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  Sommaire - Films -  G - L -  Hellboy
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"Hellboy" de Guillermo Del Toro

 

HELLBOY
De Guillermo Del Toro
Avec Ron Perlman, Selma Blair, John Hurt
Distribué par Columbia Tristar Pictures.
Sortie le 11 Août 2004.
122 mn.

Note : 10/10.

Nous vous offrons une interview exclusive de Guillermo Del Toro et de Ron Perlman dans la rubrique "Interviews" de ce site.

Aujourd’hui, le nom de Guillermo Del Toro constitue une des meilleures références du cinéma fantastique qu’il puisse exister. Si ses débuts avec le méconnu Cronos (fort justement réhabilité en DVD Collector chez nous) ne firent pas plus de bruit que ça, c’est son second, Mimic, qui lui apporta un début de consécration malgré la déception que constitue cette expérience pour lui, sabotée par les frères Weinstein de Miramax, producteurs du film. Ensuite, Del Toro réalise son film le plus personnel, le superbe L’échine du diable, dont il ne repousse même pas le tournage pour s’atteler à Blade 2. Différents de Miramax, New Line (producteurs de la trilogie du Seigneur des anneaux, refusée entre autres par Miramax... Bien fait !) accepte les conditions que le mexicain leur impose si ils le veulent, à savoir qu’il le tournera après son film de fantômes. La suite, on la connaît, la consécration critique avec L’échine du Diable, et publique avec Blade 2. Mais, là, derrière toutes ses idées, déjà à l’époque Del Toro songeait à Hellboy, le projet l’obsédait, il avait trouvé son acteur, Ron Perlman, le filmant bien spécifiquement dans Blade 2 pour convaincre son studio (qui souhaitait une star comme Vin Diesel, que rencontra Del Toro mais dont le contact fut assez distant...) que Perlman était Hellboy. Aujourd’hui, le film est là, extraordinaire, puissant, magnifique, somptueux, étourdissant, émouvant, quasiment parfait, quasiment un chef d’œuvre, certainement quand on en verra sa version longue en DVD.

A la fin de la seconde guerre mondiale, acculés, les nazis se tournent vers les forces occultes et Raspoutine, le plus grand des sorciers, pour acquérir des armes nouvelles. Aidé par un commando américain, le professeur Broom empêche le pire d’arriver en brisant une porte vers les ténèbres et ses monstruosités millénaires. Seul un petit démon réussit à franchir le passage. Broom le recueille, l’adopte et l’élève. Et aujourd’hui, Hellboy est un des fers de lance d’une mystérieuse organisation parallèle du FBI vouée à la lutte contre les forces du Mal. En même temps, des signes annoncent le résurrection de Raspoutine et avec lui, de l’apocalypse.

D’un comics original où le héros est un démon ayant finalement opté pour vivre parmi nous, Del Toro fait une adaptation ambitieuse, sans concessions par rapport aux pressions que peuvent exercer un studio cinématographique, ne trahit jamais le créateur du personnage, Mike Mignolia, qui fait tellement confiance au cinéaste mexicain qu’il l’autorise à se ré-approprier Hellboy pour créer d’autres personnages et d’autres détails quant à la vie de ce démon qui renie son monde d’origine. Là où le film tiré d’une BD se révèle plus souvent décevant que réussi (rares exceptions : The Crow, Spiderman, Blade 2 pour combien de Phantom, Shadow, et dernièrement Punisher lamentables ?...), Guillermo Del Toro se sert de son obstination proche de l’obsession pour faire d’Hellboy le film qu’il a toujours rêvé, le personnage lui étant en plus très cher (Del Toro n’a jamais caché que son enfance fut des plus douloureuses, et qu’il a souffert de cette différence qu’on montrait du doigt). Cela se traduit par un style visuel étourdissant, très respectueux du comics, par une pléiade d’effets spéciaux tout simplement extraordinaires de par leur qualité et leur utilisation toujours en osmose par rapport à l’histoire, par un souci égal du soin apporté à ses personnages et surtout à Hellboy. Certes, Ron Perlman EST Hellboy, mais sous la direction de Del Toro, il transcende sa prestation au delà de ce qu’on n’espérait pas. Enfin, par cette sensibilité qu’on ne s’attendait pas à trouver, ce mélange d’émotions que suscite Hellboy et qui ne surprennent pas quand on a en mémoire L’échine du diable ou le superbe final de Blade 2. De tous ces éléments et de bien d’autres encore, Guillermo Del Toro en a concrétisé le film qu’on attendait depuis longtemps (bien qu’avec la réussite de Spiderman, on ait été un peu rassasié), et qui finit définitivement par le consacrer comme un des grands noms du Fantastique actuel. Désormais, entre Spiderman et Hellboy, les maîtres-étalons des adaptations de comics, il va être très difficile de faire mieux.

Stéphane Thiellement

Voir l’interview du réalisateur Guillermo del Toro et de l’acteur Ron Perlman dans la rubrique "Interviews"

Un autre avis

HELL BOY

de Guillermo Del Toro

4/6

Après Blade 2, Del Toro s’attaque à un nouveau comic atypique en adaptant les aventures cultes de Hellboy, un démon recueilli par un vieux professeur pour lutter contre le mal. Le cinéaste s’approprie intelligemment le matériel disponible et livre un produit en définitive personnel et calibré pour plaire au plus grand nombre. Les nombreuses punchlines et autres traits d’humour camouflent un scénario simpliste qui se limite à une longue série de bastons plus ou moins réussies. Le film est donc assez mal équilibré et on a la facheuse impression que le climax ne tient pas ses promesses. Cela dit, Del Toro reste un metteur en scène très doué qui sait également s’intéresser à ses personnages. En quelques scènes, il parvient à délimiter un univers cohérent et à développer une véritable mythologie, largement inspirée de Lovecraft. Ce blockbuster - bourré de défauts évidents - comprend néanmoins son lot d’humour, de séquences d’action dantesques et d’émotion pure qui l’élève largement au dessus du simple divertissement inoffensif. Pas aussi définitif qu’on pouvait l’espérer mais un authentique savoir-faire qui transcende le sujet et aboutit à un divertissement soigné.

Pizzoferrato Fred



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