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  Sommaire - Films -  S - Z -  Syriana
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"Syriana" de Stephen Gaghan

 

Sortie en France : 22 Février 2006

Avec George Clooney, Matt Damon, Jeffrey Wright

Tout le monde le sait, George Clooney est une valeur sure à Hollywood mais aussi dans le reste du Monde et lorsque son nom apparaît en haut d’une affiche on peut être certain que les spectateurs iront dans les salles obscures... Cette fois-ci, pourtant, on peut dire qu’il a pris d’énormes risques en tournant ce films politique qu’est « Syriana » et ceux qui se plaignent depuis des années qu’Hollywood est incapable de sortir des films très élaborés et à substance politique vont, j’en suis sûre, l’apprécier.
« Syriana » n’est pas un film de fiction car le directeur et scénariste Stephen Gaghan (à qui nous devons « Traffic ») a pris comme point de départ le livre écrit par Robert Baer « N’y voyez pas le mal : l’histoire vraie d’un soldat dans la guerre de la CIA contre le terrorisme » (en anglais : See no Evil : The True Story of a Ground Soldier in the CIA’War on Terrorism).
Complexe... il explore et nous plonge dans les nombreuses ramifications de l’industrie du Pétrole impliquant la politique, l’économie et la Société et nous montre avec cynisme et sans concession la soif de ces multinationales à la recherche du pouvoir, de l’ambition et du profit.... au détriment - bien sûr - des vies humaines. Le fait est que notre Monde actuel dépend du pétrole, qu’il en a un besoin vital, que des Gouvernements sont prêts à toutes les concessions pour en avoir et qu’ils sont capables de tout pour que le robinet ne soit pas fermé !
Il nous montre également comment les agissements de multinationales sans âme peuvent « fabriquer » - sans le savoir - des terroristes islamistes en poussant au désespoir et à la révolte d’honnêtes travailleurs arabes.
Point important à noter : La densité de la narration (surtout si l’on considère que depuis pas mal de temps Hollywood s’axe sur la simplification dans tous les domaines...).
C’est donc une histoire compliquée oú se mêlent enquêtes et intrigues impliquant des pétroliers texans, des émirs du Golfe Persique, (cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?), des terroristes Islamistes, des avocats « marrons », la CIA, Le comité de libération de l’Iran, la peur de la montée commerciale de la Chine, un missile volé et j’en passe....
L’un des personnages de ce film déclare : « La Corruption est notre protection. La Corruption nous garde sain et sauf. La corruption c’est ce qui nous permet de vaincre et de gagner. » Et bien, l’on peut dire que Syriana est exactement axé sur cette déclaration.
George Clooney, quelque peu « empâté » et barbu pour ce rôle (devrai-je dire un peu plus consistant en taille ? !) est formidable en agent de la CIA, spécialiste du Moyen-Orient coincé au milieu de toutes ces intrigues, (Il parle Farsi, a des attaches avec le Hezbollah et a même réussi à infiltrer El-Qaeda) et que ses patrons abandonnent sans aucun remords (Allons, tout le monde sait que dans ce milieu on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et malheur à celui dont la coquille est fragile !).
Matt Damon excelle en consultant financier qui vit une bien agréable vie à Genève avec sa femme et ses 2 adorables enfant mais dont la vie bascule lorsque lors d’un voyage au Moyen Orient, une terrible tragédie vient le frapper.....
A noter la magnifique prestation de Alexander Siddig (Star Trek) dans le rôle du jeune Prince Arabe Nasir, un visionnaire et réformateur voulant ouvrir son émirat au progrès, combattre la corruption qui existe a tous les niveaux et libérer son peuple.
Photographié par Robert Elswit a Dubaï et au Maroc, ainsi qu’en Europe et aux États Unis l’image donne l’impression d’une très grande mobilité...
Certains reprocheront à « Syriana » son manque d’humanité. Je pense personnellement que c’est exactement la réalité que le cinéaste désire nous montrer. C’est un brutal, profond et inoubliable regard à la déshumanisation qu’apportent l’ambition, le profit et les jeux politiques et économiques d’où ne peuvent résulter que souffrance et mort... Ici pas de possibilité de rattrapage et pas de pardon pour les perdants.
Maintenant, si vous voulez voir quelque chose de différent, si vous voulez voir autre chose que l’habituel pop-corn américain, « Syriana » est exactement ce qu’il vous faut. Pour moi c’est l’un des plus important et sérieux film de l’année 2005.

Andrée Cormier



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