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  Sommaire - DVD -  S à Z -  Wyatt Earp - Edition Blu-ray (France)
"Wyatt Earp - Edition Blu-ray (France) "
de Lawrence Kasdan
 

Avec Kevin Costner, Dennis Quaid, Gene Hackman, Isabella Rossellini, Tom Sizemore, Bill Pullman, JoBeth Williams
Warner Home Vidéo

C’est marrant comme certains films avec le temps gagnent à être revus, et de ce fait, à être réévalués, en bien ou en mal. Mais quand c’est dans le sens « mal-bien », la surprise n’en est que meilleure. « Wyatt Earp » en est un excellent exemple. C’est vrai que le film est trop long, qu’il décrit plus une grande fresque d’époque avec en point culminant l’épisode du règlement de comptes à OK Corral que cet évènement en soi. Mais justement, tout cela fait du film un grand western, qui prend le temps d’installer son décor, son époque, et ses personnages. Bien moins série B que le simplement pas mal « Tombstone » de George Pan Cosmatos, « Wyatt Earp » souffrirait à la rigueur d’un excès de prétentions, qui en firent le film-fleuve qui en découla. Auréolé de son succès dans le genre avec son magnifique « Danse avec les loups », Kevin Costner porta le projet à bout de bras. L’échec commercial sans appel signa aussi le déclin de sa carrière et le ramena un peu sur Terre. En même temps, il est le meilleur Wyatt Earp jamais vu au cinéma, et son film (car c’est plus son film que celui de Kasdan...), tout en conservant certains défauts trop énormes pour être diminués, se (re)voit avec un plaisir certain, chose qui ne fut pas lors de sa sortie : « Wyatt Earp » se bonifie donc avec le temps. Et aujourd’hui, le support Blu-ray lui donne une nouvelle jeunesse, déjà lancée avec une édition HD-DVD qui n’avait cependant pas traversé l’Atlantique.
A la fin de la guerre de Sécession, le jeune Wyatt Earp retrouve deux de ses frères rentrés vivants du conflit. Le jeune garçon n’a qu’une hâte : partir, découvrir la vie, ce que son père ne peut empêcher. Oeuvrant dans plusieurs métiers, participant à la naissance de l’ouest moderne via le chemin de fer, il se mariera, sombrera dans l’alcool suite au décès de sa jeune épouse, remontera la pente, deviendra croupier avant de récupérer sur sa chemise une étoile de shérif. Le reste appartient à la légende, OK corral, Doc Holliday, Wyatt Earp...
C’est une fresque, dans les bonus, Kevin Costner appuie bien là-dessus, étant complètement fasciné par les destins plus grands que l’homme, des histoires magistrales (suite à la projection de « La conquête de l’Ouest » découverte dans un cinéma quand il était enfant...). Jeune acteur américain propulsé sous les projecteurs (alors qu’il bosse déjà depuis quelques années) en incarnant Elliott Ness dans « Les incorruptibles », il devient une méga-star avec le succès commercial et critique de « Danse avec les loups ». Il enchaine les succès énormes avec « Robin des bois », « JFK », « Bodyguard » (du pire et du meilleur, hein...), joue avec Eastwood dans « Un monde parfait » (échec aux States, très gros succès chez nous), et entame « Wyatt Earp ». Un budget de 65 millions de dollars, des recettes US ne dépassant pas le tiers. C’est le début de la chute, il y aura ensuite le gouffre « Waterworld », et depuis, la carrière de Costner, qui n’est pas quelqu’un de facile au passage, tombe en vrille. Ses films les plus récents sont quasiment tous mauvais (« Rumor has it » avec Jennifer Aniston, « The guardian » et pire encore, « Mr Brooks » où lui seul est à sauver). Juste avant ces flops, deux films sont à tirer du lot : « Apparitions » et surtout son superbe western qui lui vaudra une reconnaissance du public, « Open range ». Comme quoi, le western et Costner, c’est une véritable histoire d’amour. Logique qu’il se lance dans le projet « Wyatt Earp », grande fresque donc, ce qui en constitue les défauts et les qualités. Mais à la revoyure, ça passe beaucoup mieux. On suit ce destin sur les trois heures dix du film, il porte l’étoile au bout d’une heure, Costner se vieillit bien (il passe du jeune homme à l’homme sage avec conviction), et dans l’ensemble, la mise en scène de Kasdan (certainement très fortement épaulé par Costner) restitue bien l’ampleur de la fresque. Le revoir en haute-définition au travers de cette édition Blu-ray ne fait que rajouter au plaisir de redécouvrir l’œuvre, la copie étant réellement magnifique, du détail à la palette de couleurs, « Wyatt Earp » a un destin soigné de ce côté-là. En bonus, une featurette d’époque très conventionnelle, un petit documentaire sur les grands films hollywoodiens présenté par Tom Skeritt, des scènes coupées, et hop, c’est emballé. Une déception compensée par la qualité de la copie, ce qui est déjà énorme (le film a quatorze ans...). Un retour sur le film via des interviews récentes eut été une bonne idée, « Wyatt Earp » ne l’a pas mérité. Et pourtant, encore une fois, c’est réellement un plaisir de redécouvrir ce western, pas un chef-d’œuvre (il manque quand même ces petites choses qui font la différence, peut-être trop appliqué aussi...) mais un grand film, c’est aujourd’hui certain.

Note film : 8/10
Blu-ray : copie magnifique, image Haute Définition 16x9 2.41 :1 - Bonus : 4/10 : scènes coupées - documentaire sur les grands films hollywoodiens et « Wyatt Earp » - making-of d’époque - bande-annonce.

Stéphane Thiellement



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