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Sommaire - Interviews -  Tarvel/Sarkel & Aouamri


"Tarvel/Sarkel & Aouamri" de Damien Dhondt


Questions posées en 2000 pour La Cité des Bulles n° 4
(suivies de questions posées en novembre 2007) :

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous ?

TARVEL - Je suis né à Reims et j’y réside toujours. Étant plutôt sédentaire, c’est sans doute là que je serai enterré, dans la craie, car elle pullule dans ma région. Il y a longtemps, j’avais écrit une chanson titrée Vive la Champagne libre. Habité le nord-est de la France me convient très bien. J’aime la pluie et je n’apprécie guère les fortes chaleurs. Si quelqu’un est intéressé par mon pedigree, il peut aller jeter un coup d’œil à mon blog, dont voici l’adresse : http://bricetarvel.canalblog.com

Comment êtes-vous arrivé à la BD ?

TARVEL - Pour rendre service. Le dessinateur Patrice Sanahujas, Rémois comme moi, avait contacté les éditions Fleurus. On acceptait de l’embaucher s’il pouvait réaliser les dessins d’énigmes policières en cinq planches. Pour ce faire, il lui fallait des scénarii, alors, comme nous étions amis et qu’il savait que j’écrivais des nouvelles de SF et de fantastique, il est venu me trouver. Je me suis mis à rédiger ces énigmes dont il fallait retourner la dernière page pour avoir la solution du mystère. C’est ainsi que la BD a commencé pour moi. Patrice, qui a également travaillé avec André-Paul Duchâteau et qui a réalisé de nombreuses couvertures de Bob Morane, est décédé des suites de ce qu’il est de coutume d’appeler une longue maladie.

Avec quel héros, ces énigmes ?

TARVEL - Une espèce de routard qui s’appelait Renaud Delmond. C’était dans la fin des années 70. De ce fait, je me suis retrouvé moi aussi embauché chez Fleurus. J’y étais une sorte d’homme à tout faire, d’homme-orchestre. Cela a duré presque cinq ans. L’hebdomadaire s’appelait Djin. Il était destiné aux filles. Sous forme de texte ou de BD, j’y écrivais aussi bien des romans-feuilletons que des reportages ou des biographies. À l’époque, de nombreux dessinateurs faisaient leurs classes chez Fleurus. Il y avait Bourgeon, Julliard, Convard et bien d’autres. J’ai écrit des scénarii pour tous ces gens qui, plus tard, ont montré toute l’étendue de leur talent. Par la suite, parce que j’avais dans l’idée d’écrire des romans, je me suis éloigné de la BD. Peut-être à tort, d’ailleurs, car Glénat puisait chez Fleurus pour rassembler des collaborateurs. Ai-je raté le coche ? Il m’a fallu dix ans pour avoir le souffle d’écrire des petits romans populaires. Après en avoir publié une demi-douzaine, je suis revenu à la BD en faisant la connaissance d’Aouamri. Deux projets ont d’abord été refusés, puis les éditions du Vaisseau d’Argent, créées par Christian Godard et Julio Ribera, auteurs entre autres du Vagabond des limbes, ont accepté la série Sylve. Un premier album est sorti, puis le Vaisseau d’argent a déposé le bilan. Nous nous sommes alors tournés vers Arboris, un éditeur qui publiait Sylve en néerlandais et en allemand et qui avait l’intention de sortir des albums sur la France.

Quatre ans se sont écoulés entre le premier et le deuxième tome de Sylve ?

TARVEL - Oui, il y a eu des tractations.

... et cinq ans entre le deuxième et le troisième.

TARVEL - C’est fort long, certes. Cette question concerne plutôt le dessinateur.
AOUAMRI - Je n’ai hélas pas quatre bras. J’ai été obligé de faire un choix. J’ai privilégié la série Mortepierre parce que l’éditeur Soleil était beaucoup plus dynamique qu’Arboris. Tout était mieux chez Soleil : le prix de la page, la qualité d’impression, etc. Au niveau du thème, Sylve n’est toutefois pas moins intéressant que Mortepierre. Le scénario de Sylve offre plein de possibilités, alors que Mortepierre reste une histoire médiévale.
TARVEL - Mortepierre n’est pas un récit très conventionnel non plus...
AOUAMRI - Oui, parce qu’on s’est permis des incursions dans le fantastique et dans l’érotisme. C’est très excitant, comme travail. Dessiner de superbes nanas plantureuses avec des dimensions de rêve...

