– Que se passe-t-il, sergent ? demanda Kléber.
– Ne vous inquiétez pas, monsieur...
Et comme pour démentir ses propos, on entendit, vrillant les oreilles, le sifflement caractéristique d’un drone de combat en phase d’attaque suivi d’une explosion sèche qui ébranla tout le train et déséquilibra le "regio".

Kléber Mangin s’éveille dans une France ravagée par le libéralisme qui connaît des épidémies régulières, des émeutes, des attentats éco-terroristes et l’effet de serre. Les Flash infos se commençant toujours par "Bonjour chez vous" (1) l’informent également de la grève dans les mines lunaires et des mouvements de l’Armée Fédérale Européenne vers les communes libres autoproclamées de Londres et de Rouen.
Car Rouen (2) fait partie du Dehors. Ce terme regroupe depuis la loi de la Séparation les territoires où sont parqués les "Outers", la population des quartiers pauvres de l’Europe. Seuls ont le droit d’y accéder les milices privés venus prélever des organes. D’où rébellion, raids à l’extérieur, répression.
Kléber évoque Rouen avec nostalgie. Il n’est pas comme ces psychonautes qui se droguent au Léthonyl pour revoir des personnes de leur passé. Non, ses souvenirs bien réels concernent Fadila Zouari son amour passé qui dirige actuellement la rébellion de Rouen. Or c’est à proximité de Rouen assiégée par les troupes fédérales que Kléber est invité par une vieille connaissance à une garden-party de l’hyperclasse capitaliste. Coïncidence ?
L’auteur nous présente un monde pré-apocalyptique. Lorsque la boite de Pandore a été ouverte, les fléaux ont été lâchés sur le monde et il n’est demeuré que l’Espérance. Ici elle a pour nom nostalgie.

(1) toute personne ne reconnaissant pas l’allusion à la série TV "Le Prisonnier" est invitée à faire un séjour prolongé au "Village"
(2) ville natale de Jérôme Leroy

Damien Dhondt

Jérôme Leroy _ Le Cadavre du jeune homme dans les fleurs rouges _ Edition Du Rocher, 2004 , collection Novella _ Inédit, poche, 110 pages _ 11,90 euros