SF Mag
     
Directeur : Alain Pelosato
Sommaires des anciens Nos
  
       ABONNEMENT
Sfmag No122
118

11
F
é
v
RETOUR à L'ACCUEIL
BD   CINÉ   COUV.   DOSSIERS   DVD   E-BOOKS  
HORS SERIES    INTERVIEWS   JEUX   LIVRES  
NOUVELLES   TV   Zbis   sfm   CINÉ-VIDÉOS
Encyclopédie de l'Imaginaire, 18 000 articles
  Sommaire - Films -  G - L -  La Faille (Fracture)
Voir 103 livres sur le cinéma, romans, études, histoire, sociologie...

"La Faille (Fracture)" de Gregory Hoblit

 

Avec : Anthony Hopkins, Ryan Gosling, David Strathairn, Rosamund Pike, Bob Gunton.
Distribué par Metropolitan Filmexport
111 mn
Sortie le 9 Mai 2007
Note : 8/10

De prime abord, là, comme ça, « La Faille » peut faire peur : gros plan d’Anthony Hopkins dans un thriller dont l’accroche donne le ton (« J’ai tué ma femme. Prouvez-le. »), ça rappelle pas mal de gros films à stars au scénario pantouflard, à la mise en scène anémique, style « Présumé innocent » avec Harrison Ford, « L’affaire Pélican », et bien d’autres oubliables à ce jour. Bon, et puis Anthony Hopkins, hein, certes, il y eut le choc du « Silence des agneaux », avec avant, une carrière marquée par quelques titres qui permirent de ne pas oublier son regard et des rôles d’une rare intensité (« Magic », « Terreur sur le Britannic »). Et depuis son interprétation d’Hannibal Lecter, son talent fut souvent surestimé (et même lui l’admet). Donc, depuis, on citera son rôle magnifique dans l’excellente adaptation de Stephen King de « Cœurs perdus en Atlantide » avec une interview passionnante en bonus du DVD au passage, et autrement, c’est un peu tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi : « Bad company », « Instinct », l’exécrable « Dragon rouge », etc. Bref, « La Faille » n’était pas fait pour rassurer. Eh bien, la surprise n’en est que meilleure : il s’agit là d’un diabolique thriller mené de main de maître par un cinéaste qui signe ici son œuvre la plus aboutie, ni plus, ni moins, offrant en prime à Hopkins son meilleur rôle depuis longtemps, et révélant définitivement Ryan Gosling, mais on va y revenir...
Ted Crawford (Hopkins, grandiose, vraiment : glacial, meurtrier, sobre, juste, parfait quoi !) est un brillant ingénieur aéronautique ayant fait fortune grâce à son talent dans ce domaine. Il découvre que sa femme le trompe. Un soir, il rentre plus tôt, l’accueille, lui révèle qu’il sait tout, et l’assassine froidement d’une balle dans la tête qui la laissera dans le coma. Quand la police arrive, il ne fait rien pour camoufler son meurtre, il fait même rentrer l’inspecteur qui se trouve être l’amant en question ! A son procès, il demande à être son propre avocat et ainsi, décontenance le jeune procureur Willy Beachum (Gosling, une révélation, vu auparavant dans les moyens « Calculs meurtriers », « Stay », et découvert en néo-nazi dans le surestimé « Danny Balint ») à qui l’affaire a été confiée d’office. Beachum dont le tableau de chasse est si prestigieux qu’il a été embauché dans un très grand cabinet, va du coup prendre à cœur cette affaire d’autant plus que Crawford arrive à trouver des vices de procédure et des manques de preuve qui obligent le juge à le relâcher. Et face à un être aussi machiavélique, Beachum va devoir plonger dans la vocation de son métier pour tenter de condamner enfin l’assassin presque parfait.
Dès les toutes premières minutes, on sent que l’on est en face d’un suspense haut de gamme, ciselé avec précision, intense, passionnant, et nerveux. Le but de l’histoire, rappelant les canevas des « Columbo » n’étant pas de trouver le coupable, puisqu’on le connaît, mais l’arme du crime et ainsi de le coincer. Bon, alors là, petit bémol : si on est attentif et logique, ça se devine aisément. Le problème, c’est qu’on ne comprend pas pourquoi eux n’y pensent pas... Ceci étant fait, le suspense doit être généré dès le départ et entretenu. Et là, le réalisateur Gregory Hoblit, plutôt un bon dans le genre (c’est pas mal du tout « Peur primale », « Le témoin du mal » et « Fréquence meurtre »), saisit son scénario et ne le lâche plus jusqu’à la fin, au profit d’une mise en scène aussi parfaite que le jeu de ses acteurs, d’une précision quasi-chirurgicale. On évite tous les poncifs, on est surpris par la qualité des rôles secondaires (David Strathairn en procureur général, un sage amoureux de son métier ou encore Rosamund Pike en avocate ne sacrifiant rien à son métier, deux poids, deux mesures), et on arrive à être pris au dépourvu, chose extrêmement rare. C’est un spectacle de très grande qualité tel qu’on n’en a pas vu depuis longtemps. Et au final, en tant que thriller passionnel machiavélique, et à part peut-être une fin qui baisse de quelques tous petits degrés dans la qualité de l’ensemble (et un ou deux petits détails, comme toujours...), « La Faille » est une superbe réussite dans le genre, quitte à en devenir une référence. Oui, à ce point-là !

St. THIELLEMENT



Retour au sommaire