On a l’impression qu’au fil des tomes le scénario de Sylve a légèrement évolué. Il est plus libéré, si j’ose dire. Il ressemble presque à Mortepierre.

AOUAMRI - Effectivement, on appelle un chat un chat. Notre conception de la vie est un peu comme ça.
TARVEL - Mes scénarii sont tous fabriqués de la même façon. Sur le plan de la sexualité, je souhaite que ce soit abordé avec le plus grand naturel. Ce sont les choses de la vie.

La scène du « pouvoir des trois » dans le premier tome des Traîne-Ténèbres m’a rappelé une scène semblable dans le troisième tome de Sylve...

TARVEL - Dans Sylve, il n’était question que d’une histoire d’échange de baisers. Je suis allé plus loin dans Les Traîne-Ténèbres. Je possède un univers, comme beaucoup d’auteurs, alors, forcément, il y a des thèmes récurrents. Je m’efforce toutefois qu’il y est toujours de petites différences, des approfondissements. J’aime aussi placer quelques clins d’œils, des rappels.

C’était voulu ou c’est la manifestation d’un fantasme ?

TARVEL - Quel homme n’a pas ce genre de fantasme ? C’est vrai que l’on trouve beaucoup de connotations sexuelles dans mes histoires, mais cela fait partie de la vie. Je m’efforce à ce qu’il y est dans mes récits tous les ingrédients d’une vraie existence. Mais je place aussi des moments de poésie. Seulement, ceux-là passent plus inaperçus.

Comment avez-vous eu l’idée de Sylve ?

TARVEL - Au cours d’une nuit blanche. Le Vaisseau d’Argent attendait un projet et il fallait donc que je trouve quelque chose de très original. Je me suis mis à cogiter au lieu de dormir et, au matin, j’avais en tête cette histoire d’une Terre d’un futur plus ou moins lointain envahie par des arbres de 500 mètres de haut.

Vous n’avez pas lu La Terreur verte d’Henri Vernes ou Le Nom du monde est forêt d’Ursula Le Guin ?

TARVEL - On m’a plutôt cité jusqu’à présent Le Monde vert de Brian Aldiss. Que je n’ai pas lu, tout comme le bouquin d’Ursula Le Guin. La Terreur verte, j’ai lu cela jadis, mais je trouve que ça n’a pas grand rapport avec Sylve. On parlait déjà beaucoup de la déforestation de l’Amazonie, alors j’ai voulu prendre le contre-pied. Et si les arbres devenaient plus forts que l’homme ? L’Amazonie puissance 10, en quelque sorte.

Des planches ont-elles déjà été dessinées pour le tome 4 de Sylve ?

TARVEL - Non. Pour le moment on est en stand-by. La distribution de notre éditeur néerlandais n’est pas très efficace. On travaille à fond sur Mortepierre. Aouamri ne possède pas quatre bras, comme il dit. Après le cycle de quatre tomes de Mortepierre, Florie partira à Paris, l’ambiance sera urbaine, différente.

Où se passe l’action de Mortepierre ? On parle de Provins, mais il y a plusieurs Provins...

TARVEL - La foire de Provins est évoquée - c’était la plus importante foire moyenâgeuse -, mais ça ne signifie pas que Florie habite à côté. Pour l’instant, rien n’est dit sur la situation géographique exacte, mais le lecteur apprendra par la suite que l’action des quatre premiers tomes se déroule dans la Marche, du côté de la Creuse aujourd’hui.

Quelle a été le point de départ de Mortepierre ?

