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  Sommaire - DVD -  S à Z -  Shining - Edition Blu-ray (France)
"Shining - Edition Blu-ray (France) "
de Stanley Kubrick
 

Avec Jack Nicholson, Shelley Duvall, Scatman Crothers, Danny Lloyd
Warner Home Vidéo

En voilà un encore qu’on attendait en haute définition. C’est chose faite aujourd’hui puisque Warner Home Vidéo sort ses Kubrick pour l’occasion. Tous ? Non, manque à l’appel ce magnifique chef-d’œuvre qu’est « Barry Lyndon ». Pourquoi ? ‘Sais pas. Bon, la disparition de Kubrick m’a fait un choc, et pourtant, je ne suis pas celui qui dira que le cinéaste n’était l’auteur que de chefs-d’œuvre. Mais quand on voit comment chaque film était pensé, créé, tourné, monté, c’est l’équivalent d’un bâtisseur de cathédrale qui a disparu. « Shining » est un de ses chefs-d’œuvre. Dans les bonus, Steven Spielberg dit ne pas avoir aimé le film à sa première vision (et en plus, il a du voir la version américaine, on va y revenir à ça aussi...) mais que depuis, il a vu le film au moins une vingtaine de fois. C’est tout à fait ça : « Shining » est tellement glacial qu’on ne peut l’aimer de prime abord ; mais c’est un tel cauchemar qu’il vous hante longtemps, et qu’on ne peut que le revoir de temps en temps, avec une petite lumière. Le mec qui arrive à vous faire dresser les cheveux sur la tête en montrant un gamin qui parle à son doigt est un génie. Kubrick prouve avec « Shining » qu’il était un génie. Et quant à King qui déteste le film au point d’avoir commandé un téléfilm plus proche de son roman (excellent au demeurant) signé Mick Garris (pourquoi pas, mais pas Garris à la réalisation quand même, faut pas exagérer !), hé bien, ne lui en déplaise, mais là, c’est lui qui a tout faux. Même quand on connait ses raisons, qu’il a souvent expliqué en interviews.
Bon, revenons au film : pour cette nouvelle édition, en Blu-ray dans le cas présent, le film a été remis en format 1.85 comme au cinéma alors que pour l’instant, il n’était qu’en 1.33 en vidéo. Ne criez pas au scandale, il n’y en a pas : le négatif est en 1.37, la projection en salles était en 1.66 ou 1.85, des formats très voisins. Ca c’est le premier point. Ensuite, les versions : aux States, elle dure vingt minutes de plus qu’en Europe. Et le HD-DVD français propose cette dernière (on aurait pu avoir les scènes manquantes en bonus mais les droits...) car le doublage suivi par Kubrick himself n’a jamais été fait sur la version longue. Et en fait, si on devait citer une director’s cut, ce serait cette dernière qui a été raccourcie par Kubrick pour l’Europe. Ayant vu les deux, je préfère la « nôtre ». la longue apportant plus de réponses là où elles n’ont pas leur nécessité (pourquoi Nicholson boit, le final quant à son attachement à l’hôtel, etc...). le plus comique, c’est que la jaquette du Blu-ray indique la durée européenne, alors que sur le disque est mentionné la durée américaine !!! ¨Pas sérieux tout ça, ‘va pas être content Stanley.
Revenons à « Shining » : afin de garder un grand hôtel de luxe paumé en pleine montagne, Jack Torrance, un écrivain qui essaie de le devenir, sa femme Wendy et leur fils Danny s’apprêtent à y passer les trois mois l’hiver. Mais l’hôtel semble recéler des secrets qui perturbent Jack et que Danny, jeune médium surpuissant, ressent dès leur arrivée. Le cauchemar peut commencer...
Oh, hé, ho, on ne va pas rentrer dans les détails, hein, qui ne connait pas « Shining » ? Et quand bien même, préservons un peu de suspense. Dès le début, Kubrick donne le ton : une voiture seule sur une route dans des paysages monumentaux et époustouflants (et là, en Blu-ray, c’est encore mieux que sur la meilleure copie DVD du film !) pour arriver à l’imposant hôtel Overlook (dont une partie fut recréée en studio en Angleterre, à voir dans les bonus...). La suite, c’est Jack Nicholson au top de son talent quand il ne cabotine pas dans un de ses plus grands rôles. En coulisses, l’acteur revient sur le tournage, confirmant que Kubrick avait le don pour le pousser hors de ses gonds et donner ainsi le meilleur de ce qu’il voulait voir de l’acteur. D’autres anecdotes nous sont ainsi dévoilées dans des documentaires récents où se succèdent de grands cinéastes (Spielberg, qui dit qu’on ne s’ennuie jamais à un film de Kubrick, mmouais, ben personnellement, « 2001 l’odyssée de l’espace » et « Orange mécanique », si, une vision suffit !), des acteurs, la co-scénariste (« C’est l’histoire d’un homme qui déteste sa femme et son fils ! » : ah oui, tiens, pourquoi pas !) et autres techniciens. Et d’époque, pris sur le tournage : on apprend que la neige recouvrant l’hôtel était du sel, que Kubrick s’entendait à merveille avec le gamin jouant Danny, plus professionnel que des professionnels, ne rechignant jamais, et s’appelant comme son personnage, ce qui facilitait le travail de Kubrick (Nicholso aussi avait le même prénom que son héros...), que la pauvre Shelley Duvall vivait un calvaire parfois, etc... Tout ça pour aboutir au chef-d’œuvre de terreur qu’est « Shining ». Plus de vingt-cinq après, la flippe est toujours là. Dernier point : techniquement, c’est superbe. L’image renforce encore plus l’aspect froid du film (les leçons d’éclairage révélées par le directeur de la photo sont révélatrices du talent visionnaire de Kubrick pour instaurer l’ambiance qu’il souhaitait), l’isolement du lieu, la peur de ce qui s’y cache, et la folie de Jack. Franchement, quelque part, on redécouvre le film. Mais la peur tétanisante est toujours là. Preuve irréfutable du talent immense d’un cinéaste hors du commun pour un de ses cinq chefs-d’œuvre.

Film : 10/10
Blu-ray : 10/10 (copie excellente, image 1080p Haute Définition 16x9 1.85 :1) - Bonus : commentaire audio de l’inventeur de la steadycam chef opérateur du film et d’un historien de cinéma - making-of d’époque - 3 nouveaux documentaires : Les coulisses de Shining, Les visions de Stanley Kubrick, Wendy Carlos, compositeur de la musique du film - bande-annonce.

St. THIELLEMENT



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