– Ce n’est pas le roi Hérode, toutefois, mais le Roi Pourpre. Hérode n’était que l’une de ses incarnations. Le Roi Pourpre saute d’un corps à l’autre et de génération en génération comme un gamin qui traverse un gué en sautant d’une pierre à l’autre, Ralph. Toujours lancé à la recherche du Messie. Il l’a toujours manqué, mais cette fois, ça pourrait être différent. Parce que Derry est une ville différente. Toutes les lignes de force ont commencé à converger vers ici. Je sais que c’est difficile à croire, mais c’est vrai.

Le sommeil fuit Ralph Roberts, à tel point qu’il commence à avoir des hallucinations. Le problème c’est qu’une de ses connaissances a visiblement perdu la raison et qu’il semble avoir les mêmes hallucinations que lui.
Le lecteur est perplexe. La lente progression des symptômes peut l’amener à penser que les visions de Ralph ne sont que le résultat de l’énorme fatigue qu’il accumule. Puis on fait le rapprochement avec d’autres faits et on se rappelle que l’auteur est un certain Stephen King. Mais cela n’est pas encore concluant. Il faut attendre que la vérité se dégage peu à peu. En fait une grande partie de l’intérêt du roman repose sur l’incertitude. Ensuite viennent les personnages, éléments essentiels de l’oeuvre de King. Il entreprend une fois de plus de démontrer les travers de la société américaine. Le seul problème c’est qu’à force de découvrir du King on finit par trouver dans ce roman bon nombre de détails et de situations présents dans ses romans précédents.
Mais cette histoire comporte également et ouvertement des liens avec d’autres ouvrages. Dans la ville de Derry (ça, Sac d’os) se crée un centre féministe accueillant des femmes battues, des lesbiennes et des militantes du droit à l’avortement. La réaction de l’Amérique bien-pensante est claire : tuer ! Cette réaction passionnelle et homicide n’a eu besoin pour s’exprimer que d’un discret coup de pouce du Roi Pourpre (La Tour sombre). Il est vrai que parmi les cibles se trouve un petit garçon nommé Patrick Danville.

Damien Dhondt

Stephen King _ Insomnie _ Edition Le Livre de poche n° 15147 _ février 2004 _ Réédition, poche, 960 pages _ 9 euros