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  Sommaire - Films -  G - L -  Invasion (The Invasion)
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"Invasion (The Invasion) " de Oliver Hirschbiegel

 

Scénario : Dave Kajganich
Avec : Nicole Kidman, Daniel Craig, Jeffrey Wright, Jeremy Northam, Jackson Bond
Distribué par Warner Bros.
99 mn.
Sortie le 17 Octobre 2007.
Note : 7/10.

« Invasion » est le troisième remake du film de Don Siegel, « L’invasion des profanateurs de sépultures », classique (et non pas « chef-d’œuvre » comme certains le crient à tue-tête dans leurs articles, croyant ainsi certainement montrer toute leur culture cinématographique du genre quand ils charclent « Invasion » justement...) de la SF des années 50 sur une invasion extra-terrestre qui voyait tout humain se faire envelopper par une espèce de gangue végétale avant qu’elle ne presse possession de son esprit. Une série B bien torchée (Siegel quand même, un des meilleurs...) qui en même temps reflétait la peur des USA face au péril communiste. Quelques vingt ans plus tard, Philip Kaufman s’en empare et livre « L’invasion des profanateurs » avec Donald Sutherland, pour un résultat supérieur, plus moderne, flippant, très porté sur la paranoïa de nos sociétés. Quinze ans après, c’est Abel Ferrarra qui s’empare du sujet, reprenant le matériau traité par Stuart Gordon, et qui fait de son « Body snatchers » certainement le meilleur film tiré de cette histoire, un ovni dans la carrière du cinéaste, le film rappelant furieusement du John Carpenter de la grande époque. On pensait s’arrêter là et puis voilà t’y pas que le producteur Joel Silver s’y met, embauche le Teuton Oliver Hirschbiegel (“L’expérience”, “La chute”) pour signer ce troisième remake, s’en débarrasse sur la fin, fait tourner des séquences additionnelles par James McTeigue (“V pour vendetta”), finalise son film pour 80 millions de dollars, lequel n’en rapportera que quinze lors de sa sortie. Hé bien, c’est dommage d’enterrer si vite cet “Invasion” : malgré ses défauts plus qu’évidents, il s’agit de nouveau d’un bon remake.
Le Dr Carol Bennel (Nicole Kidman, parfaite dans le contexte du film) est psychologue. Depuis qu’une navette spatiale s’est écrasée à quelques kilomètres de sa ville, elle Remarque que le comportement de ses patients, de ses voisins, des gens en général, s’est modifié. Ils semblent moins humains qu’avant dans leurs faiblesses. Quand son ex-mari vient chercher son fils pour le week-end, Carol ne se sent pas du tout confiante. Et quand elle découvre qu’il y a vraiment un problème qui n’est pas celui d’un nouveau virus grippal comme annoncé, Carol va tenter de retrouver son fils avec l’aide du seul homme en qui elle ait confiance, Ben, un de ses plus vieux amis, un médecin aussi qui va tenter de trouver un vaccin à ce virus venu d’ailleurs pour nous coloniser.
Peut-on faire du neuf avec du vieux qui a déjà été retraité par deux fois antérieurement ? Oui, quand on voit “Invasion”, c’est le constant qui s’impose. La version de Hirschbiegel arrive à être différente tout en recoupant par moments les intrigues ou certains points des oeuvres précédentes. Ici, on sent bien que ce qui motiva l’Allemand pour signer ce nouveau remake, c’est l’aspect complot national, totalitarisme, paranoia, bref un aspect politique actuel. Sans oublier quelques messages bien sentis, comme le fait d’être un des leurs permettrait d’arrêter toute guerre, une occasion tentante pour Caroll mais qu’elle ne saisira pas, car elle est restée humaine. Et c’est ce qui constitue le meilleur du film, l’occasion aussi de voir quelques séquences assez intenses comme celle où Carol retrouve son fils et chacun doit deviner ce que l’autre est réellement. L’invasion est montrée de manière pernicieuse, différente d’avant, évitant tout débordement fantastique, ne serait-ce qu’avec l’invasion qui se propage via un virus. Toute cette première partie est la meilleure, avant que l’action ne reprenne le dessus via James McTeigue. Ça et quelques ellipses scénaristisques constituent le seul vrai bémol d’un film, qu’on sent bien monté et remonté, mais qui même dans cet état hybride, arrive à s’en sortir, pour le meilleur et le pire. Mais en tout cas, une chose est sûre : ce n’est pas du tout, mais alors pas du tout le navet tant décrié à droite et à gauche. “Invasion” est certes un remake de plus, mais il faut croire que le matériau de base porte chance car pour l’instant, chaque remake s’en sort plutôt plus qu’assez bien.

St. THIELLEMENT

Un autre avis :

Ce film est une nouvelle adaptation du livre "Body Snatchers" de Jack Finney (1954). Trois films ont adapté ce roman :
L’invasion des Profanateurs de sépulture de Don Siegel (1956)
L’invasion des profanateurs de Philip Kaufman (1978)
Body Snatchers d’Abel Ferrara (1993)
Don Siegel avait plus ou moins détourné les propos de l’écrivain Jack Finney en faisant de l’histoire une allégorie anti-communiste...
”Invasion” est un peu raté. Mais il mérite d’être vu.
Un peu raté parce que bâclé. On sent que quelque chose n’a pas fonctionné dans la fabrication du film.
La première demi-heure est ennuyeuse. Au lieu de montrer des images pour faire monter la tension et apporter des explications au spectateur, le cinéaste montre des dialogues assez conventionnels, on croirait une explication de textes... Et au milieu de tout cela on nous montre des scènes de la vie quotidienne qui donnent envie de quitter la salle de cinéma comme par deux fois des gros plans sur le feu allumé d’une cuisinière à gaz.
Cette partie du film rend hommage à une nouvelle de Philip K . Dick ”Le Père truqué”, le même genre d’histoire que ”Body Snatchers” de Jack Finney, et je me suis toujours demandé si ce dernier ne s’est pas inspiré de Dick pour écrire son livre, car la nouvelle a été publiée avant le roman...
Nicole Kidman, toujours aussi bonne actrice, est beaucoup trop lisse, beaucoup trop couche moyenne ayant beaucoup à perdre pour rendre crédible son courage et son obstination.
Contrairement à l’histoire originale, ici (X-files et le complot est passé par là ! quand on sait que Joe Silver a produit ce film...) le gouvernement prend une lourde responsabilité de cacher l’invasion par un virus intelligent extraterrestre. On surfe sur la vague de la grippe aviaire et pour ceux qui n’auraient pas compris on insiste lourdement via des images d’infos à la télé sur l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS) dont on parle beaucoup depuis quelques temps dans notre monde réel. Mais en fin de compte, contrairement à ce que dit le producteur, ici aussi nous avons affaire à une allégorie anti-communiste puisque Ben, lorsqu’il a été contaminé déclare : « Notre monde est un monde meilleur »... Autrement dit, ce virus c’est comme une idéologie... Il y a aussi une critique implicite des traitements psychiatriques (Le personne joué par Kidman est psychiatre) et un des contaminés ne se prive pas de faire remarquer à la psychiatre que ce qu’ils sont devenus n’est pas autre chose que ses malades traités par des anti psychotiques...
Ici, comme dans les précédents films, nos héros ne doivent pas s’endormir quand ils ont été infectés, mais les ”infectés” vous dégueulent dessus pour vous contaminer. C’est pas très élégant.
La manière de filmer est assez décalée puisque souvent (mais selon un rythme inexistant...) on nous montre des scènes anticipées. Cette répétition est déstabilisante.

Alain Pelosato



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