on rit). Ils ont l’habitude de parler d’une certaine manière, de se comporter d’une certaine manière quand il y a la caméra, et j’essayais de me débarrasser de tout cela, j’essayais d’éliminer totalement tout ce qui pouvait créer le moindre artifice.
Dans un film conventionnel vous préparez la caméra et vous dites « Scène 5 prise 5, action », Je n’ai rien fait de tel, je n’ai pas dit « action », car c’est la marque de départ où ils rentrent dans leur personnage et je voulais constamment du « vrai », et si on devait faire 20 à 30 prises peu importe, je voulais vraiment qu’ils sortent d’eux même, je ne voulais pas les voir arriver sur le plateau avec une idée préconçue de comment ils allaient jouer la scène. Si vous poussez vos acteurs à bout vous obtiendrez des choses assez exceptionnelles, même si vous devez leur refuser l’accès à la salle de bains pendant un petit moment, car vous arrivez à des moments d’une authenticité et d’une fraîcheur surprenante. Je pense que le public peut déceler une scène qui a été répétée et répétée ou s’il y a un moment qui n’arrive qu’une seule fois et qui n’arrivera et ne se reproduire plus jamais.

SFMAG : Avez-vous pu garder le contrôle créatif du film ?

DS : Oui, ils ont été incroyables de ce point de vue là car ils m’ont laissé faire ce que je voulais, ce sont des producteurs avec des succès tels que « Children of men », « dawn of the dead » remake, et ils ont dit « nous savons faire un film à 80 millions mais n’avons jamais produit pour 1,5 millions ». Et j’ai vraiment eu cette incroyable combinaison où ils m’ont fait confiance et ils m’ont apporté tout le support dont j’avais besoin. Je n’ai jamais eu le sentiment que quelqu’un regardait au-dessus de mon épaule, il y avait toujours quelqu’un à l’écoute. J’ai eu une chance incroyable de travailler avec quelqu’un comme Eli Roth, car c’est un producteur mais également un metteur en scène, donc il sait et connait tous les enjeux, pareil pour Marc Abraham, qui a fait un très beau film « Flash of Genius » avec Greg Kinnear, ils ne viennent pas seulement du côté financier mais aussi de côté créatif. Vous pouvez donc leur faire confiance et vous pouvez leur parler de votre film. Eli fut une très bonne ressource car il avait fait tous ces films d’horreur, et quand ils m’ont demandé si je pouvais le faire, je n’avais aucune idée par où commencer. Eli a été d’une grande aide, et je lui demandais parfois des conseils pour commencer... approcher telle ou telle chose... D’ailleurs il n’est jamais allé sur le tournage, ce qui était une très bonne chose car j’essayais de construire une atmosphère très intimiste, et très souvent c’était juste les acteurs, le directeur photo et moi. S’il était venu sur le tournage, avec la célébrité qu’il a, je pense que nous aurions pu détruire toute cette intimité que nous avions créée. Il savait cela, donc il n’est pas venu. Par contre il a été constamment présent sur tout le montage, ce qui était super. Ils ont vraiment su quand il fallait être présent et aider et quand il fallait me laisser tranquille.

SFMAG : Vous avez eu une sacrée chance

DS : Non seulement cela, mais faire aussi un film d’horreur qui ne fait pas peur pendant la quasi totalité de la première heure. C’était tellement important de ne pas faire un film où l’on crée quelques scènes vous terrorisant et après on « enfile » le tout bout à bout pour bien effrayer le public, même si cela n’a strictement aucun sens pour moi ce film est tout d’abord un drame.
Eli Roth raconte cette histoire : Lorsqu’il a rencontré William Friedkin il lui a dit que « l’exorciste » était son film d’horreur favori, et Friedkin lui a répondu qu’il n’avait pas fait un film d’horreur, il avait juste fait un drame qui devenait très noir...
Vous comprendrez que l’horreur fonctionne uniquement que si l’on s’attache aux personnages. Peu importe si quelqu’un se fait couper en cinq morceaux, il faut s’attacher au personnage, avoir peur pour cette personne. Le fait qu’on m’ait justement laissé une telle liberté est absolument sensationnel, je n’aurais pas pu avoir plus de chance.

SFMAG : Avez-vous dû couper beaucoup de scènes ?

DS : Je crois que la version « unrated » aura 45 secondes de plus. Je n’ai pas vraiment eu de scènes coupées, je suis tellement amoureux de mes producteurs que je vais passer pour ne pas être objectif mais il faut préciser qu’ils ne m’ont jamais dit de tourner pour une censure particulière... ils ne m’ont pas dit -12 ou -16 mais juste de faire le film le meilleur possible.
Dans la salle de montage nous nous sommes aperçu que le film serait un film « R » aux USA (-16ans, ndlr) mais pour la France je ne sais pas. Le film n’est, par exemple, pas basé sur le gore, il est un peu comme une bouteille de « coca cola » : Vous la secouez, la pression monte à l’intérieur mais vous ne retirez le bouchon qu’au fur et à mesure pour laisser monter la pression.
Ceci dit le gore et le sang étaient vraiment une grande tentation car nous avions à bord Greg Nicotero qui est ce génialissime maître en effets spéciaux. Lorsqu’il vous dit « je te donne ce que tu veux » c’est une énorme tentation de vous laisser emporter et j’ai dû constamment me freiner, pour ainsi dire, et ne pas « tomber dans le panneau ».
De plus, je crois que le peu de sang que l’on montre a beaucoup d’effet dans le film car cela reste dans les possibilités du réel. Quand le frère se fait méchamment trancher la mâchoire ça reste dans le réel comme également le ton des dialogues car si vous l’avez remarqué, l’on est sur la ferme d’un homme très religieux donc on ne dit pas « fuck » à toutes les sauces

SFMAG : Oui ce détail m’avait frappé.

