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  Sommaire - Livres -  A - F -  Coldheart Canyon
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"Coldheart Canyon"
Clive Barker

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"Coldheart Canyon"
Clive Barker



Katya Lupi est une ancienne gloire du cinéma des années 20. Déchue et abandonnée, elle se réfugie à Coldheart Canyon. Là, elle découvrira une fresque peinte sur un pan de mur, intitulée " La chasse du diable ", et qui sera l’exutoire de toutes ses frustrations de star has been. En fait, c’est son amant, Zeller, qui lui a ramené cette lourde fresque, directement de Roumanie. Intriguée, pour finir par être fascinée, elle va peu à peu découvrir les pouvoirs que déteint cette relique venue d’un autre âge, qui ne sera ni plus ni moins qu’une porte ouverte sur un monde terrible et beau, celui d’une page particulière de la Bible, les amours de Lilith et le drame de son engeance.
En fait, le récit se découpe en deux histoires, celle de Lupi d’abord, puis, après un bond dans le temps, celle de Tod Pickett, une star déchue suite à un accident qui lui valut d’être défiguré à vie. Lupi ayant fusionné avec cette relique sauvage et belle pour devenir une impératrice sauvage, belle et nymphomane, c’est Tod qui va en être la victime consentante.

Parti du même pari que pour le Royaume des devins, l’auteur abouti ici à une telle symbiose de l’horreur et du sexe interdit. Cela évoque à la fois les grandes fresques fantastiques que l’histoire d’une longue déchéance en forme de chant du cygne, et le tout est d’une rare perversité. Solitude, dépravation, chute, au final, ne reste que cette peinture, antichambre des enfers. Au lieu de l’extase produite par un tableau plein de bons sentiments, ce sera une fresque infernale qui sera chargée d’éprouver les victimes de la terrible Lupi. Car Katya Lupi a payé le prix, elle est passée de l’autre côté, pour remporter son dû. Mais le plus grand attrait de ce récit, ce qui fera désormais la marque de fabrique de Barker, c’est le fait que, dans cet autre monde, cette poche dans laquelle semblent perdues toutes les stars déchues de ces années, soit un passage allant dans les deux sens. Le lecteur découvrira donc toute la saveur qu’il y a d’être un fantôme, et de pouvoir, l’espace d’une incarnation brève et choisie, revêtir un corps humain pour s’ébattre en des joutes sexuelles sans plus aucune limite. Une orgie universelle et un univers clos qui lorsqu’il vous emprisonne, vous entraîne dans une infinité de plaisirs sans bornes. Dèsormais, quel camp choisir, celui des vivants ou des morts ? Barker ne pose plus de séparation, il tente de relier ces deux absolus par le même soucis esthétique, ce culte du beau, même dans le stupre des corps, et palier ainsi à sa propre angoisse de la mort. La fin va encore à contresens de la fable morale, tout est laissé à l’évaluation du lecteur.

Emmanuel Collot





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