Posé sur le meuble campagnard, le téléphone ne rit plus. Il pleure. Perdus les copains, copines du magasin d’antiquités. Il se sent dépaysé. N’est plus dans son monde. Même pas branché. Aucune prise téléphonique à côté du meuble et c’est là qu’il rend le mieux.

Le téléphone sonne. L’archaïque téléphone à cadran, souvenir d’une époque révolue, vient d’être ramené de chez un antiquaire. Le téléphone sonne, indice de son parfait fonctionnement. Sa technologie est-elle compatible avec le high-tech du réseau de communication moderne ? La question ne se pose pas...le téléphone n’est pas branché.
L’objet symbolisant la nostalgie devient un élément fantastique générant incrédulité ou inquiétude.
Les dix auteurs ont utilisé le sujet imposé de ce téléphone obsolète et insistant pour qu’on le décroche alors qu’une communication est théoriquement impossible. À partir de là ils ont élaboré des nouvelles faisant intervenir l’amour, la mort ou l’espionnage, dans des atmosphères où le thriller peut parfois s’imposer sur le fantastique. Une fois décroché le téléphone permet d’entrer en communication avec des personnes décédés ou qui ne peuvent pas exister et même sa future réincarnation. Une initiative surprenante a même permis de faire le lien avec le massacre d’Oradour-sur-Glane.
À la démarche classique du fantastique certains auteurs ont habilement envisagé à mots couverts l’hypothèse de la folie, de la schizophrénie ou même, dans une volonté de rationaliser le fantastique, la manifestation de l’inconscient ou de pouvoirs prémonitoires et même un lien avec une faille spatio-temporelle.
Des choix variés, originaux et intrigants.

Damien Dhondt

Lisa Carducci, Christine Deltombe-Fournier, Jacqueline Dumas, Jean-Pierre Favard, François Goncalvez, Philippe Halvick, André Martel, Hughes Perrin, Eric Smagghe & Patrick S. Vast _ Fil Rouge _ Editions Saint-Martin, collection : Littéraire _ avril 2009 _ Inédit, moyen format, 184 pages _ 18 euros