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  Sommaire - Films -  A - F -  Eden Lake
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"Eden Lake " de James Watkins

 

Réal. & scénariste : James Watkins
Avec : Kelly reilly, Michael Fassbender, Jack O’Connell, Thomas Turgoose.
Distribué par La Fabrique de Films.
90 mn.
Sortie le 8 Octobre 2008.
Note : 4/10.

Après « The Descent », « Wilderness », « Creep » & « Severance » pour n’en citer que les meilleurs, voici le petit dernier des films d’horreur made in Britain. De l’horreur pure et dure, pour une sorte de survival à la « Chiens de paille » qui va déclencher les passions : « Eden Lake », vous allez l’adorer ou vous allez le détester comme rarement vous avez détesté un film. Maintenant, avant de rentrer dans le vif du sujet, une remarque concernant l’affiche française : elle est nulle, il faut bien le dire. « Vivez l’expérience Eden Lake », associé à « Attention aux enfants » sur un panneau signalétique, forme un ensemble d’une laideur gratinée. Voilà, c’est dit, on passe au film.
Jenny et Steve, jeune couple très amoureux, décide d’aller passer le week-end à la campagne, aux abords d’un site constitué d’un lac formé par une ancienne carrière et qui va être urbanisé pour devenir un centre balnéaire répondant au doux nom de Eden Lake. Arrivés sur place, ils sont dérangés par un groupe d’adolescents qui leur fait bien comprendre qu’ils n’en ont rien à battre de gâcher ainsi leur tranquillité. Mais quand Steve va leur parler et qu’un geste malheureux tue le chien de la bande, leur chef Brett devient fou. Commençant par voler leur voiture, ils vont torturer Steve avant de poursuivre Kelly pour la faire taire. N’ayant plus le choix, la chasse peut commencer : pas de survivants, pas de pitié, pas de scrupules. Pour Kelly, la lutte sera à mort, et le cauchemar ne finira jamais.
Bon, les enfants maléfiques et meurtriers, on a vu ça dans « Les Révoltés de l’an 2000 » (revu récemment via sa sortie DVD, toujours aussi puissant malgré son grand âge), et autres « Children of the Corn ». Ici, on rentre dans un contexte réaliste, voir social : la campagne anglaise abrite des délinquants juvéniles dont certains sont des psychopathes en puissance, des concentrés de rage refoulée. Tout cela aurait pu être bien, si James Watkins avait mieux canalisé son scénario. Ce qui n’est pas le cas, ça part dans tous les sens, avec le maximum d’excès, sans se soucier de la crédibilité de ce qu’il montre, constituant un des plus gros défauts du film. Mais ce ne serait rien si au moins il y avait une progression du changement d’attitude des adolescents futurs tortionnaires et meurtriers. Il n’en est rien, dès le départ, leurs actes sont barbares. Pourtant, et là, on touche à un bon point du film, Watkins a su trouver des interprètes étonnants, jeunes acteurs de théâtre venus de milieux dits difficiles : ils ont tout en eux, la hargne, la colère et la mort dans leur regard. Là où un Sam Peckinpah avait l’intelligence (et le talent) de transformer des agneaux en loups, Watkins lui plonge immédiatement dans l’horreur avec ses adolescents totalement dépourvus de morale. Et l’horreur, il y en aura, ne nous épargnant rien, et même en étant habitué, on ne peut que reconnaître que Watkins sait créer des images chocs aux limites du supportable. Mais au final, d’une histoire qui aurait pu gagner en suspense, en thriller social réaliste débouchant sur l’horreur, on a plus l’impression d’assister simplement une bande horrifique aux limites de la simple boucherie, bâclée plus qu’autre chose. Et c’est ce qui énerve considérablement, ce parti pris de donner immédiatement de l’horreur via des adolescents assassins définis ainsi dès la première image, surtout au travers de Brett (mais l’acteur est impressionnant, encore une fois) et de la fille du groupe. Un peu comme si on avait piqué des personnages d’un drame social de Ken Loach pour les immerger dans un bain de sang ! Maintenant, « Eden Lake » réserve quand même quelques qualités. Outre celles déjà citées, Watkins sait filmer son sujet, ce qui est déjà énorme pour un premier film. Ensuite, et surtout, il y a cette fin, pire que le reste, mais qui confirme que les chiens ne font pas des chats. Des détails avaient déjà mis les sens en alerte, et on comprend mieux l’attachement de Brett à son chien, le seul être vivant qu’il ait jamais aimé, mais la surprise est de taille. Et c’est par ces brefs éléments que « Eden Lake » n’est pas simplement une série Z putassière mais un vrai film d’horreur simplement trop vite torché. Ce qui n’empêchera pas qu’il sera souvent, et légitimement, détesté.

St. THIELLEMENT



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