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  Sommaire - DVD -  S à Z -  Wilderness - Edition zone 2
"Wilderness - Edition zone 2 "
de Michael J. Bassett
 

Avec Sean Pertwee, Alex Reid, Toby Kebbell.
La Fabrique de Films Vidéo

Présenté en clôture de Gerardmer 2007, passé inaperçu en salles, « Wilderness » confirme le réveil impressionnant du cinéma d’horreur britannique après « Creep », « Severance », « Dog soldiers », et surtout « The Descent ». Michael J. Bassett, le réalisateur, avait déjà amorcé cette nouvelle vague avec son intéressant « Deathwatch » (en français, « La Tranchée » en vidéo), film d’horreur situé pendant la 2nde guerre mondiale, massacré par des producteurs qui n’avaient rien compris. Maintenant, dans notre souvenir, « Wilderness » n’atteignait jamais la puissance d’un des quatre titres références cités plus haut. Mal foutu en bien des points, « Wilderness » semblait plus proche de la série Z que de la série B, ça, c’était la première opinion du film en sortant de la projection. Pourtant, quelques images persistaient à marquer les mémoires. Aujourd’hui, le revoir permet de découvrir qu’en fin de compte, le film possède suffisamment de qualités pour le faire presque rentrer dans le cercle restreint des succès du genre « made in Britain » cités plus haut. Et ce malgré d’évidents défauts qui le font toujours pencher par moments vers le Z du genre...
Un groupe de délinquants est envoyé sur une île au large de l’Angleterre avec un instructeur suite au suicide du souffre-douleur de deux d’entre eux. Le but de l’opération est de les faire vivre quelques jours dans les pires conditions qui soient, afin aussi de briser leur individualisme violent. Sauf que dès le lendemain, ils se voient tués un par un par un maniaque et ses quatre chiens. Leur survie ne va dépendre que de leur volonté à passer outre leur nature primale pour créer une solidarité qui pourrait les aider à se retourner contre leur agresseur. Sauf si ce sont des cas réellement désespérés...
Et c’est là que réside le point fort du film. Là où on pouvait s’attendre à des clichés style antagonistes devenant limite « frères de sang » dans l’adversité pour la survie, « Wilderness » présente une galerie de personnages tous plus condamnés à vivre qu’autre chose. Aucun n’est innocent et le peu d’entre eux qui mériteraient une seconde chance réagissent en purs individualistes égoïstes. L’instructeur (Sean Pertwee, vu dans « Dog soldiers », « 7 jours à vivre », connu pour être physiquement par moment un sosie de Russell Crowe !) n’est en rien un modèle pour ces voleurs, violeurs, psychopathes avant l’heure, etc... L’environnement qui est le leur ne leur apportera jamais ce qu’il faut pour les « réinsérer » dans la société, comme on leur promet. L’adage « l’homme est un loup pour l’homme » trouve ici toute sa force. Le seul qui peut prétendre à la rigueur à s’en sortir, c’est Callum : tueur pour se défendre dès la pré-adolescence, il se tient à l’écart de tout, conscient de trouver là sa seule chance de survie. Mais à quel prix ? Il en devient plus sauvage que le tueur, jouant sur son terrain avec des moyens équivalents : le tueur décapite une femme et exhibe sa tête, Callum fait de même avec un des chiens. Quant au tueur, justement, là où on devait lui trouver des circonstances atténuantes, c’est pour apprendre que dans son égoïsme de surhomme, il a trouvé dans son drame personnel une raison pour cautionner ses actes. Alors qu’il était déjà un bourreau auparavant. Les adultes sont pires que leurs enfants, comment ces derniers peuvent-ils espérer avoir un avenir normal ? C’est avec ces points que « Wilderness » gagne en qualité, même si le scénario est desservi par des partis-pris empruntés à la série Z : effets spéciaux gores sortis d’un « catégorie 3 » asiatique, et réalisation bien moins soutenue que dans le précédent film de Bassett. Pour ne pas arranger les choses, la copie DVD est loin d’être magnifique, les survols de l’île étant d’une rare laideur tant le fourmillement de l’image est présent. En même temps, ça sert un peu l’ambiance du film, quelque part... En bonus, une interview réalisée au festival de Bruxelles du Film Fantastique nous en apprend plus sur le projet, donc bien plus ambitieux qu’une simple série Z. Exit les bonus du zone 1 avec interviews des acteurs et making-of, ce qui aurait pu être intéressant à voir quant aux conditions de tournage. Mais bon, en tant que tel et à la revoyure, cette combinaison des « Chasses du comte Zaroff », « Sa majesté des mouches » et autre « Battle royale », mérite plus que le rejet auquel beaucoup l’ont vite condamné. Tel quel, « Wilderness » est bel et bien un des nouveaux bons films horrifiques « made in England ».

Note film : 7/10
DVD : 3/10 (copie moyenne, format d’origine 1.85, image 16/9ème compatible 4/3) - Bonus : interview du réalisateur au Biff 2006.

Stéphane Thiellement



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