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  Sommaire - Films -  G - L -  Invictus (Id.)
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"Invictus (Id.) " de Clint Eastwood

 

Scénario : Anthony Peckam, d’après le livre “Déjouer l’ennemi” de John Carlin
Avec : Morgan Freeman, Matt Damon, Tony Kgoroge, Matt Stern
Distribué par Warner Bros. Entertainment France
132 mn.
Sortie le 13 Janvier 2010.
Note : 10/10.

Au cinéma, certains sujets ne sont pas aisés à mettre en chantier, en images, en scénario. Ils font peur même. Les biographies constituent un domaine d’inspirations qui peut aussi rebuter le plus chevronné de tous, ou se révéler complètement raté sur un grand écran. Pour son nouveau film, ce grand monsieur, cette icône du septième Art qu’est Clint Eastwood, a choisi le destin de Nelson Mandela, le plus grand symbole de la lutte contre l’apartheid sud-africaine, au moment d’une phase clef de sa vie, à savoir ses premières années de dirigeant du pays, et plus précisément, une année bien spécifique liée au rugby et à une équipe jusqu’ici presque mineure, les Springboks. La victoire qui en résulta est autant due aux hommes d’une équipe menée par un leader, mais aussi et surtout à la ténacité, à l’intelligence, et à la grande sagesse du président de leur pays cette année-là, Nelson Mandela. Un sujet qui peut vite se révéler casse-gueule. La bande-annonce laisse sur sa faim. Pourtant, au final, « Invictus » n’est rien d’autre qu’un chef-d’œuvre, un très grand film signé Clint Eastwood, magnifiquement interprété par un acteur en osmose avec son réalisateur, Morgan Freeman. Et avant d’aller plus loin, un petit aperçu de cette magnifique histoire...
Quatre ans après avoir été définitivement libéré par le gouvernement sud-africain, Nelson Mandela devient le premier président noir de son pays. Sa tâche est colossale, l’Apartheid est là, la pauvreté, les inégalités, les violences... Pourtant, l’homme ne renonce pas, n’hésitant pas à oser prendre des décisions très critiquées, et se lançant même dans un défi qui pour lui va être un grand pas en avant pour la réunification de son peuple noir et blanc : faire jouer l’équipe nationale des Springboks lors de la Coupe du monde de rugby qui se tiendra justement en Afrique du Sud un an plus tard, et fédérer l’ensemble du pays pour supporter les joueurs jusqu’à la victoire.
Les biographies des grands hommes au cinéma, qu’elles soient complètes ou centrées sur un évènement, échappent rarement à un académisme plus rebutant que passionnant comme pour « Gandhi », ou à un parti-pris aux finalités similaires comme avec « Nixon » ou « W. ». En connaissant le sujet de « Invictus », même sous la direction de Clint Eastwood, et confirmé par une bande-annonce pas des plus accrocheuse, le film ne partait pas gagnant. Et pourtant, quelle magistrale réussite. En quelques minutes, l’ensemble des protagonistes est mis en place, la personnalité de Mandela (Morgan Freeman, impérial, tout en retenue, simple, ne cherchant jamais à « surjouer », et pour une fois, un Oscar biographique mille fois mérité !) est présentée, sa politique apparaît clairement, tout cela sans lourdeurs, mais simplement, intelligemment, avec une sobriété qui force l’admiration tant les intérêts à venir sont vitaux pour l’avenir de l’Afrique du Sud. Après, il ne reste plus qu’à mettre en place l’évènement de 1995, cette fabuleuse coupe du monde, avec la résurrection de l’équipe des Springboks au travers d’un président qui sut utiliser la force de leur leader (campé par un Matt Damon transformé en Afrikaner sportif en pleine forme !) conscient des changements de son pays pour leur faire conquérir un titre mondial. Tout au long du film, on admire le courage d’un homme au travers de certaines de ses actions qui à priori ne revêtent pas d’importance majeure mais qui au final, sont parmi les pierres de base de la reconstruction d’un pays. Ce même homme qui possède aussi des faiblesses d’homme, liées à ses responsabilités de président d’une terre meurtrie, et ses simples tracas personnels, comme sa relation avec sa fille, petit leitmotiv commun à pas mal de film d’Eastwood... En deux heures dix, on en réapprend beaucoup, mais surtout, au fur et à mesure que le match ultime arrive, on se passionne pour ce moment historique de l’Afrique du Sud, on commence à vibrer, on est souvent ému jusqu’à l’apothéose finale. Aucun faux pas, aucune fausse ligne, et là où Clint Eastwood n’avait pas réussi son film historique avec « Mémoires de nos pères » (un peu lourd, alors que son « Lettres d’Iwo Jima » est superbe...), il signe avec « Invictus » une page d’histoire encore plus forte et importante, qu’il emmène jusqu’au bout avec maestria. Simplement, comme d’habitude. Et « Invictus » est un des rares chefs-d’œuvre du genre.

St. THIELLEMENT



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