TARVEL - Les éditions Soleil voulaient une série pour Aouamri. J’ai réussi à me faire préciser qu’il fallait une série historique. Comme le Moyen-Âge était ce que je connaissais le moins mal, j’ai choisi cette période. En fait, par la suite, j’ai compris que Soleil souhaitait de l’héroïc-fantasy, tout simplement, mais j’étais déjà lancé. Dès que j’ai su cela, mon récit historique s’est mis à déraper dans le fantastique.

Le titre du tome 1 des Traîne-Ténèbres, Le Paladin, le gueux et la sorcière, est-il une référence à la formule Le Chevalier, la femme et le prêtre ?

TARVEL - Non. J’ai pensé au film Le Bon, la brute et le truand. Mais le tout début de l’histoire est vaguement inspiré de Il était une fois la révolution du même Sergio Leone. La diligence s’est trouvée remplacée par un traîneau.

C’est de l’héroïc-fantasy originale, peut-être narquoise ?

TARVEL - Une sorte de parodie, oui. J’ai très peu lu d’histoires d’héroïc-fantasy. Alors, pour ne pas risquer de faire ce qui avait déjà été fait, je suis parti dans une sorte de délire, une explosion d’imagination. La plupart de mes récits sont improvisés. Je prends souvent comme point de départ un titre qui me convient. Je possède quelques éléments, et je fonce. Pour Les Traîne-Ténèbres, j’avais surtout cette idée d’une monnaie vivante. Il y a des auteurs comme Arleston qui suivent les règles de l’art dramatique. Moi, c’est de l’improvisation. Je reconnais que sa méthode semble beaucoup plus efficace pour attirer les lecteurs.

Pourquoi la série Les Mangeurs de foudre n’a-t-elle eu qu’un tome ?

TARVEL - Il s’agit d’un récit de science-fiction post-apocalyptique dans lequel des sortes de barbares sont confrontés à des adorateurs du feu réfugiés dans les profondeurs de la terre. S’il n’y a pas eu de tome 2, c’est parce que le dessinateur Cuzor et l’éditeur sont entrés en conflit à propos d’un problème de couleurs. Cuzor voulait réaliser lui-même les couleurs et l’éditeur souhaitait lui imposer un coloriste. Sans m’en avertir, le dessinateur a modifié le scénario des deux ou trois dernières planches pour être assuré que personne ne reprendrait la série derrière lui. L’album a en quelque sorte été saboté, sabordé, mais je n’y suis pour rien. Après un coup pareil, on commence forcément à avoir des doutes sur les avantages du travail en collaboration.

Peut-on parler de François Sarkel ?

TARVEL - C’est de ce pseudo que j’ai signé une demi-douzaine de romans parus au Fleuve Noir. J’ai toujours bien aimé les pseudos. Quand j’écrivais pour l’hebdomadaire Nous Deux, il m’est arrivé de signer d’un nom d’emprunt féminin, Roseline Joncel en l’occurrence.

François Sarkel a écrit un roman gore...

TARVEL - Oui. Titré La Chair sous les ongles. L’histoire se passe à Reims, dans ma ville et mon quartier. C’est un roman gore, mais je n’en suis pas mécontent. Daniel Riche voulait en faire une adaptation pour la télé ou le cinéma. C’est un récit très quotidien, qui n’est peut-être pas sans rappeler un peu du Simenon.

Était-ce une expérience ?

TARVEL - Non, c’était un bon créneau, à l’époque. Il existait une collection Gore qui marchait bien et dont on parlait beaucoup. Je me suis simplement dit : « Tiens, je vais m’essayer à écrire un bouquin comme ça ». Il ne s’agit pas d’une expérience, surtout que La Chair sous les ongles traite du cannibalisme. Je suis un piètre mangeur de viande.

Combien avez-vous de pseudos ?

TARVEL - Pour Fleurus, j’ai dû en utiliser deux ou trois. En tout, il doit y en avoir une douzaine. Mais, à présent, je ne signe plus que Brice Tarvel ou François Sarkel.

Quelle a été la genèse de la collection Aventures et mystères ?