DS : Ҫa n’aurait eu aucun sens dans le contexte, « Cotton » est homme éduqué.
On s’est dit dans la salle de montage que le film pourrait en fait être un -12 ans, et lorsque le studio « LionsGate » l’a acheté ils l’ont alors soumis à la censure et ont espéré un -12 ans, mais s’ils voulaient couper quoi que ce soit, dans ce cas nous le sortirions à -16 ans.
Et quand la censure est revenue avec un seul plan du chat après que l’animal se soit fait tué, on a coupé en fait juste deux secondes, et on a eu notre -12 ans !

SFMAG : Croyez-vous en tout cela, les démons, etc.

DS : Vous savez je n’ai pas été élevé dans un contexte religieux, donc je ne crois pas vraiment au diable et aux possessions, mais je pense que mon point de vue n’était pas vraiment important sur le film, car il y avait tellement de gens impliqués, et chacun avec un angle de pensée différente. Je n’ai pas l’arrogance de faire un film et de dire au bout de quatre vingt dix minutes si Dieu existe ou pas. Je n’ai pas fait un film pour vous donner une réponse... l’idée était toujours de créer une question, de confronter deux choses : la religion et la science, et en fait « Cotton » qui devrait représenter la religion, en fait représente la science, et le père représente la religion. Il était important de montrer ces deux approches le plus intelligemment qui soit : les deux veulent le meilleur pour la fille, ils veulent la sauver tous les deux et c’est le choc car ils ne sont pas capable de communiquer. Il n’y a ni dialogue, ni compromis, ils sont incapables de travailler ensemble, et c’est ce qui amène la tragédie.
D’une certaine manière le film est aussi une très grosse métaphore entre les républicains et les démocrates : vous ne parvenez à rien accomplir car l’un veut tellement détruire l’autre plutôt que de travailler ensemble pour le bien des gens.
S’ils avaient unis leurs efforts ils auraient pu sauver Nell. Le final est pour moi très intéressant quand le démon commence à apparaître c’est à ce moment que Cotton commence à croire en Dieu, quand il se dirige vers le feu et qu’il demande à Dieu de l’aider. Je ne sais justement pas comment Dieu, s’il existe, réagirait dans ce cas : « Vous me demandez de l’aide voila je suis là ! » ou « Et bien vous vous apercevez enfin que j’existe... et bien c’est un peu tard ! », et je n’ai pas voulu dire cela j’ai vraiment laissé la fin à l’interprétation de chacun. Je ne voulais pas fermer le bouquet et tout expliquer, mais je voulais montrer ce qui arrive à Cotton et à tout ceux qui étaient avec lui, et franchement c’est très intéressant car aux USA il y a un débat ouvert où les gens adorent ou détestent littéralement la fin car ils veulent des réponses et le public américain est habitué à toujours recevoir une réponse à la fin d’un film.

SFMAG : Excusez l’expression mais il faut tout leur dire et tout leur expliquer

DS : Oui et ils ont le sentiment que le film leur doit quelque chose car ils ont payé pour que vous leur clarifiez quelque chose à propos du monde qui les entoure. Ce qui est tout à fait légitime, d’une certaine manière, mais ce n’est pas du tout ce que donne ce film. Nous prenons de grosses critiques à ce sujet, les gens sont tellement furieux que je reçois même des emails et des messages sur Twitter : certains me disent de me jeter du haut de l’Empire State building, tête en avant, ce qui est d’une certaine manière le meilleur des compliments que je puisse recevoir. Donc maintenant je suis impatient de savoir ce que le public européen dira, car je pense que le public européen est beaucoup plus intrigué par un film posant une question.
Aussi, disons le franchement, toutes les personnes qui vont voir le film ont déjà leur propre opinion sur la religion... Pourquoi n’auraient-ils pas en plus une opinion différente à la fin ?

SFMAG : Vous attendiez vous à un tel succès ?

DS : C’est fou car le film a couté très peu cher et a déjà rapporté vingt millions en un seul week-end. Le jour avant le tournage on m’a donné une liste des territoires où le film avait déjà été pré-vendu avant même que nous ayons tourné quoi que ce soit. C’était très intimidant car pour moi c’était un gros projet et cela vous met quelque peu la pression. Il faut donc que vous enleviez tous les aspects financiers et que vous vous concentriez uniquement sur votre film car sinon vous allez devenir dingue. Vous devez toujours penser est-ce que le public va comprendre ce que je raconte ? Le reste... c’est aux producteurs de voir et, de ce point de vue, ils ont fait des choses sensationnelles, « LionsGate » a fait une excellente campagne marketing.

SFMAG : Un mot de votre nouveau projet ?

DS : Ce sera un psychologique supernaturel thriller, tourné de manière tout à fait normale cette fois.

Marc Sessego / Andrée Cormier

Propos recueillis par Marc Sessego le 1er septembre 2010.
Sincères remerciements à Daniel Stamm ainsi que Delphine Olivier et Alice Gledhillhall de D.D.A. pour avoir organisé cette interview.




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