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  Sommaire - Films -  S - Z -  X-FILES : I want to believe (X-files régénération)
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"X-FILES : I want to believe (X-files régénération)" de Chris Carter

 

Chris Carter nous offre ici un nouvel opus issu de la série qu’il a lui même créée en 1993. « XFiles : I want to believe » est donc le deuxième film basé sur la série et il sort dix ans après le premier : « XFiles : Fight the Future ».
Tout commence par une intrigue très intéressante gravitant autour d’un meurtre. Les visions d’un ancien prêtre catholique pédophile, le père Joseph Crissman (Billy Connolly) vont permettre de découvrir des indices en relation avec cette enquête. Le FBI est sur l’affaire, mais, apparemment dépassé par ces visions surnaturelles, le bureau fédéral se voit obligé de faire appel aux ex-agents Dana Scully (Gillian Anderson) et Fox Mulder (David Duchovny).
Les deux personnages s’adonnant tout deux à des occupations bien différentes de leur passé de « super » agents au FBI, c’est après de nombreuses réflexions et discussions qu’ils décident de reprendre du service pour cette enquête dans laquelle la vie d’un agent du FBI est en jeu. En fait, et comme toujours, c’est le caractère surnaturel des visions de l’ancien prêtre qui va pousser Mulder à se lancer dans l’aventure, pensant que ces visions pourraient lui permettre de retrouver sa sœur Samantha (disparue lorsqu’elle n’avait que huit ans).
Le film est ainsi lancé. Et alors que l’on s’attend à un Mulder plein de réflexions et de déductions, on a un personnage se laissant guider par Joseph Crissman, lui-même guidé par ses visions pour trouver de nouveaux indices. Il fallait donc simplement croire en ses paroles... L’impression est que ce ne sont que ces visions, inexpliquées, qui feront le plus gros du travail pour l’agent. Le reste de l’enquête sera plus ou moins dû au fait du hasard qui permettra, parfois avec l’impression que c’est uniquement par chance, à nos deux agents de découvrir la vérité. Cependant, cette vérité est plutôt décevante, et déjà vue des milliers de fois... peu d’originalité donc dans l’intrigue finale du film.
Malgré six années d’absences, les acteurs Gillian Anderson et David Duchovny s’en sortent bien dans la reprise de leur rôle alors que d’après leurs interviews, la reprise ne fut pas si facile : « Cela a pris beaucoup plus de temps que je ne le pensais » avoue G. Anderson.
Pour les fans de la série, il vous manquera sûrement la présence de monstre ou d’extra-terrestre, cet épisode n’a de surnaturel que les visions du père Crissman ! Pour les fous d’actions, aucune cascade digne de ce nom dans ce film. On comprend mieux ce manque lorsque l’on sait que le film n’a coûté que 30 millions de dollars. En comparaison, ces 30 millions sont bien moindres par rapport aux 150 millions déboursés pour le nouveau Batman.
En conclusion, ce nouvel « X-Files » est donc plutôt décevant principalement du fait de son scénario dont le final manque totalement d’originalité et son manque d’action. Certains passeront un bon moment à regarder un film moyen en voulant connaître l’intrigue finale, et les autres regretteront d’être venus. Dans tous les cas, vous aurez sûrement tout oublié le lendemain.