TARVEL - La défunte collection Aventures et mystères a tout simplement été proposée par Daniel Riche au Fleuve Noir qui l’a acceptée. Je n’en sais pas plus.

Votre héros Arnaud Stolognan est un aventurier qui connaît le pilotage, qui porte secours aux demoiselles en détresse et qui habite un monastère, exactement comme le héros d’un célèbre romancier belge...

TARVEL - Le clin d’œil à Bob Morane est évident, d’autant que le titre La Vallée truquée a été choisi par moi pour rappeler La Vallée infernale, qui est la première aventure du héros d’Henri Vernes. Si je n’avais pas lu tous les romans de cet auteur dès l’âge de douze ans, je n’aurais peut-être jamais écrit moi-même. Je lui devais bien cet hommage.

Dans Les Chasseurs de chimères, l’un des chasseurs est un ancien président français adepte de la chasse. Comme à l’époque de la rédaction du roman il n’y avait plus qu’un seul ancien président encore en vie, cela limite les recherches...

TARVEL - Vous avez parfaitement reconnu un avatar de VGE, qui ne s’est jamais privé d’aller massacrer du gros gibier en Afrique. Je crois d’ailleurs qu’il a écrit un roman, Le Passage, dans lequel il parle de cette passion que je n’apprécie guère.

Comment fonctionne Soleil ?

TARVEL - J’ai toujours eu une entière liberté d’écrire ce que je veux chez Soleil. Pour moi qui improvise souvent, c’est très agréable. Il faut toutefois parvenir à faire accepter un projet. Ça, c’est une autre paire de manche. Il y a beaucoup de prétendants sur les rangs.

Il n’y a pas de censure ?

TARVEL - Je n’ai jamais été confronté à cela. Quand j’ai été embauché, j’ai posé une question à propos de la censure et il m’a été répondu : « Tu ne mets pas d’histoires de pédés ». Je ne me suis pas gêné à faire quelques petites allusions à l’homosexualité et cela ne m’a pas causé d’ennuis.

Je ne vois pas très bien... la lesbienne dans le tome 3 de Mortepierre...

TARVEL - Oui, et puis dans Les Traîne-Ténèbres, il y a un moment où le héros dit : « Tu n’es qu’une fiotte, un chevalier de l’anneau ». Ca ne va pas très loin.

Il paraît que vous avez aussi fait un explicatif de la sexualité...

TARVEL - Le Savoir-aimer, oui, la sexualité en BD, qui s’est appelé L’Amour clés en main quand l’album a été réédité par Soleil.
AOUAMRI - Exact. On a tout testé !
TARVEL - C’était un travail de commande.

Cela a-t-il servi pour la suite, pour Mortepierre notamment ?

TARVEL - Ça a servi de rodage à notre collaboration, sans plus.
AOUAMRI - Ça nous a soudés, en quelque sorte (rire).
TARVEL - Avec Le Savoir-aimer, on a voulu réaliser le « documentaire » qui nous a manqué lorsque, ados, nous nous posions toutes sortes de questions. On s’est bien amusés à le faire.

Pourquoi avoir pris tous les deux un pseudonyme pour cet album ?

AOUAMRI - Parce que Brice avait honte ! Il a choisi de s’appeler Luc Norin et, moi, j’ai failli signer Irmaou, une sorte d’anagramme de mon vrai patronyme.

Que s’est-il passé avec Arkan ?

TARVEL - Un album que j’ai réalisé avec Edouard Aidans. Ce devait être une série d’histoires fantastico-policières mais, comme Le Vaisseau d’Argent a déposé le bilan, il n’y a pas eu de suite. Un deuxième album, Les Chasseurs de chimères, était annoncé au dos du premier. Le projet est devenu le roman paru sous le même titre et signé François Sarkel.

Peut-on avoir une biographie d’Aouamri ? Comment êtes-vous arrivé à la BD ?

