Avec Treat Williams, Jerry Orbach, Lance Henriksen
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Attention chef-d’œuvre. Il y a peu, on vous parlait de la sortie d’un vieux Sidney Lumet, un de ses bons titres, « La colline des hommes perdus ». Voici aujourd’hui l’œuvre de sa carrière, une fresque policière impressionnante de près de trois heures, un relatif échec commercial à sa sortie, un succès critique et public depuis. Avant d’en parler, une précision sur la jaquette : comme souvent dans la collection « Talents de cinéma », le format indiqué est faux : le film a été tourné en 1.85 et jamais en 2.40 comme il est mentionné. Donc ce que vous verrez sur votre téléviseur, 16/9ème ou non, est le format correct du film.
Inspiré d’une histoire vraie, il s’agit de la chronique d’une brigade de flics de New-York spécialisée dans les stupéfiants, et qui s’en mettaient souvent plein les fouilles, en plus d’autres manœuvres douteuses. Un jour, l’un d’eux se voit dans son miroir et se dégoûte : il décide de tout raconter à un procureur.
Passionnant, noir, fataliste, intelligent, les qualificatifs les meilleurs ne semblent pas assez forts pour qualifier le chef-d’œuvre de Lumet. Lequel depuis n’a signé que deux autres films d’excellent niveau : le remarquable « Contre-enquête » avec Nick Nolte en ripou, et « La nuit tombe sur Manhattan » avec Andy Garcia. Autrement, rien de bon, que de l’alimentaire. Ici, tout est pensé, traduit par des plans plus que réfléchis, le Bien flirte avec le Mal, et on ne sait plus à quel saint se vouer. Une des fascinations les plus fortes du cinéaste. Le documentaire sur le retour du film explique bien cela : concocté par le célèbre Laurent Bouzereau, qui a réussi à retrouver pas mal de protagonistes du film, à divers degrés, on en apprend beaucoup sur la genèse d’un projet certes riche et passionnant mais aussi ardu. De tous ces propos, on tombe d’accord sur certains comme celui-ci : plus on voit le film, plus on l’aime. Mais on découvre aussi que quand il se passionnait pour quelque chose, Lumet devenait plus qu’exigeant. Et il reconnaît que cela ne s’est passé que sur « Le Prince de New-York ». Tout cela est fort passionnant, ne dure que 30 minutes, mais suffit amplement à donner à cette édition un statut exclusif, proche du Collector. Entre l’interview du vrai flic, celle de Robert Daley (l’écrivain), et des autres, on se rend compte de la difficulté de monter un tel film. Le revoir nous donne une grande leçon de cinéma. Et confirme que quand il veut, Sidney Lumet peut être un excellent cinéaste.

Note film : 10/10 (copie excellente, format d’origine 1.85, image 16/9ème compatible 4/3)
DVD : 6/10 - Bonus : Histoire du tournage : documentaire.

St. THIELLEMENT