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Sommaire - BD -  Swamp Thing Intégrale, tome 1 : Genèse


"Swamp Thing Intégrale, tome 1 : Genèse" de Berni Wrightson, Len Wein


En France, c’est dans le bimestriel Spectral numéro 4 que les lecteurs français découvrent la Créature du Marais (« Swamp Thing ») d’Alan Moore..


Cette créature de l’univers DC Comics s’aventure déjà depuis quelques an-nées en dehors de son marécage, ayant eu son propre magazine aux éditions Aredit dans les années 80. Au fil des ans, des scénaristes se sont succédés, emmenant les lecteurs sur les mêmes sentiers narratifs parcourus bien des fois.


Il s’agit toujours de nouveaux ennemis, de nouvelles confrontations, de montrer que l’être humain ne supporte pas ce qui lui est différent. Jusqu’à ce qu’arrive Alan Moore. L’ennemi devient dès lors la créature elle même. Son corps est l’adversaire à faire plier, ses pensées les vérités qui blessent et finalement corrompent ce héros qui réalise qu’il n’en a jamais été un.


C’est tout d’abord une rosée littéraire que Moore va apporter au titre, humectant le personnage et son univers d’une liqueur amère, ambiance desséchée de fin du monde. Un ton plus sombre, une voix contant les pensées du monstre pour plonger progressivement le lecteur dans l’horreur tout autant physique que psychologique. La créa-ture façonnée par Len Wein et Berni Wrightson, ses géniteurs, revêt alors une nouvelle peau. Faite d’écorce par la dureté que va dès lors prendre l’âme tourmentée du Swamp Thing : lors d’une expérience qui a mal tourné, Alec Holland dévoré par les flammes, se jette dans les eaux d’un marais. Ses chairs combinées à l’association des produits chimiques le transforment en une créature faisant corps avec le marécage.


Il devient dès lors La Créature du Marais. Mais Alan Moore décide que tout ceci est faux, que la créature a voulu croire en cette his-toire de conte de fées. Alec Holland est mort dans ce marais. Et le marécage, via ces mêmes produits chimiques, s’est accaparé ses souvenirs au point de sentir naître une once d’humanité en son être. De croire qu’il était Alec Holland. Le réveil est brutal et le cauchemar commence pour le héros végétal qui devient à cet instant ce qu’il a toujours rejeté : une chose innommable à l’aspect aussi terrible que ses actes.


Après avoir montré aux lecteurs et à sa créature qu’ils faisaient fausse route dès le début de leur voyage narratif, Moore, intriguant Jeepers Creepers, emmène son petit monde sur une route plus dangereuse encore. La folie côtoie les affres de la pollution, les actes de l’homme sur la déforestation sont jugés et sans appel, tandis que le diable vient enflammer ces herbes sèches de tant de désolation. Le plaisir est total. Univers sombre tout en res-tant toujours réaliste, d’une violence et d’une folie parfois insoutenables mais au final très humaines, Alan Moore a transformé la Créature du Marais à tout jamais.


Il l’a revêtue de roses sanglantes et de pétales scénaristiques qui sont encore en mémoire de tous ceux qui se sont penchés sur ces aventures pour en humer le parfum dé-senchanté.


A noter que les éditions Delcourt, dans la collection Contrebande, ont réédité les premières aventures du « Swamp Thing »” par Alan Moore dans deux numéros intitulés Racines et Invitation à la peur, en 1998.


Par Grégory Covin




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