AOUAMRI - À cheval... (rire). Eh bien, du fin fond de ma petite Kabylie. Là-bas, dans les années 57-60, parce que j’étais privé de papier, je m’exprimais par le biais de la terre glaise ramassée au bord d’un ruisseau. Je me suis exercé au volume en contemplant la nature. Je retranscrivais à travers les modelages. Arrivé en France, je suis entré dans l’âge du papier. Comme beaucoup, je me suis mis à dessiner dans les marges de mes cahiers d’écolier. Plus tard, j’ai eu la chance de rencontrer France Muller, qui m’a incité à entrer aux Beaux-Arts à Douai. Sorti de là, un peu déboussolé, j’ai présenté quelques projets à Dargaud et Glénat, projets qui ont été refusés. De sorte que pendant dix, il m’a fallu vivre de la pub et de la BD didactique. Et puis un jour, Brice m’a vu dans un reportage à FR3, la télé régionale, et il est venu me trouver. On a élaboré deux ou trois projets qui n’ont pas fait d’éclats, puis le Vaisseau d’Argent nous a ouvert ses portes. Ce fut le démarrage de Sylve.

Quels étaient ces premiers projets ?

AOUAMRI - Brice m’a d’abord proposé un polar fantastique, mais je n’étais pas fait pour ce genre d’histoire. Ensuite, ce fut un scénario de SF. Un récit sur le thème de la raréfaction de l’eau potable. J’aimais beaucoup, mais ça n’a pas fonctionné. Nous sommes allés voir Dargaud et Glénat, mais ces cons-là - je n’hésite pas à le dire - ne nous prenaient pas au sérieux. Maintenant, quand je les croise dans des festivals, ils viennent me faire les yeux doux. Ce genre d’attitude, ce manque de confiance, m’a fait perdre énormément d’années.

Dans le tome 3 de Sylve, qui a eu l’idée d’un habitant de la ville de Zaris (alias Paris) affublé d’un béret basque ?

TARVEL - Il y a ça dans l’album ? Je n’avais pas précisé. C’est le dessinateur qui a rajouté ça.
AOUAMRI - C’est une facétie de dessinateur.

J’ai l’impression que vous adorez dessiner les arbres, que ce soit dans Sylve ou dans Mortepierre...

AOUAMRI - Oui, j’aime bien la végétation.

Qu’est-ce qui caractérise les éditions Soleil ?

AOUAMRI - C’est la prise de risque de l’éditeur. C’est quelqu’un qui fonce, qui sait être reconnaissant quand on a bien fait le travail. Il fait avancer les choses. On ne retrouve pas ce comportement chez Dargaud et Glénat, il faut se débrouiller par soi-même. Quand on est un jeune provincial qui débarque, ce n’est pas évident.

Questions supplémentaires posées en novembre 2007 :

Où en est Sylve ?

TARVEL - En BD, Sylve, c’est terminé. Il n’y aura jamais de suite. C’est fort dommage pour les lecteurs qui ont suivi cette série, une sorte d’escroquerie, mais je n’y suis pour rien. En revanche, j’ai déjà écrit une centaine de pages d’un roman qui reprend le thème de Sylve. Il s’agit un peu de la même histoire, mais vue sous un angle différent et avec introduction de nouveaux personnages. Il devrait y avoir plusieurs tomes mais, pour l’instant, ayant d’autres urgences, ce travail est en stand-bay. J’espère toutefois pouvoir le mener à terme un de ces jours.

Pourquoi avoir repris Arnaud Stolognan comme héros ?

TARVEL - Le roman Destination cauchemar, troisième aventure de ce personnage, devait paraître au Fleuve Noir. Un contrat avait même été signé. Comme la collection qui devait l’accueillir a disparu, j’avais ce manuscrit dans un tiroir, disponible. J’ai fini par contacter Rivière Blanche, qui a décidé de le publier. J’en suis heureux, car j’aime bien ce héros. J’espère d’ailleurs pouvoir sortir un quatrième roman le plus tôt possible. Une cinquantaine de pages sont déjà écrites.

Où en est le projet de la série Tsamokanoc chez Soleil avec Christophe Alvès ?

