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  Sommaire - DVD -  M - R -  Phénomènes (The Happening) - Edition Blu-ray (France)
"Phénomènes (The Happening) - Edition Blu-ray (France) "
de M. Night Shyamalan
 

Avec Mark Wahlberg, Zooey Deschanel, John Leguizmo, Betty Buckley.
20th Century Fox Home Entertainment

On ne présente plus M. Night Shyamalan. Propulsé en haut du box-office avec son troisième film (hé oui, mais ceux d’avant n’ont pas eu beaucoup de répercussions ni même de sorties chez nous...), « Sixième sens » avant de signer le seul chef-d’œuvre à ce jour de sa carrière avec « Incassable » avant de retrouver le top (en millions de dollars) avec « Signes », le cinéaste commença à perdre de sa prestance avec le pourtant bon « Le village » que suivit l’intéressant mais prétentieux « La jeune fille de l’eau ». C’est simple, la recette Shyamalan ne fonctionnait plus : on attendait le coup de théâtre, au point de le deviner (la fin du « Village »...), et forcément, au bout d’un moment, ça ne passe plus.
Shyamalan change un peu d’inspiration, fait « La jeune fille de l’eau » et se vautre par des idées trop narcissiques (déjà qu’il tire souvent la couverture à lui dans les bonus, qu’il se ménage toujours une séquence dans le film avec lui) au point de s’arroger carrément un rôle complet, celui d’un écrivain qui pourrait sauver le monde via ses œuvres... A ce point-là, on n’attendait plus grand-chose de « Phénomènes ». Mais la curiosité est toujours là, et même dans le pire, il y aura toujours quelque chose d’intéressant chez Shyamalan. La preuve en est « Phénomènes », qui se digère bien mieux à la seconde vision.
Tout a commencé un simple matin : à Central Park, des gens se sont suicidés, comme ça, sans raison apparente. Un peu plus tard, des ouvriers en bâtiment se jetaient dans le vide du haut de leur building en construction. Jeune professeur, Elliott Moore et ses collègues sont autorisés à libérer les étudiants et à partir : des terroristes ont attaqué New-York ! Les gens fuient alors la ville, Elliott part avec sa femme Alma, un collègue Julian et sa fille Jess. Mais sur la route, les morts sont nombreux, certains continuant à se tuer. D’où vient la menace ?
A la revoyure, il y a de très bonnes choses dans « Phénomènes » et d’autres très mauvaises. Commençons par ces dernières avec pour ouvrir le bal Mark Wahlberg himself, qui n’a jamais été aussi mauvais. Le voir en prof de physique ou biologie n’est absolument pas crédible, malgré son déguisement (polo à manches courtes sur chemise : une horreur !). Il est ensuite attaché à une histoire de couple avec sa femme Alma : rebelote, non seulement on n’y croit pas mais en plus, pour plomber le récit, ça se pose là ! Reste l’histoire, complètement invraisemblable mais en même temps, étrange, intrigante, inquiétante : quand la nature se rebelle, l’homme n’est rien. Le superbe « Long week-end » avait déjà exploré un peu le sujet, Shyamalan va plus loin. Il sait doser ses effets, ménage quelques scènes chocs (la mort des deux gosses devant la maison des braves américains peureux mais armés jusqu’aux dents !), arrive à nous faire avaler l’inconcevable et au final, livre un film qui ne laisse pas indifférent. Raté, maladroit mais tout de même plus réussi que le précédent (qu’il faudrait que je revoie, tiens...). Comment ça se passe dans sa tête, on l’ignore, on fera un jour un grand dossier sur lui (quand on aura l’interview, pas demain la veille...) mais Shyamalan en a encore à revendre. Sa mise en scène, tantôt lourdingue, tantôt inspirée, séduit aussi. Et le bonhomme de signer au final une œuvre qui pourrait bien se bonifier avec le temps. Par contre, l’édition Blu-ray ne nous gratifie pas d’une copie aussi somptueuse qu’on s’y attendait au vu d’un film récent : l’image est parfois terne, manquant singulièrement de piqué et de définition. Par moments, on retrouve le support Blu-ray mais sur la totalité du métrage, ce n’est pas vraiment ça... Quant aux bonus, sous des airs banals, ils sont plus intéressants qu’il n’y parait : déjà, il y a la fonction « P.I.P. » ou « making-of pendant que vous regardez le film », à savoir la petite lucarne qui s’ouvre durant le film pour montrer le tournage. En fait, ce sont un peu plus de trente minutes de « tournage » disséminées durant le film à des moments clefs : l’anecdote sur le générique avec les nuages (vous verrez, vous verrez...), le choix de l’acteur (« Mark s’imposait de plus en plus, non pas l’acteur mais l’ami, celui avec qui je discute et plaisante ! » dixit Shyamalan), etc... On peut voir l’intégralité hors du film aussi. Il y a aussi « Une journée de tournage avec Night » : on le voit perfectionniste, on voit aussi que sur le tournage, ce n’est pas vraiment le stress, ça déconne souvent, le directeur de la photo Tak Fujimoto flâner dans son coin (limite vivre sa vie, bizarre...), etc... Et enfin, l’étude d’une séquence, celle de l’accident de la jeep : c’est simple, on n’y voit que du feu ! « J’aime eles effets numériques à condition qu’on ne les voit pas », affirme Shyamalan. Et là, c’est bluffant : un mélange de prises réelles, de trucages mécaniques et de cascades (avec un passage marrant où l’acteur sort en dansant et chantant « On n’est pas morts ! »). Le reste étant d’un intérêt moindre (les scènes rallongées, les gags du tournage, bof, bof...). Voilà, au final, une interactivité plus conséquente que les simples bonus dits « commerciaux », plus riches donc, qui vient en complément d’un film qui, au final, n’est certes pas le meilleur de M. Night Shyamalan, tout en ayant le mérite de retrouver au moins certaines des qualités d’un des cinéastes les plus intéressants du moment.

Note film : 6/10
Blu-ray : copie bonne, image Haute Définition 16x9 1.85 :1 - Bonus : 7/10 : making-of -documentaires sur des scènes clefs du film - une journée avec M. Night Shyamalan - premier montage - bêtisier - tournage d’une scène - 4 scènes « coupées » - option « Picture in Picture ».

St. THIELLEMENT



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