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"Gothika" de Mathieu Kassovitz

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Gothika


Sortie le 7 janvier 2004


Réalisateur : Mathieu Kassovitz


Avec :
Halle Berry, Robert Downey Jr., Charles S. Dutton, Penélope Cruz, John Carroll Lynch


Ses rivières pourpres remarquées par Joel Silver, Mathieu Kassovitz se voit confier la quatrième production des studios Dark Castle, un thriller fantastique qui réunit à l’écran Halle Berry, Robert Downey Jr et Peneloppe Cruz (excusez du peu). En tout cas, si de l’aveu du cinéaste français Gothika est avant tout un film de commande, ici, à la rédaction, même si on a pas encore eu l’occasion de visionner la bande à l’heure où sont écrites ses lignes, on est plutôt excité par cette affiche des plus séduisantes.


Spécialiste en psychologie criminelle, le docteur Miranda Grey (Halle Berry) sait mieux que personne ce qui est rationnel, logique et sain. Au pénitencier psychiatrique pour femmes de Woodward, dirigé par son mari (Charles S. Dutton), la belle doctoresse soigne des patientes dangereusement perturbées. Mais, soudain, sa vie et son équilibre mental volent en éclat, la précipitant dans un véritable cauchemar. Son mari a été assassiné et tous les indices la désignent comme coupable. Incapable de se souvenir de ce qui c’est réellement passé, ne parvenant à comprendre ce qui l’aurait poussé à commettre cet acte barbare contre l’homme qu’elle aimait, Miranda se retrouve de l’autre côté des parois de plexiglas, en compagnie de celles qu’elle soignait quelques jours plus tôt.


Si certains pourraient être surpris de retrouver l’enfant terrible du cinéma français à la direction d’un ghost-movie produit par deux des créateurs de la série des " Contes de la Crypte " (à savoir Robert Zemeckis et Joel Silver, les fondateurs de Dark Castle Entertainement), c’est surtout en raison d’une méconnaissance de l’auteur acteur réalisateur de " La Haine " et de " Assassin(s) " qui n’a jamais caché son engouement pour le cinéma de genre. Lecteur de Mad Movies à l’époque où le titre n’était encore qu’un fanzine, spectateur assidu du Festival de Cinéma Fantastique quand celui-ci se déroulait à Paris, le gamin Kassovitz s’est forgé une solide culture cinématographique où se mêlent classiques du 7ème art (" American Grafitti ", " Taxi Driver ", " Mean Streets ", ...), films d’horreur et de suspens à petits budgets (" Duel ", " Evil Dead ", ...) et grosses productions américaines (" Les dents de la mer ", " Star Wars " ou encore " Rencontre du 3ème type "). Mais, si ce fils d’un père metteur en scène et d’une mère monteuse s’amusait depuis quelques années à réaliser des petits films d’horreur sans prétention, c’est finalement " Le dernier combat " de Luc Besson qui va lui servir de déclic. Mathieu, alors âgé de 17 ans, décide de laisser tomber les études pour se consacrer à sa passion, le cinéma.


Sept ans plus tard, en 1990, il accouche d’un premier court, " Fierrot le pou ". L’année suivante, il récidive avec " Cauchemar blanc " d’après la bande dessinée de Moebius, puis en 1992 avec " Assassins ", un pamphlet contre la violence qu’il reprendra sous la forme d’un long-métrage quelques années plus tard. Son premier long, " Métisse " (1993), lui permet de se faire remarquer. Mais, le public n’est pas au rendez-vous et le cinéaste n’obtient qu’un succès d’estime de la part d’une critique à l’époque unanime. Les choses se précipitent deux ans plus tard avec " La Haine ". Tourné en noir et blanc, cette chronique de la vie dans les cités se retrouve sélectionnée pour le Festival de Cannes. Si Kassovitz rate la palme d’or, il remporte néanmoins le prix de la mise en scène, décroche trois césar et " La Haine ", écrit en réaction à une bavure policière, se transforme bientôt en un véritable phénomène de société.


Deux ans plus tard, tout le monde attend le nouvel opus du prodige, celui que l’on surnomme désormais le Spike Lee français, mais, " Assassin(s) ", à nouveau sélectionné à Cannes, va défrayer la chronique et se faire allègrement descendre par la critique. Il faut dire qu’entre temps, le cinéaste n’a pas hésité à revendiquer son indépendance et ne s’est pas privé pour fustiger journalistes et autres parasites, bien pensant et bien portant, évoluant dans le microcosme du cinéma français. Du coup, après un exil outre-atlantique, où il développe quelques projets restés à ce jour sans suite, Mathieu Kassovitz revient au pays et à la mise en scène avec " Les rivières pourpres ". Cette adaptation du roman à suspens de Jean-Claude Grangé, exception faite d’une fin un peu ratée, fait preuve d’une excellente direction d’acteurs et enchaîne quelques scènes de très haute volée. Joel " Matrix " Silver ne s’y trompe pas. Toujours à la recherche de nouveaux talents, il assiste à une projection des " Rivières pourpres " dans un avion qui l’amène en France et profite de son passage à Paris pour rencontrer son réalisateur.


. Les deux hommes accrochent immédiatement et, dès lors, l’immense producteur d’Hollywood va régulièrement proposer des scénarii au petit français. Finalement, un script de Sebastian Gutierrez retient l’attention de Kassovitz et, quelques mois plus tard, mettant son indépendance entre parenthèses, il décolle pour Los Angeles pour préparer le tournage de " Gothika ". Tourné en 45 jours à Montréal, cette histoire de fantôme, si on croit Joel Silver, Mathieu Kassovitz (Robert Zemeckis, en tournage de son côté, étant resté absent des plateaux québécois) et les premiers échos des USA, serait assez éloignée des habituelles productions de la firme, autrement dit moins comédie gore, pour se classer dans le registre de l’épouvante. En tout cas, si pour ce film le rôle de Kassovitz se limitait quasi-exclusivement à la mise en scène, ce projet n’en est pas moins une énorme opportunité pour le cinéaste français, qui devrait lui ouvrir des portes et lui donner de nouveaux moyens pour les projets d’ambition qu’il nourrit avec NMP Entreprise, sa propre société de production, à commencer par l’adaptation de " Babylon Babies " de Maurice G. Dantec. Verdict chez nous le 7 janvier.


Bruno Paul en collaboration avec Valérie Revelut




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