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Sommaire - BD -  Borgia : T.2 - Le Pouvoir et l’inceste - Albin Michel


"Borgia : T.2 - Le Pouvoir et l’inceste - Albin Michel" de Jodorowsky et Manara


9/10

La famille Borgia, des romains d’origine espagnole, est entrée dans l’histoire pour les crimes qui ont jalonné l’ascension de ses membres vers le pouvoir. Parmi eux, trois se sont particulièrement illustrés, si l’on peut dire ! D’abord, le père, Rodrigo Lançol y Borgia qui, pour accéder à la papauté, va corrompre, humilier, soudoyer, tuer. Puis, son fils César, qui mena une vie aventureuse et servit de modèle à Machiavel pour Le Prince. Enfin, Lucrèce, la fille qui fut un instrument, un bel instrument semble-t-il, entre les mains de son père et de son frère.
C’est sur ces trois personnages que Jodorowsky construit son scénario et relate les étapes principales qui ont mené ces assassins au plus haut rang. Cependant, ils n’étaient pas les premiers (Voir Murena, par exemple, le récit de Jean Dufaux sur l’accession de Néron au trône) et, hélas, ne furent pas les derniers.

Dans le présent tome, le scénariste met l’accent sur la notion de famille développé par Rodrigo. Il partage les tâches et missions, use des compétences de chacun pour asseoir une véritable autorité papale. Cela passe par des alliances, mariages ou, si cela n’est pas suffisant, élimination physique pure et simple. Jodorowski fait fort bien ressentir l’ambition de Rodrigo devenu le pape Alexandre VI, ambition qu’il est malaisé de situer, pour l’instant, entre intérêt personnel ou dévouement à la grandeur d’une institution.
Jodorowski inclut nombre de scènes érotiques dans le fil de son récit. Était-ce la réalité ? Est-ce pour utiliser le grand savoir-faire de Manara dans la représentation de telles situations ? J’avoue ne pas pouvoir juger de leur opportunité, ignorant le degré de liberté sexuelle qui existait vers la fin du XIVè siècle à Rome. On peut, cependant raisonnablement pencher pour cette vision. En effet, qu’un Rodrigo puisse être cardinal, accéder à la première place dans l’église alors qu’on le crédite de six enfants hors mariage, qu’il donne à un adolescent de seize ans la pourpre cardinalice, laisse supposer une tolérance qu’on ne retrouve plus dans les diktats moraux de l’heure actuelle.

Manara s’est lancé dans une transcription de la Rome renaissante et en réussit la reconstitution avec un brio remarquable. Il n’hésite pas à la représentation de grands espaces et foules, avec une multitude de détails, fort croustillants parfois. Il donne vie et couleurs à des décors superbes. Ses personnages le sont également. On peut regretter, toutefois, que pour l’occasion, il n’ait pas cherché à offrir un autre visage à Lucrèce, plutôt que de lui attribuer le « minois Manara ». Cependant, il faut souligner que dans les deux albums que compte la série, les pages intérieures sont à la hauteur de la couverture, aussi belles et riches des tonalités de l’époque.

Serge Perraud

Borgia : T.2 - Le Pouvoir et l’inceste, scénario de Jodorowsky, dessin et couleurs de Manara, Albin Michel, janvier 2006, 56 pages, 12,50 €




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