L’immigration a été de tous temps une situation dramatique pour ceux qui la vivent et un problème majeur pour ceux qui y sont confrontés.

En 2020, Les USA ont construit un mur réputé infranchissable sur leur frontière avec le Mexique. Depuis peu, ce mur s’ouvre pour deux cents candidats à l’immigration. Ils sont les participants d’un nouveau jeu télévisé qui fait fureur : America’s Most Hunted. Le dernier à être repris par les forces de l’ordre gagne cent mille dollars, une villa et surtout ...la naturalisation et un permis de travail. Il est évident que les candidats se bousculent. La quatrième édition va commencer. Parmi ceux qui ont été retenus pour participer il y a Diego qui ne vise que l’argent. Il veut cette somme pour rembourser l’affreux mafieux auprès duquel son père s’est endetté et qui lui a déjà fait casser deux doigts.
Pour donner du piquant au jeu et faciliter la progression des candidats, soixante voitures et soixante cartes bancaires sont disponibles ...pour les plus rapides. Une seule personne ne peut espérer avoir les deux. Il faut donc faire équipe, parier en quelques minutes sur le bon coéquipier qui ne vous trahira pas tout de suite. C’est avec Pablo que Diego s’associe. Celui-ci rêve de devenir une star à Hollywood.
Le désert, la soif, les serpents et la traque sont au menu du début de la folle équipée. Les fuyards doivent aussi se méfier des autochtones car ceux-ci touchent une coquette prime quand ils font capturer des candidats. Mais Diego a un plan imparable qui lui assurera la victoire.
Cependant, Diego et son nouvel ami ne peuvent pas savoir que les autorités se servent de l’émission de télé réalité pour atteindre un but, ni qu’un flic, serial killer, mène la traque.

Christophe Lambert s’inspire, pour le nom de son émission, de America’s Most Wanted, un show très populaire aux USA, avec appels à témoins et poursuites en direct filmées par hélicoptère. Du plus recherché au plus traqué, il n’y a qu’un petit pas. Prenant en compte les problèmes insolubles liés à l’immigration clandestine, il fait un rapprochement qui risque, hélas, de ne pas rester longtemps une fiction si les escalades que l’on connaît ne s’arrêtent pas, tant pour les émissions de télé que le flux des migrants.
L’auteur aborde son sujet avec une grande honnêteté, voulant montrer toutes les implications qui s’y rapportent et toutes les conséquences induites. Il prend toutefois un certain « recul » n’impliquant Diego, son héros, dans cette aventure que pour l’argent. Le développement de son intrigue, les nombreux axes d’investigations qu’il explore, les motivations diverses et variées de sa galerie fort riche en personnages intéressants, (les méchants comme les bons, d’ailleurs) font de ce livre un grand moment de lecture.
Cet auteur continue de surprendre par la qualité de ses intrigues, le choix toujours étonnant de ses sujets, la pertinence de ses observations et la connaissance approfondie du thème qu’il traite.

La collection 15 - 20 est ouverte aux livres que des adultes comme Luc Besson, (Qui dirige les éditions Intervista) auraient aimé lire quand ils étaient plus jeunes.
Le dos au mur, de Christophe Lambert, est significatif de cette veine, par l’actualité brûlante du sujet abordé, par le traitement dynamique d’une histoire passionnante.

Serge Perraud

Le dos au mur, Christophe Lambert, Intervista, coll. 15 - 20, mai 2008, 256 pages, 14,50 €