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Sommaire - Interviews -  Isabelle Clarke


"Isabelle Clarke" de Valérie Revelut


Isabelle Clarke est réalisatrice et conceptrice de documentaires. Elle a très gentillement accepté de répondre à quelques questions sur le sujet qu’elle a travaillé dernièrement avec Daniel Costelle : La traque des nazis. Diffusion : lundi 15 janvier 2007 sur France 2, à 20H50.

Question : Vous partagez avec Daniel Costelle la création de ce documentaire et vous en avez assurez la mise en scène. En quoi a principalement consisté votre travail ?

Isabelle Clarke : En fait, je ne pense pas que l’on, puisse dire que j’en fais la « mise en scène » Daniel et moi sommes égaux et complémentaires et depuis plus de 15 ans nous , créons ensemble, nous faisons nos films ensemble comme les frères Coen ! je n’aime pas beaucoup la notion de « mise en scène » pour un film d’archives : nous écrivons un scénario, nous lançons la recherche, pendant ce temps nous rêvons d’un film, puis les images arrivent et ce sont elles qui nous mènent !

Question : Quelle a été la partie la plus difficile de la préparation ? La totalité du visionnage des archives ? La sélection des images au détriment d’autres ? La dureté du contenu ?

Isabelle Clarke : C’est vrai que j’ai eu beaucoup de mal à visionner certaines images. Le dérushage a été intensif en émotion. Un choc absolu de découvrir avec quelle minutie les alliés avaient filmé et la découverte des horreurs nazies et les sentences.

Question : Est-ce un choix de travailler sur la Seconde guerre mondiale ou une occasion qui vous a été donnée ?

Isabelle Clarke : Ce sont les archives qui nous emmènent. J’ai également réalisé avec Daniel Costelle 3 heures sur la guerre du Vietnam, « Images inconnues - La Guerre du Vietnam » pour France3 en 1997 et qui est sorti en DVD l’année dernière (voir www.photosapiens.com)

Question : A votre avis, quel est le moment le plus fort du documentaire ? Et lequel pensez-vous marquera les téléspectateurs ?

Isabelle Clarke : Je crois que nous avons fait une œuvre très forte qui marquera.

Question : La visionnage suscite obligatoirement des sentiments violents et oblige à la réflexion. Pensez-vous avoir apporté quelques choses de positif ? Y-a-t’il des séquences à votre avis qui apportent de nouveaux éléments prouvant (ou tentant à prouver) l’Holocauste par rapport à ce qu’affirme les révisionnistes ou négationnistes ?

Isabelle Clarke : Quand nous voyons ces images, nous avons le sentiment que le négationisme est une folie. La conférence de Téhéran est une horreur, on mesure la nécessité de montrer ces images aux jeunes générations, c’est le devoir du Service Public. Lorsque Mathieu Kassovitz a découvert le film, sa première réaction a été de dire qu’on ne pourrait plus dire que cela n’avait pas existé.

Question : Qu’est-ce que l’ensemble du visionnage (et pas seulement ce que vous avez sélectionné) vous a apporté par rapport à votre connaissance des événements ?

Isabelle Clarke : Bonne question, une quantité. Daniel qui est d’historien dit la même chose.
C’est un film aussi terrifiant qu’émouvant.

Je crois que c’est la première fois que l’on voit les nazis face à leurs crimes avec autant de clarté et d’évidence. Même si certaines images sont difficiles, nous nous sommes efforcés de donner une vision claire et accessible à tous.

Question : Comme les archives des prises de vues continuent de s’ouvrir, avez-vous déjà des pistes pour poursuivre votre mission d’information ?

Isabelle Clarke : C’est ce que nous faisons en ce moment, à suivre.

Question : Quels ont été les rapports entre votre équipe et les époux Klarsfeld ? Pouvoir les rencontrer à plusieurs reprises vous a-t-il permis d’affiner votre vision de ce qu’ils ont accomplis, de ce qu’ils sont ?

Isabelle Clarke : Les rapports ont été absolument parfaits. Pour le couple Klarsfeld, le projet est arrivé au bon moment, il correspondait à la fin de la traque des nazis. Tous les nazis ont été jugés, ou sont morts. Pour Beate et Serge Klarsfeld c’est l’histoire de leur vie.
Nous nous sommes rencontrés, bien entendu, à de nombreuses reprises. Les Klarsfeld souhaitaient casser deux mythes, celui du traqueur de nazi proche l’espion de Mission Impossible ou de James Bond ; en fait les Klarsfeld étaient seuls, avec peu de moyens, avec un réseau mondial d’anciens déportés qui s’est tissé par les actions de plus en plus médiatisées de Beate et au fil des années.

Serge Klarsfeld a insisté dans nos réunions préalables au montage, sur l’idée préconçue que les nazis n’avaient été ni jugés , ni punis et comme vous avez pu le voir dans notre film, les archives couvrent largement cette période de la traque avec parfois des images bouleversantes. Beate et Serge Klarsfeld forment un couple historique. Ils ont agi ensemble par amour.

Beate est de nationalité allemande et non Juive, elle a voulu élever ses enfants sans avoir honte d’être Allemande, il fallait être incroyablement courageuse et amoureuse de Serge pour s’engager avec autant d’inconscience dans cette traque des nazis. Beate est d’une grande discrétion, j’ai une grande admiration pour elle.

Serge est marqué par la disparition de son père, il cherchera pendant toute cette traque celui qui a arrêté son père et qui l’avait déporté : Aloïs Brunner a été jugé et condamné à la prison à perpétuité, "par contumace" le 2 mars 2001, devant la Cour d’Assise de Paris. Il s’était caché en Syrie, il aurait 95 ans, il est probablement mort.

Question : Avez-vous rencontré des témoins, des historiens pour construire votre documentaire ?

Isabelle Clarke : Klarsfeld a été notre consultant historique et nous avons d’une manière permanente dans notre équipe, un jeune historien franco-allemand très brillant, M. Antoine Dauer.

Question : Un DVD est prévu suite à la projection du documentaire sur France 2. Y aura-t-il des inédits ?

Isabelle Clarke : Oui, il y aura l’interview intégrale de Serge et Beate Klarsfeld (tournée en juin 2005) et 1 minute d’inédit : pendaison d’Amon Goeth (chef du camp de Cracovie que Spielberg a dépeint dans « La Liste de Schindler »)

Question : Quels sont vos projets ?

Isabelle Clarke : Un film en chantier encore secret, un autre sur Lindbergh pour France 3 pour le 80ème anniversaire du vol historique du 20 mai 1927 de New York à Paris.

Un grand merci à Isabelle Clarke et France 2

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