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  Sommaire - DVD -  S à Z -  The Wrestler (Id.) - Edition Blu-ray (France)
"The Wrestler (Id.) - Edition Blu-ray (France) "
de Darren Aronofsky
 

Avec Mickey Rourke, Marisa Tomei, Evan Rachel Wood
Warner Home Vidéo

« The Wrestler » est LE film de Mickey Rourke, celui qui l’a complètement sorti des limbes. L’acteur star de « Angel Heart » et « L’année du dragon » s’était volontairement éloigné des plateaux de cinéma, à part quelques brèves apparitions histoire de cachetonner un peu (comme dans « White Sands » ou « The Rainmaker ») avant que Tony Scott l’engage pour son « Man on Fire » et que Robert Rodriguez lui confie le rôle de Marv dans « Sin city » : il a la gueule de l’emploi, Rourke explose littéralement. Il retrouve Scott pour son déjanté (et pas si mal que ça, finalement...) « Domino », s’égare dans des productions merdiques comme « Stormbreaker » avant d’endosser le personnage de Randy « The Ram », ce catcheur qui ne vit que sur un ring, adulé par ses fans. Pour Rourke, les récompenses pleuvent, à Venise (coupe Volpi du meilleur acteur), à Hollywood (Golden Globe du meilleur acteur), aux Oscars (nomination comme meilleur acteur, la statuette allant dans les mains de Sean Penn pour « Milk »), les rôles s’enchainent plutôt en bien qualitativement (le méchant de « Iron Man 2 », « The Expendables » de son ami Stallone, le remake de « 13 » au casting incroyable, etc.). Fini l’oubli, bienvenu dans le monde des vivants...
Gloire en son temps des rings du catch, Randy « The Ram » n’est plus aujourd’hui qu’une légende qui vivote au gré de petits matchs dans les villes oubliées. Ce soir-là, Randy se retrouve à l’hôpital suite à une attaque cardiaque. Se rendant compte de la fragilité de son cœur due à l’excès d’anabolisants et de combats très physiques malgré une mise en scène calculée, Randy commence à se retourner sur sa vie, vouée uniquement à son métier. Et quand il participe à une séance de dédicaces en même temps que d’autres gloires du catch, il réalise que pour beaucoup, la solitude et la misère semblent être leur nouveau quotidien. Poussé par une amie strip-teaseuse, Randy cherche alors à renouer le contact avec sa fille qu’il a presque abandonnée quelques années auparavant. Une première rencontre qui se solde par une réaction violente, mais à son contact, Randy semble revivre. Il persistera, réussira presque avant de céder la place à de vieux démons qui l’amèneront de nouveau sur un ring, le seul endroit selon lui où il se sente aimé...
Le catch, ce sport si adulé aux USA plus qu’ailleurs, ne donne à ses « stars » qu’une vie de rêve limitée. Ce que montre parfaitement « The Wrestler » qui ne cherche aucunement à marcher sur les traces d’un « Rocky », comme certains l’ont vite annoncé. Bien au contraire, au bout du chemin, au bout de la vie de Randy, il n’y a plus que sa légende qu’il entretient au travers de meetings et autres séances pathétiques de photos et dédicaces avec ses fans. Et quand enfin, il arrive à retrouver un début de sens à sa vie avec sa fille, tout est gâché en quelques minutes par sa notoriété auprès d’une groupie d’un soir. Bref, il est difficile d’éprouver quelque chose pour un tel personnage qui résumé tout à une carrière qui peut rapidement l’enfermer dans un ghetto de solitude et d’égoïsme. Et si « The Wrestler » suscite un sentiment affolant de peur à la vue d’une telle existence (un peu comme ces vies gâchées dans « Requiem for a dream »...), il arrive aussi à nous émouvoir aux larmes lors d’une confession bouleversante, celle d’un homme qui a raté sa vie de père et l’amour de sa fille. Une scène magnifique, où Mickey Rourke nous rappelle le très grand acteur qu’il peut être. C’est lui qui fait exister « The Wrestler », lui qui donne vie à une tranche de vie si morne et terne qu’on peut la côtoyer sans s’en rendre compte, un peu comme dans cet autre film sur la misère de l’ordinaire qu’est « Frozen river » (enquiller l’un à la suite de l’autre, et c’est la déprime assurée !). Chef-d’œuvre ? Non, il lui manque une force émotionnelle qui transcenderait le sujet. En l’état, « The Wrestler » est un excellent film, et assurément, le meilleur rôle de Mickey Rourke, période « renaissance ». Maintenant, le Blu-ray : bon, déjà à la base, le film joue volontairement la carte d’une photographie réaliste donc l’image ne sera pas aussi magnifique qu’un film « normal ». Mais justement, l’image est telle qu’elle fut souhaitée par Aronofsky donc en même temps « granuleuse » et détaillée et aux couleurs parfaitement contrastées, même quand le gris domine ! De l’excellent travail avec un matériau pourtant pas aisé à maitriser. Côté bonus, un making-of certes intéressant mais où Mickey Rourke ne viendra jamais parler (alors qu’il y eut lors de la sortie une excellente interview de l’acteur, revenant sur sa traversée du désert et sur un milieu professionnel, celui du cinéma, pas si éloigné que ça de celui du catch, sur certains points...) et surtout une « table ronde » où de vieilles stars du catch viennent parler du film. Point commun : chacun pense à sa gloire passée... Autrement, un présent pas si reluisant que ça, comme dans le film : entre un qui a découvert Jésus, lequel l’a aidé à s’en sortir (ben voyons !), l’autre qui souffre de séquelles physiques, etc... Si, parmi eux, il y en a un qu’on connait bien, dans le cinéma : Roddy « Rowdy » Piper, star du petit chef-d’œuvre de John Carpenter, « They live », qui raconte ce qu’un critique de cinéma a dit de lui lors de la sortie du film : « Vous croyez que les catcheurs jouent la comédie ? Attendez de voir Piper dans « They live » pour vous prouver le contraire ! ». Les catcheurs ont aussi de l’humour, ce qui compense ces bonus un peu maigres, où manque désespérément un petit quart d’heure en tête à tête avec Mickey Rourke.

Film : 9/10
Blu-ray : copie excellente, format d’origine 1.85, image 16/9ème -Bonus (vostf) : 6/10 : making-of (45 mn) - documentaire (18 mn) : table ronde avec des catcheurs - bandes-annonces.

St. THIELLEMENT



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