Une fois encore, comme chez King, les deux récits se déroulent dans une petite ville américaine, Everville, dont les origines (qui constituent le prologue au roman) se situent dans un enjeu occulte qui menace non seulement les principaux protagonistes mais également l’humanité dans sa globalité. Cette menace est née de l’affrontement de sorciers pour la maîtrise de Quiddity l’océan onirique, ainsi que du pouvoir de l’Art, cette capacité de se fondre à la nature et à en maîtriser les forces. Car l’Art c’est le pouvoir du divin, celui de créer des formes parfaites, c’est à dire esthétiquement pures, ce qui ne sera pas sans poser de problème quand à notre propre entendement du beau. Barker ne cesse de bouleverser les règles, il nous déstabilise pour mieux nous faire comprendre la nécessité de voir le monde comme une sphère de différences. La narration très décousue pourra déstabiliser, la fin ne produit pas l’apothéose tant voulue, mais l’auteur pose déjà les jalons de son au-delà sauvage et beau, frôlant encore une fois le monde des rêves de Lovecraft, même s’il n’est pas amateur de l’oeuvre de ce dernier.

Alain Pelosato