TARVEL - Aux oubliettes. Si je me souviens bien, je crois que Soleil n’a même pas daigné me donner de réponse. J’aurais bien aimé travailler avec Christophe, qui est un garçon charmant et plein de talent, mais bon... Depuis deux ans, ayant eu maints déboires avec mes collaborateurs et avec les éditeurs, j’ai décidé d’abandonner la BD. Je me consacre désormais exclusivement à l’écriture de romans et de nouvelles. Le travail en solo me convient beaucoup mieux. Au moins, de cette façon, je n’ai pas à subir les défections ou les fantaisies de tel ou tel collaborateur. Pour que je revienne au scénario de BD, il faudrait que l’on me fasse une proposition exceptionnelle, ce qui a peu de chances de se produire.

Où en est la série Mortepierre et pourquoi Aouamri a-t-il été remplacé au dessin ?

TARVEL - Soleil a décidé de ne pas poursuivre la série. Du moins je le suppose, car je n’ai plus eu aucune nouvelle depuis la parution du tome 5. Juste les relevés de ventes... Comme le dessin de ce tome 5 n’était guère à la hauteur de celui d’Aouamri, l’album s’est vendu trois ou quatre fois moins que les précédents. Explication de la bouderie de Soleil. Qu’y puis-je, si le dessinateur découvert par Soleil n’était pas celui qui convenait ? Un court temps, il avait été question que ce soit Chéret, le dessinateur de Rahan, qui reprenne la série. Tout ce serait à coup sûr passé autrement. Quant à Aouamri, eh bien il est parti vers d’autres cieux, ceux de Dargaud et de Loisel en l’occurrence. Voilà pourquoi il a été tenté de le remplacer. De là à croire qu’Aouamri est irremplaçable...

Comment est née La Couronne de foudre ? Y aura-t-il un tome 2 ?

TARVEL - Le tome 2 est bouclé depuis longtemps, prêt à être imprimé, mais Soleil n’en a pas voulu à cause de la faiblesse des ventes du premier album. C’est Soleil qui a souhaité que j’écrive un scénar pour Serge Fino. Cela se passait bien entre ce dessinateur et moi car, tout comme Alvès, c’est quelqu’un de très sympa et de travailleur. J’ajoute « travailleur », car ce n’est pas le cas de tous les dessinateurs. Remettre un certain nombre de planches dans un délai raisonnable, ce n’est pas donné à tout le monde. Fino pondait régulièrement ses six planches par mois. Aidans, lui, en livrait huit. Quant à Victor de La Fuente, avec qui j’ai réalisé un projet jamais publié pour le Vaisseau d’Argent, il produisait une bonne vingtaine de planches en quinze jours. C’est important, la rapidité - sans que la qualité en souffre, bien entendu. Beaucoup de projets n’ont pas eu de suite à cause de cela.

Pourriez-vous expliquer la genèse de vos séries et de vos romans ?

TARVEL - Je l’ai déjà dit, la plupart du temps, j’improvise à partir d’un titre. J’ai une vague idée, une ambiance, puis je me lance. À cause de cette façon de faire, il m’est arrivé de me retrouvé bloqué, de perdre beaucoup de pages écrites, mais cela se produit de plus en plus rarement. Il faut croire que je commence à bien connaître le métier. Du moins à mon petit niveau. Je conserve la même méthode pour les romans et les scénarii.

On trouve dans votre œuvre certains thèmes récurrents : la rouille, la maladie, la pluie, les arbres...

TARVEL - La rouille parce que j’aime bien décrire les choses en train de disparaître, de se déliter. La maladie parce qu’elle me fascine quelque part, parce qu’elle est une menace qui plane sur tout un chacun et qu’elle revêt mille aspects plus ou moins effrayants. Enfant, j’aimais rester au lit avec de la fièvre. Ca me permettait de manquer l’école. Il a dû m’en rester quelque chose... La pluie parce que c’est le temps que je préfère, parce qu’il me semble, à tort ou à raison, qu’elle procure plus une sensation de regain de vie que le soleil. Et puis, gamin, encore une fois, je possédais une cabane avec un toit de tôle sur lequel tambourinait la pluie... Les arbres, la forêt, parce que c’est tout se qui nous reste de plus ou moins sauvage, parce que ça évoque la sagesse, l’immobilité. J’apprécie l’immobilité. Devenir un arbre, dans une autre existence, je crois que cela me conviendrait bien. À condition qu’il n’y ait plus d’humains, car les hommes n’ont souvent pas grand respect pour les arbres.

