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  Sommaire - Films -  G - L -  Le Guerrier Silencieux (Valhalla Rising)
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"Le Guerrier Silencieux (Valhalla Rising) " de Nicolas Winding Refn

 

Réal. & co-scén. : Nicolas Winding Refn
Scénario : Roy Jacobsen
Avec : Mads Mikkelsen, Jamie Sives, Gary Lewis, Gordon Brown, Andrew Flanagan.
Distribué par Wild Side Films
90 mn
Sortie le 10 Mars 2010
Note : 3/10

On attendait beaucoup du dernier film de Nicolas Winding Refn, le cinéaste danois le plus connu du moment qui signa un des plus gros succès commerciaux dans son pays avec un polar d’une noirceur et d’une violence incroyable, au point que dans certains bars « mal famés », on trouve le poster de De Niro dans « Taxi Driver » et du héros de « Pusher », premier volet d’une trilogie dont le point culminant fut le second volet, sous-titré « With blood on my hands » et qui donnait la vedette à... Mads Mikelsen, trilogie qui s’acheva par le nihiliste « Pusher III : I’m the angel of death ». Une trilogie qui prise en continu procure un électrochoc comme on en a rarement vu, trois films faits dans l’urgence, la passion et la souffrance et qui donnèrent les résultats qu’on connaît. Entre les deux premiers, Winding Refn signa un autre polar, plus psychologique, au suspense parfaitement huilé, où John Turturro refusait de croire à la mort accidentelle de sa femme et menait une enquête qui finirait par aboutir à une incroyable vérité. Film réussi mais cruel échec commercial qui mit son auteur sur la paille, l’obligeant à signer les deux suivants volets de « Pusher ». Et donc là, grande claque dans la gueule. Ensuite, Winding Refn enquille les projets dont un se passant au temps des vikings, « Valhalla rising ». Mais l’argent peine à arriver et en attendant, le cinéaste danois accepte une œuvre de commande où on lui laisse carte blanche. Ce sera « Bronson », portrait réel d’un célèbre prisonnier britannique psychopathe, le seul faisant tout pour rester en taule. Un sujet qui aurait pu donner un film carcéral violent et âpre, mais qui entre les mains de Winding Refn se transforme en film « d’art et essai » avec un parti pris artistique des plus oniriques, empêchant beaucoup l’adhésion à son œuvre. Le choc est d’autant plus dur qu’on ne pensait pas qu’il aboutirait à un tel résultat. Et là, on pense qu’avec trop de libertés, plus de confort, Nicolas Winding Refn se transforme en artiste-auteur pompeux en lieu et place d’un cinéaste urbain sachant parler de la violence avec un rare talent. En gros, pris à la gorge, il donne le meilleur de lui-même mais issu de sa personnalité noire et sombre. Libre, Nicolas Winding Refn devient ennuyeux et un peu prétentieux... Suite à « Bronson », force est d’admettre que l’engouement pour « Vahlalla rising » était émoussé. Mais bon, Mads Mikkelsen est là, le sujet se passe en des temps barbares, donc on y croit. Enfin, on y croyait. Maintenant, si on n’avait pas vu les « Pusher » avant, même avec la meilleure volonté du monde, les découvrir après « Bronson » et « Valhalla Rising » aurait eu beaucoup plus de mal à se concrétiser. Et légitimement, persuader quelqu’un de découvrir « Pusher » après les deux derniers films de Nicolas Winding Refn qu’il n’a pas aimé, relève de la mission impossible.
Au temps des vikings, One-Eye, un prisonnier devenu guerrier de combat pour un chef de clan, parvient enfin à s’échapper en compagnie d’un enfant après avoir tué son geôlier. Ils sont recueillis par un drakkar qui les emmène vers une terre inconnue. Mais là, une sombre menace les élimine un par un.
Pendant une vingtaine de minutes, « Le guerrier silencieux » fait illusion, on y croit, peut voir pas de dialogues, juste la violence barbare de combats au milieu de peuplades du Nord. Les Vikings arrivent, l’esprit conquérant s’immisce dans le récit via la découverte d’un territoire inconnu. Et là, tout dérape. Nicolas Winding Refn se transforme en naturaliste à la Tarkovski (déjà que lui...), mais sans y mettre beaucoup de sens. Juste des plans du ciel, de la mer, des hommes, de One-Eye perdu dans ses pensées, d’un enfant égaré, de guerriers s’interrogeant sur eux-mêmes, de belles images certes, des plans magnifiques parfois mais pour un film plombant au possible, mettant de côté la fureur guerrière des Vikings (c’est vrai qu’on les imagine bien fixés sur un point de l’horizon ou entassant des cailloux pour une mystérieuse raison...) au profit d’interrogations métaphysiques et spirituelles (les Vikings qui parlent de Jérusalem, le pompon !) qui peuvent rebuter aisément tout fan de la première heure de Nicolas Winding Refn. Voyage ésotérique personnel, c’est certain ; le partager n’est guère chose aisée. Dans ces cas-là, que ce soit « Bronson » ou « Le Guerrier silencieux », Nicolas Winding Refn n’est plus le cinéaste de « Pusher », mais simplement un cinéaste aux inspirations personnelles qui sont loin d’avoir l’impact escompté. Trop personnel tout ça, et quelque part, très prétentieux.

St. THIELLEMENT



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