– Et moi qui croyais qu’on ne pouvait pas brûler un ogre...
– Détrompez-vous maître forgeron, tout est une question de température. Je me permet à ce sujet de vous recommander le recueil de Léonardo Coudrier, "à bon soufflet, bon feu".

En pleine guerre civile trois individus cherchent un trésor en s’alliant ou en s’affrontant selon les circonstances. Le Bon, la Brute et le Truand ? Non, l’Ogre, le Nain et la Demi-Elfe. Cela n’a donc rien à voir avec le film de Sergio Leone. De plus :
– l’escroquerie ne concerne pas la pendaison d’un outlaw, mais le bûcher d’un ogre
– le conflit n’a pas lieu entre le Nord et le Sud, mais entre l’Est et l’Ouest.
– le trésor n’est pas caché dans la tombe d’un cimetière militaire, mais dans l’ossuaire d’un puissant sorcier.
– les cris lors des séances de torture dans le camp de prisonniers ne sont pas dissimulées par la musique d’un orchestre, mais par le tonnerre d’un orage créé par la magie.
Evoluant dans un monde de fantasy connaissant les armes à feu ( peut-être pour évoquer le contexte historique de la guerre de Sécession ? Ah oui c’est vrai, cela n’a rien à voir) nos trois héros foncent vers leur objectif. L’Ogre Frozen suicidaire et alcoolique cherche un moyen de mettre fin à son immortalité, le Nain Sadwin s’efforce de reconquérir son trône, quant à Laam la Demi-Elfe vénale et incendiaire ( il ne s’agit pas de seulement de son caractère) ses buts semblent strictement pécuniers.
La noirceur des comportements est partout présente : du charnier des champs de bataille, à l’antre des guérisseurs où les blessures peuvent être soignées moyennant finance. On trouve parfois une parcelle d’humanité comme cette petite fille qui pleure car...elle ne pourra pas voir l’ogre brûler, sa maman l’obligeant à se coucher tôt. Dans ce monde où les caractères des personnages ressemblent énormément à ceux de notre univers, les auteurs ont démontré que la fantasy n’implique pas forcément la notion d’héroïc-fantasy.
Signalons la présence à la fin du premier tome d’une galerie où des dessinateurs ( Paul Bordelau, Achile, Antoine Brivet, Bena, Christophe Alliel, David Cerqueira, Eacone, Gag, grelin, Gwendal Lemercier, Hervé Duphot, Jacques Lamontagne, Louis, Marc Simonetti, Micabd, Mick & Fab, Nicolas Demare, God Serriere, Stambecco, Philippe Fenech, Sandro Masin, Stepgane Bileau, Tipim & Yohan) ont représenté les personnages avec leur propre style.

Damien Dhondt

Scénario : Jean-Luc Istin & Nicolas Pona, Dessin : François Gomes, Couleurs : Stambecco & Camille Bricod _ Les Terres de Sienn, tome 1 : L’Héritage de Yarlig, tome 2 : Le Souffle d’Absynthe _ Edition : Soleil _ mai 2008, novembre 2009 _ Inédit, grand format, 56 pages couleurs _ 12,90 euros