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  Sommaire - DVD -  A - F -  Borderland (Id.) - Edition zone 2 (Inédit)
"Borderland (Id.) - Edition zone 2 (Inédit) "
de Zev Berman
 

Avec Brian Presley, Rider Strong, Sean Astin, Martha Higareda
Metropolitan Vidéo
Après « Farm house », « Waz », les inédits vidéo continuent dans la qualité avec ce traumatisant « Borderland ». Une sorte de « Hostel » en pire, car inspiré d’évènements réels. Certes, une accroche souvent galvaudée à tort et à travers, mais qui ici est prouvée par un documentaire ahurissant narrant les vrais faits avec interviews filmées des « acteurs » de cette folie meurtrière. Mais attention : voyez d’abord le film et ENSUITE le documentaire, pas l’inverse, car la réalité est pire que la fiction, vous verrez pourquoi...
A la fin d’une année scolaire, trois étudiants américains décident de passer la frontière et d’aller faire la fête au Mexique, dans une bourgade située juste de « l’autre côté ». Henry est un chien fou, Ed est le plus posé et il vient juste de refuser son admission dans une grande université, et Phil est toujours puceau. Henry lui « offre » une fille mais quand Phil découvre qu’elle est aussi mère d’un bébé, il décide de faire plus pour elle. Et en sortant de sa maison, en pleine nuit, il est kidnappé par les hommes de main d’un gros narco-trafiquant pratiquant aussi un culte satanique pour aider ses « affaires ». Pour lui, Phil est un sacrifice de choix à sa divinité maléfique. Au matin, Henry et Ed découvrant la disparition de leur ami décident de retarder leur départ. Mais là-bas, la police ne fait plus la loi et ils deviennent très gênants. Et pour des tueurs pouvant agir inopinément en plein jour devant tout le monde, ils ne sont rien d’autre que deux touristes à tuer, deux cadavres de plus à mettre dans une fosse commune.
Et c’est vrai. Au même titre que les pauvres filles de la ville de Juarez (dont le sujet fut traité dans une série Z de luxe avec Jennifer Lopez et Antonio Banderas, « Les disparues de Juarez »), disparaître dans certains endroits fait littéralement partie du quotidien, mourir en plein jour assassiné par un tueur ne suscitera aucune réaction par peur de représailles, et la torture est un jeu pour certains désaxés protégés par leur puissance. Si cette macabre découverte à été mise à jour il y a quelques années, c’est parce qu’un étudiant américain avait disparu. Autrement, avant, plus de cinquante personnes avaient été torturés, mutilées, tuées et enterrées dans une force commune, personne ne faisait rien. Cela aurait pu continuer encore quelques temps... Loin de faire dans le voyeurisme gratuit, le film de Zev Berman est d’une force peu commune, s’appuyant vraiment sur l’ensemble des faits, sur les personnalités des tueurs, leurs motivations complètement ahurissantes (badigeonner un camion de sang pour devenir invisible aux yeux des policiers !!!). Ensuite, il y a un travail d’adaptation pour en faire un film d’horreur percutant, les tueurs ayant vraiment de sales gueules (alors qu’en vrai, c’est pire...), l’un d’eux rappelant Michael Berryman, le chauve de « La colline a des yeux » de Craven (le seul connu étant Sean Astin, en temps normal toujours bonne pâte comme Sam Gamgee dans « Le seigneur des anneaux », ici complètement taré !). Il s’attache aussi aux portraits des étudiants, très cons (comme tous ces étudiants américains avec leurs fêtes de fin d’année passées systématiquement au Mexique, pays pas regardant du tout sur certains interdits...) dont le plus stable, Ed, est campé par le sosie de Jim Caviezel. Nanti d’un scénario bien bétonné, il ne lui reste plus qu’à trouver le juste ton pour restituer l’ambiance souhaitée, mélange de fêtes dépravées avec une population vivant plus souvent dans la misère, exploitée par de riches américains et des pourritures locales. Le Mexique n’a vraiment pas bonne réputation depuis quelques années, ça change progressivement par le courage de personnes qui veulent changer un peu le quotidien de terreur et de pauvreté des populations du pays : enlèvements crapuleux, viols, meurtres, trafics, tout cela commence à être enfin endigué par des hommes voulant redonner un sens à certaines valeurs. Ca ne se fera pas rapidement, mais dans le cas présent, la réaction d’un flic local à l’encontre de l’abomination décrite dans le film et à laquelle on est confronté réellement dans le documentaire reprenant toute l’affaire, montre que certaines limites sont atteintes et font réagir, malheureusement trop tardivement pour beaucoup d’innocents... Pour revenir au film, c’est de l’horreur pure que montre aussi Zev Berman, pire donc que celle d’ « Hostel » car elle est exécutée avec un sang-froid qui n’a plus rien d’humain, simplement le faits de dégénérés possédés littéralement par leur puissance acquise via un caïd halluciné : énucléations, membres coupés à la machette, rien ne nous est épargné mais pris dans ce contexte, le résultat est assez traumatisant. Tout comme les réactions extrêmes d’Ed, dépassé par tant d’horreurs et qui ne se pose plus de questions. Véritable choc, surprenant par tant de violences, parfaitement bien maitrisé sur un plan cinématographique (on aurait pu tomber dans la série Z, ce n’est jamais le cas...), Zev Berman étant en plus très doué et ayant compris sous quel angle traiter son sujet, « Borderland » est un inédit (mais pas un produit direct pour la vidéo, soyons clairs !) qui comme « Farmhouse » et « Waz », mérite amplement plus qu’une sortie discrète sur les rayons vidéo. En soi, il est largement supérieur à beaucoup de films ayant la chance de sortir sur grand écran, mais ça, ce n’est pas nouveau. A noter enfin qu’en plus du documentaire sur l’enquête de ces massacres, les bonus proposent justement un making-of passionnant sur le travail de Zev Berman pour mettre en place son second long-métrage, pas passé inaperçu dans beaucoup de festivals mais trop extrême pour mériter plus qu’une sortie vidéo. Une injustice aujourd’hui réparée, consacrant un sacré bon cinéaste, cet inconnu qui ne l’est plus, Zev Berman.

Film : 9/10
DVD : copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3 - Bonus : 10/10 : documentaire : « Rituels de sang », l’histoire vraie de Matamoros - making-of - bande-annonce - bonus caché : l’élection de Miss Horrorfest 2007.

St. THIELLEMENT



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