À propos de Poulpia et des éditions Chadoré :
J’ai écrit trois histoires de Poulpia dont une, Poulpia et le requin-marteau est restée inédite. Les deux premières ont été publiées par les éditions Cœur de Loup et Demgé Production. Il est à noter que Pascal Bresson, le dessinateur avec qui j’ai collaboré sur ce projet, devenu son propre éditeur, a trouvé bon de rééditer mes récits en omettant de mentionner que j’étais l’auteur de l’idée et des textes, préférant de beaucoup mettre en avant les préfaces de célébrités qu’il est parvenu à obtenir. On comprendra que ce genre de comportement m’ait incité à proscrire toute collaboration de ce type.

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Bibliographie

Bibliographie de Brice Tarvel & François Sarkel ( sans oublier Jean Vorn, Réal Deham, Nicolas Olsagne, Laurent Galmor, François Barrol, François Dargny, Luc Norin & Roseline Joncel)

BANDE-DESSINEE

Arkan (Dessin : Edouard Aidans) Edition Vaisseau d’Argent

Boogy & Rana (Dessin : Fabien Rypert) Edition Coeur de Loup & Joker éditions

Les Contes de Mortepierre (Dessin : Christian Verhaeghe) Edition Soleil
1 Florie
2 La Nuit des Chauves-souris

La Couronne de Foudre (Dessin : Serge Fino) Edition Soleil
1 La Louve blessée

Les Mangeurs de foudre (Dessin Steve Cuzor) Edition Soleil
1 : Le Ventre des ténèbres

Mortepierre Edition Soleil

(Dessin : Mohamed Aouamri)
1 La Chair et le soufre
2 Les Guerriers de rouille
3 La Mangeuse de Lune
4 Le Sceau de l’ogre

(Dessin : Rafa Garres)
5 Le Carnaval funèbre

Les Robinsons d’outre-monde (Dessin : Didier Pagot) Edition Coeur de Loup
1 La Forêt de nulle part

Sylve (Dessin Mohamed Aouamri)
1 Le Peuple des racines (Edition Vaisseau d’Argent, 1990 puis Arboris, 1993)
2 Le Voyage vertical (Arboris, 1993)
3 Le Seigneur des écorces (Arboris, 1998)

Les Traine Ténèbres (Edition Soleil)
( Dessin Peter Nielsen)
1 Le Paladin, le gueux et la sorcière
2 Les Dents du dragon
3 Le Pays des montagnes sans nom

(dessin Christian Verhaeghe)
4 La Forêt hurlante

Les aventures de Boogy et Rana (Editions Joker)
( Dessin Fabien Rypert)
1 L’Etang qui rétrecissait
2 Les Souris vertes
3 Le Secret des ouaouarons
4 La Fièvre du mardi soir

Poulpia Edition Chadoré
(dessin Pascal Bresson)
1 Poulpia jette l’encre
2 Poulpia s’en va-t-en guerre

ROMANS

Les Revenants de Morne-Rouge (Fleurus)
La Chair sous les ongles Fleuve Noir (Gore)
Mourons sous la pluie devenu Dépression FN (Anticipation)
Silence rouge FN (Angoisses)
La Vallée truquée FN (Aventures et mystères)
Les Chasseurs de chimères FN (Aventures et mystères)
Destination cauchemar (Rivière Blanche)

NOUVELLES

Ylang et le maitre des tempêtes ( Tout à lire n°32)
La poupée crucifiée ( Wanted n°0 1994)

" LIVRE-PRATIQUE"

" Le savoir aimer" de Luc Morin & A Wamry devenu " L’amour clés en main" de Brice Tarvel & A. Aouamri




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