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  Sommaire - DVD -  S à Z -  Zodiac - Director’s cut (Id.) - Edition Blu-ray (France)
"Zodiac - Director’s cut (Id.) - Edition Blu-ray (France) "
de David Fincher
 

Avec Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Robert Downey, Jr., Anthony Edwards, Brian Cox, Elias Koteas, Dermot Mulroney.
Warner Home Vidéo

Un film, un seul film aura suffit à David Fincher à gagner sa renommée. Peu importe qu’il ait aussi fait « Alien 3 », « Fight club » ou « Panic room », seul « Seven » compte aux yeux du public. « Seven » et son tueur fascinant, ses meurtres cauchemardesques, son ambiance si apocalyptique, tout ce qui en fit le succès qu’on sait. Alors évidemment, quand Fincher annonce qu’il va porter à l’écran une des plus célèbres histoires de serial-killer qui soient (le tueur Scorpio dans « L’inspecteur Harry » en est inspiré), tout le monde veut voir du « Seven ». D’où un accueil un tantinet glacial niveau public, alors que beaucoup s’accordent à qualifier « Zodiac » de chef-d’œuvre, ce qu’il est en plus, tout en démontrant par A + B qu’un maniaque n’a rien de fascinant, tant dans sa personnalité que dans l’horreur de ses actes, et que tout se passe à l’échelle du quotidien du plus lambda des citoyens de n’importe quel endroit du globe, à savoir que même une « star » comme le Zodiac pouvait se révéler n’être qu’un employé modèle habitant à côté de chez vous, normal extérieurement, complètement timbré intérieurement. Tout cela, Fincher le démontre avec une rare maestria, un magistral sens de la mise en scène et de la réalisation, qui nous replonge avec un réalisme étourdissant dans le San Francisco d’il y a quarante ans. Un peu comme si David Fincher nous invitait à remonter le temps et à participer à une véritable enquête policière parmi les plus grandes de la criminalité made in USA, cette vaste terre creuset de tant de serial-killers de tous poils.
A l’aube des années 70, autour de San Francisco, un jeune couple est assassiné dans leur voiture, alors qu’ils stationnaient tranquillement pour profiter amoureusement du calme de la nuit. Vont alors suivre plusieurs autres meurtres, sauvages, brutaux, disparates mais qui vont être revendiqués via des lettres anonymes envoyées au journal The San Francisco Chronicle et signées du Zodiac. C’est le début d’une très longue enquête qui va se dérouler sur deux décennies, terrorisant la population, obsédant les enquêteurs de la police et de la presse, jusqu’à découvrir la possible identité du tueur sans véritablement avoir réussi à prouver définitivement sa culpabilité.
Comme il a été annoncé en prologue, il ne faut pas s’attendre à un « Seven » ayant existé. David Fincher le dit dans les bonus, il a vécu son enfance à San Francisco, et les crimes du Zodiac ont marqué une partie de ses jeunes années. Son défi a été de recréer cette époque, la psychose que le maniaque a suscité, et les vies brisées qu’il a entrainé dans son sillage, qu’elles soient celles des victimes directes ou de toute personne ayant participé à la chasse au tueur. Basé sur le roman de Robert Graysmith, jeune dessinateur fraichement embauché au Chronicle et s’étant plus qu’immergé dans cette affaire, le film se veut une approche réaliste et passionnante des quelques vingt ans qui ont entouré le cas Zodiac. Fincher étant un perfectionniste, on découvrira que beaucoup de scènes ont été tournées en partie en blue-screen pour qu’informatiquement on puisse, derrière le réel, recréer le San Francisco des années 70. Le résultat est bluffant, moins spectaculaire que dans « 300 » mais absolument extraordinaire, vu qu’on ne décèle strictement rien. Et là où on pouvait craindre que l’édition Blu-ray révèle un peu ces « trucages », il n’en est rien. Au contraire, la copie est parfaite (ça devient une habitude de dire ça mais il faut le préciser, car ce n’est pas toujours le cas... Même si c’est rare pour les films récents), et Fincher restitue à merveille un climax très seventies quant à la photographie du film (lumière, look, plans, etc...) qui trouve en Blu-ray le support adéquat pour le visionner chez soi. Maintenant, il s’agit là de la director’s cut, un peu plus longue que la version cinéma et aussi parfois différente sur certains montages de séquences. Avec près de trois heures de métrage, on pourrait s’attendre à un film-enquête long et fastidieux, il n’en est rien. De la première image à la dernière, on est plongés en plein cœur de la Californie du Nord en 1970, le moindre détail nous coupant de la réalité pour mieux nous faire revivre cette période, et nous faire ressentir ce que chacun a vécu à ce moment-là, comme s’en souvient Fincher. Un tour de force qui fait du film le chef-d’œuvre qu’il est, n’en déplaise à celles et ceux qui n’ont pas compris le double but du cinéaste à savoir plonger au cœur de la psychose Zodiac et démontrer qu’un serial-killer n’a rien de l’image fascinante que celui de « Seven » a suscité. Une manière aussi de trancher avec cette image qui lui colle à la peau. Enfin, il y a les bonus avec le commentaire audio de Fincher (toujours passionnant, ce gars est un génie !), on découvrira les trucages visuels cités plus haut, et surtout deux documentaires : un revenant sur l’enquête, et le second sur celui qui - à priori - était le Zodiac. Après la vision du film, c’est ce dernier qu’il ne faut pas rater. C’est un complément parfait, la pièce manquante éventuelle qu’on ressent à la fin de cette histoire. Telle est cette édition Blu-ray du director’s cut de « Zodiac », définitivement le premier vrai chef-d’œuvre de David Fincher, détrônant « Seven » qu’on situera en seconde position, juste en dessous.

Note film : 10/10
Blu-ray : copie magnifique, image Haute Définition 16x9 1.85 :1 - Bonus : 10/10 : documentaires sur le tournage, les effets visuels - documentaire sur tous les aspects de l’enquête - documentaire sur le principal suspect par les enquêteurs, ses proches - commentaire audio de David Fincher - commentaire audio de J. Gyllenhaal, R. Downey Jr, Brad Fisher, James Vanderbilt, James Ellroy.

St. THIELLEMENT



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