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  Sommaire - DVD -  M - R -  Master and commander, de l’autre côté du monde (Master And Commander, The Far Side Of The World) - Edition Blu-ray (France)
"Master and commander, de l’autre côté du monde (Master And Commander, The Far Side Of The World) - Edition Blu-ray (France) "
de Peter Weir
 

Avec Russell Crowe, Paul Bettany, James D’Arcy, Billy Boyd
Universal Vidéo

Dans le cinéma d’aventures, les films maritimes avec pirates et corsaires ne courent pas les rues. D’abord parce que c’est limité par l’époque donc on revient vite toujours aux mêmes histoires, ensuite à cause de la logistique monumentale si on souhaite un tournage en extérieur. Bien sûr, l’énorme succès de la trilogie (qui bientôt va devenir « tétralogie »...) de « Pirates des Caraïbes » pourrait laisser penser que le genre a de beaux jours devant lui (on parle même d’un remake de « Captain Blood » par Phillip Noyce pour 2011, alors...). Il fut un temps, oui. Surtout dans les années 50-60, avec des films tels que « Barbe Noire le pirate », « Les bagnards de Botany Bay », « Le corsaire noir », « Surcouf, le tigre des sept mers », « Capitaine Morgan » et toutes les productions italiennes qui trouvèrent là un fabuleux creuset d’inspiration, pour le plus grand bonheur d’un public avide d’exotisme et de dépaysement (car il y avait beaucoup de tournage en extérieurs...). Puis, fin des années 60, le rideau tomba. Il y eut quelques tentatives de résurrection telles que le très moyen « Pirates de l’Ile Sauvage » avec Tommy Lee Jones, un peu dur à revoir aujourd’hui tant tout y est propret avec coiffures sorties de chez Carita, ou le lourdingue « Pirates » de Polanski. Mais celui qui ressuscita vraiment le genre fut l’injustement méprisé « Cuthroad Island » (« L’île aux pirates ») de Renny Harlin avec Geena Davis en flibustier. Tourné avec des moyens colossaux, divertissant, enlevé, le film se vautra tellement au box-office qu’il coula la Carolco ! Et c’est le nouveau millénaire qui fit renaitre le « swashbuckler movie » (nom donné au genre, et qui aussi le titre d’un film de pirates avec Robert Shaw, pas le meilleur non plus...) avec la trilogie des « Pirates des Caraïbes » dont on sauvera largement les deux premiers volets pour mieux oublier l’indigeste troisième, et surtout avec ce superbe « Master and commander », peut-être le seul vrai chef-d’œuvre intelligent et sérieux du genre, signé Peter Weir et qui donna à Russel Crowe un de ses plus grands rôles. On attendait de pied ferme l’édition Blu-ray, sortie ailleurs dans le monde chez Fox sans bonus, aujourd’hui disponible chez nous avec un magnifique making-of. Et si le Blu-ray avait été un petit peu plus parfait, cette édition eut été une référence !
Au début du 19ème siècle, le capitaine Jack Aubrey est aux commandes d’un vaisseau chargé d’intercepter tout navire qui pourrait menacer les intérêts de la couronne britannique. Un matin, une confrontation l’oppose à un vaisseau français. Réussissant à s’en sortir sans trop de dommages, Aubrey reconnait alors le danger représenté par son ennemi : il décide de le poursuivre, et de gagner coûte que coûte la bataille qui les opposera.
Inspiré par les récits d’aventures de Patrick O’Brian (dont Peter Weir parle longuement dans un des bonus), « Master and commander » se révèle être de la part du cinéaste australien son film le plus colossal, ambitieux et fou. Car en plus de revenir à un genre qui traité sérieusement n’est pas le plus lucratif qui soit, ce diable d’homme le tourna en décors réels, avec vaisseaux reconstitués et tournage en pleine mer. Mais tant de moyens sans une bonne histoire derrière, c’est le naufrage annoncé. Il n’en est rien ici : en respectant au mieux les récits d’O’Brian, Weir donne au genre sa première magistrale réussite. Que ce soit entre les conflits guerriers ou la vie au quotidien sur ces « seigneurs des mers » qu’étaient ces bateaux, rien n’est laissé au hasard, tout respire l’authenticité, servie en plus par un vrai sens de l’écriture et de la mise en scène pour faire revivre ces épopées de flibusterie et autres pirateries. Le spectacle est au rendez-vous, en même temps qu’une plongée historique dans le passé jusqu’ici jamais aussi bien traitée. Pour sa sortie française en Blu-ray, Universal avait annoncé une édition exemplaire techniquement. Elle l’est quant au piqué des couleurs, superbes entre ciel et terre, l’Atlantique et les îles Galapagos. Cependant, elle n’est pas parfaite : on notera de temps en temps de légers fourmillements sur certains plans. Là où on attendait une image immaculée, on a quelque chose de superbe mais pas autant qu’annoncé. Autrement, niveau sonore, le bonheur est total, les batailles trouvant des échos somptueux via les canaux. Et reste les bonus : bon, il y en a un qui mérite à lui seul la note maximale, c’est ce long making-of passionnant, où tout nous est révélé. C’est simple, vous venez de voir le film, ça vous a passionné, vous jetez un coup d’œil sur ces « Cents jours » et vous restez jusqu’au bout, et voilà, votre soirée est complète ! Après, il ne reste plus qu’à ranger soigneusement en bonne place dans la Blu-raythèque ce « Master and commander » qui confirme ses énormes qualités, et dont l’édition Blu-ray, quasi parfaite, lui donne comme à beaucoup d’autres l’écrin haut de gamme qu’il méritait.

Film : 10/10
DVD : copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3 - Bonus : 10/10 : « Les cents jours » : making-of - documentaire sur l’auteur, Patrick O’Brian - les coulisses du tournage - scènes coupées - jeux interactifs - piste audio isolée.

St. THIELLEMENT



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