Julien Maurel

L’avis d’Alain Pelosato

Souvenons-nous du dernier épisode de la saison 9 de la série (dernier épisode d’une durée double) : avec l’aide de toute l’équipe, Mulder et Scully ont fui. Ils ont retrouvé l’homme à la cigarette qui leur a annoncé l’invasion pour 2012 avant de se faire griller par les hélicos de l’armée.
Dans ce film on retrouve Scully et Mulder séparés et réunis de nouveau pour une enquête.
Chris Carter est obsédé par sa série Millennium qui a été un échec. Il reproduit dans ce film tous les tics (et les TOC) de cette série...
Scully est dans un établissement hospitalier catholique où elle tente de traiter la maladie incurable d’un petit garçon du nom de Christian (ça ne s’invente pas !). Mais que fait Dieu dans ce film ? Elle sert de contact avec Mulder qui est sollicité par le FBI pour retrouver une collègue qui a disparu. Il porte la barbe, mais il va la couper. Plus tard Scully affirmera qu’il y a un traitement pour Christian... avec des cellules souches. On se demande ce que cela fait dans cette histoire. Patience !
Ici, le rôle de Franck Black (le profiler de Millennium) est tenu par un prêtre "convaincu" de pédophilie qui a des visions ; il amène le FBI auprès d’un bras d’homme soigneusement amputé à quinze kilomètres du lieu de l’enlèvement de l’agent du FBI. Un moment, Scully lui répond : « Moi je n’ai pas enculé 37 enfants de cœur » quand il a demandé si Dieu n’entend pas les prières de la jeune femme...
Un sale type enlève une délicieuse jeune fille dans la neige. On est en plein Millennium vous dis-je. Mais quel plaisir ont ces scénaristes à torturer et assassiner de belles jeunes filles ?
Bon... il est également question de Samantha, la sœur de Mulder. Mais c’est juste pour habiller un peu le scénario.
Il y a même une poursuite, mais chez Carter les méchants ne meurent jamais. Seules les victimes meurent.
Dans le genre “docteur de l’horreur” on a vu mieux, et parfois il ne faut pas se prendre trop au sérieux...

Alain Pelosato

L’avis de Hervé Lagoguey, X-fan de la première à la dernière heure.

Comme l’écrit Alain Pelosato, on nage moins dans l’univers de X-Files que dans celui de Millennium, excellente série au demeurant : visions de meurtres ou d’enlèvements, questionnement sur la foi, atmosphère lourde à la limite du sordide, personnages glauques... Nous ne parlerons pas de tromperie sur la marchandise, mais l’incompréhension et la frustration risquent fort d’être au rendez-vous. Nous savions que ce film ne serait pas relié à la mythologie de la série, mais la rumeur, relayée par certains magazines prétendument « sérieux », faisait état d’une histoire de monstre, peut-être d’un loup-garou. Las, ici les seuls monstres sont humains, trop humains.
Si le profil psychologique des agents retraités aux aspirations divergentes est plutôt bien tracé, toute la trame « on reprend du service » n’a rien d’original, et le prétexte de ce retour des experts en surnaturel et extraterrestres est bien mince, voire fallacieux. Le reste est à l’avenant, plombé par une ambiance déprimante à l’excès, un rythme mollasson, et une enquête par trop banale. Scully traîne les pieds, plus préoccupée par son rôle de médecin auprès de l’enfant gravement malade dont elle a la responsabilité, alors que le brillant Mulder ne fait que suivre les intuitions d’un autre, un prêtre pédophile d’allure crasseuse. Après une si longue absence, avec autant de temps pour écrire et peaufiner cet opus entouré du plus grand secret (de trop de secret, d’ailleurs), on était en droit d’attendre mieux du maître d’œuvre de la série. Bien mieux.
Certes, le budget de ce film n’est pas élevé, mais à sa grande époque, Carter faisait beaucoup mieux avec moins de moyens, question d’enthousiasme et d’imagination peut-être, car ce qui fait l’intérêt premier d’un film, c’est son scénario, indépendamment des sommes ensuite injectées dans sa réalisation. Alors ce qui aurait pu représenter un « loner » passable dans une saison complète aura bien du mal à être le digne représentant de la renaissance de X-Files. Gageons que hélas, sans surprise, ce film ne ranimera pas la flamme chez les eX-fans des nineties, ni ne suscitera de vocation chez les nouveaux spectateurs.
Chris Carter pensait-il sincèrement pouvoir attirer les foules avec un tel film ? Quel était son but ? Exprimer un profond malaise personnel ? Exorciser le spectre de Millennium ? Exhumer sa série fétiche pour mieux l’enterrer ? Autant de questions et de zones d’ombre que le mutisme de l’intéressé ne permettra pas d’éclaircir. Il nous dirait peut-être que la vérité est ailleurs, mais au final, en sortant de la salle, c’est la déception qui l’emporte. Dommage.



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