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  Sommaire - Films -  A - F -  Droit de passage (Crossing Over)
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"Droit de passage (Crossing Over) " de Wayne Kramer

 

Réal. & scén. : Wayne Kramer
Avec : Harrison Ford, Ray Liotta, Ashley Judd, Alice Braga, Jim Sturgess, Cliff Curtis
Distribué par Metropolitan Filmexport
112 mn
Sortie le 4 Août 2010
Note : 8/10

Il est loin le temps où Harrison Ford était synonyme de blockbuster incontournable. En même temps, ses derniers choix font preuve d’une réelle volonté de meilleurs choix de carrière via des scénarios plus riches et ambitieux. Comme celui-ci, avec lequel il partage l’affiche avec une belle brochette d’acteurs, mais surtout écrit et réalisé par un cinéaste qui avait commencé par un premier polar noir très moyen, « Lady Chance » avec William H. Macy, lequel n’était pas vraiment le film qui vous pousse à voir le second. Sauf que le second justement, était une petite bombe, un autre polar très, très noir, complètement barré, donnant à Paul Walker (le blondin californien de « Fast & Furious ») certainement son meilleur rôle à ce jour, celui d’un flic infiltré confronté à la pire situation de sa vie, tout ça dans « La Peur au ventre ». Et là, on attend du coup avec une certaine impatience le troisième. Et il s’agit donc de ce « Droit de passage » qui traîne depuis quelques temps dans les tiroirs de son distributeur américain qui ne savait pas trop quoi en faire, au point qu’il est déjà sorti en vidéo là-bas et qu’enfin, chez nous, le film bénéficie d’une sortie en salles. Ce que mérite amplement ce polar social que certains comparent trop rapidement à l’exécrable et moralisateur « Crash » sauf qu’ici, le discours est bien plus pertinent et surtout, il n’y a aucune hypocrisie détournée.
A Los Angeles, Max Brogan (Ford, excellent) est un flic de l’immigration. Au fil des années, il a de plus en plus de mal à pratiquer son travail sans être tourmenté par ses états d’âme sur le sujet. En croisant le destin d’une jeune mère mexicaine entrée illégalement sur le sol américain, il va s’impliquer plus personnellement. Et en parallèle, sur ce même territoire, se jouent les destins d’autres personnes qui pensaient trouver plus de libertés là où en fait, rien n’est simple, qu’on soit actrice australienne venue chercher la gloire, jeune étudiante indienne citant le Coran dans le cadre de ses études, adolescent coréen tiraillé entre deux mondes culturels... Pour chaque vie, les lois américaines ne seront pas les mêmes, et chaque jour sacrifiera au moins une victime.
Si on pense à « Crash », c’est avec ces destins croisés au cœur d’une Amérique idéalement terre de rêves mais concrètement plus impitoyable que beaucoup ne le pensent. Sauf qu’ici, Wayne Kramer souligne, parfois grossièrement (seul petit bémol au film...), le pire de la politique d’immigration conjuguée aux dilemmes personnels de certains. Le discours est sincère et juste, ne sombrant jamais dans le ridicule comme celui de « Crash » (la scène avec Sandra Bullock et son serrurier, je m’en souviens encore...). Loin de glorifier le système de son pays, il ne fait qu’énoncer et démontrer certaines injustices appliquées sans réflexion antérieure. Pourtant, tout cela se passe encore une fois sur le sol américain, un grand pays « civilisé » mais qui n’en demeure pas moins impitoyable pour certains. Tout cela vu au travers de personnages attachants et parfois remarquablement écrits (et là, ça change de « Crash » !) qui émeuvent tant leurs réactions peuvent sembler perdues d’avance face au système. En ligne de front, une ex-grande star du box-office livre une prestation magnifique, semblable à celle d’un autre dans le même cas, à savoir qu’Harrison Ford incarne un flic désabusé similaire à celui qu’incarnait Richard Gere dans l’excellent « L’élite de Brooklyn », certes chacun dans leur domaine d’action, mais qui reflètent quelque part leur point de vue sur leur carrière actuelle. Ce qui constitue un des bons points d’un film autrement presque parfait, confirmant en même temps tous les espoirs à venir placés en Wayne Kramer : deux réussites sur trois œuvres, même si la route est longue et difficile, le suivant ne peut être défaillant.

St. THIELLEMENT



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