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  Sommaire - Livres -  G - L -  Douze Heures du Crépuscule à l’Aube
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"Douze Heures du Crépuscule à l’Aube "
Lélio

Editeur :
Éditions de l’Oxymore
 

"Douze Heures du Crépuscule à l’Aube "
Lélio



9/10

Les Éditions de l’Oxymore, avec leur spécialisation dans le Féerique et le Fantastique, drainent de nouveaux auteurs et offrent un espace d’expression à de nouveaux talents.
C’est le cas, une fois encore, avec le présent recueil de douze textes, douze perles sombres qui jalonnent les heures de la nuit, lorsque celle-ci est la plus longue, la plus noire, la plus angoissante.
L’auteur évoque, tour à tour, l’enfance et ses terreurs, la souffrance, la douleur, la différence et la mort. Mais la musique est très présente. Elle imprègne l’œuvre, en structure le rythme quand elle n’est pas le support de l’intrigue même.

Lélio restitue, dans ses nouvelles, un univers sombre, presque sans espoir, sans futur, un univers qui ne laisse la place qu’à la douleur et la souffrance de toutes natures. C’est notamment le cas dans Tisha Bear où elle organise un chassé-croisé entre des êtres séparés, murés dans leur souffrance sur un fond de conflit qui les dépasse et les écrase.
L’enfant autiste de Locked lui permet d’évoquer l’incommunicabilité des êtres. Elle fait de cette nouvelle une fort belle introduction au recueil, presque une synthèse de son œuvre. On retrouve un thème similaire dans Les Corbeaux, avec l’enfance et ses souffrances, l’enfance et ses terreurs face à l’incompréhension ou la prise en otage des adultes. Elle revient sur l’enfant, sur la différence qui rejoint l’anormalité, la monstruosité avec Batismo Te.

Mais on doit recommander la lecture prioritaire de La Noirceur de l’encre et de Rapsodie. Le premier texte, déjà fort remarqué depuis sa publication dans Emblèmes n°7, sur la découverte du terrible secret d’une religieuse, contient en soi beaucoup d’humour... noir. Le second pour sa large inspiration qui inclut aussi bien Faust que le Seigneur des agneaux, car il compile presque toutes les sources d’inspiration de Lélio : souvenirs d’enfance, différence, monstruosité, musique, folie ...

Elle puise également beaucoup dans la culture et la religion juives. Il est à noter que cette religion se retrouve souvent comme un élément instigateur dans des nouvelles ou des livres aux thèmes fantastiques. Se prête-t-elle facilement, par sa nature, par son côté secret, à faire naître des éléments de mystère ?

Lélio maîtrise une écriture incisive, une écriture très visuelle, très imagée avec de superbes comparaisons, de magnifiques associations. Par exemple, pour décrire le caractère d’un personnage, elle le définit ainsi : « S’il avait été Jonas, il aurait mangé la baleine. » ou « Grand-père préférait pactiser, ... retirer l’écharde des mains de autres et la ramener, au creux des siennes, dans le tronc de l’arbre écorché. »

Un auteur à découvrir, à petites doses cependant, car son univers est un miroir si fidèle de ce qui compose la vie, avec ses craintes, ses lots de peurs et d’angoisse, que son reflet déclenche un choc et fragilise les masques et les armures que l’on se construit, à grand peine, pour tenter de résister.

Serge Perraud

Douze Heures du Crépuscule à l’Aube, Lélio, Éditions de l’Oxymore Coll. Epreuves, octobre 2005, 284 pages, 15 €





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