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"L’appel des Abîmes "
Danielle Martinigol

Editeur :
Mango Jeunesse
 

"L’appel des Abîmes "
Danielle Martinigol



9/10

Troisième et dernier volet (dommage !) de La Trilogie des Abîmes, ce space opera flamboyant permet à Danielle Martinigol de revenir sur ses thèmes favoris, avec une fable sur le différence, sur l’acceptation d’autres races intelligentes dans l’univers. (Pour peu que la nôtre soit considérée comme telle !)

L’auteur déporte son intrigue dix ans après L’Envol des Abîmes. Les protagonistes ont grandi. Aëla Maguelonne est maintenant une jeune femme de dix-neuf ans qui partage nombre d’aventures spatiales avec Jang-al, l’Abîme Noir dont elle est la perl. Ensemble, ils défient les autorités avec des exploits sportifs qui mettent en péril ceux qui se trouvent sur les lieux, comme un plongeon dans l’axe central d’Agora ou des émergences sur des trajectoires d’accostage.
Chaddy Meretta a filmé le nouvel « exploit » d’Aëla et Jang-al. Elle a quinze ans. Elle est l’héritière, sa mère est décédée tout récemment, de la MGT : Meretta Général Trust. Elle s’intéresse aux Maguelonne et, pour en savoir plus, espionne Djem Rand-Saroly, un proche de la famille.
Aussi, quand un Abîme émerge de l’hyperespace devant des vaisseaux, au risque de les détruire, tout le monde pense à l’Abîme Noir et à sa perl. Mais ceux-ci sont déjà repartis pour Primor, la planète du Nuage de Magellan, qui abrite le troupeau découvert il y a dix ans. En fait, il s’agit d’Abîmes inconnus ...pilotés par les Ksis, des extraterrestres !
Pour « simplifier » la situation, Aëla et Djem, le cadreur surdoué, se révèlent leur amour. Mais Jang-al, possessif et jaloux, devient incontrôlable. Il fuit avec sa perl...

Danielle Martinigol, en imaginant les Abîmes, sortes de baleines de l’espace, a posé les bases d’un univers riche en émotions, en développements, pour animer de façon novatrice un space opera. Bien que de facture classique, avec voyages interplanétaires, exploits, dangers, découvertes et aventures en tous genres, y compris amoureuses, la dimension vivante de ces vaisseaux-animaux ajoute un intérêt supplémentaire. En effet, l’introduction de cette race lui permet de remplacer les vaisseaux spatiaux par des « navires vivants » et de développer toute une série d’événements et de rebondissements en lien avec la nature même de ces êtres. Les rapports hommes-animaux, les sentiments échangés, la réaction humaine face à l’inconnu et la capacité à accepter ce qui est différent prennent une autre résonance.

La famille tient une place importante et toutes les générations, malgré les bouleversements, les attaques et les conflits, restent soudées. Si les adolescents s’assument complètement, ils sont toutefois très entourés. L’auteur joue avec un registre de sentiments très varié, s’amusant (et nous aussi !) à faire évoluer les uns, les autres et à en imaginer les conséquences sur le groupe. Elle enrichit son histoire avec des remarques et réflexions cocasses, amusantes, pertinentes. Le choix de certains termes n’est pas anodin et reflète le soin pris pour la construction de l’intrigue et l’écriture. Ainsi les pilotes des Abîmes sont dénommés « perl », comme un bijou, comme le développement dans l’huître.
Mais elle aborde également des problèmes plus graves comme la qualité de la vie, de l’environnement ou le respect d’une éthique par les médias. Elle illustre fort bien les excès de l’information à tout prix et les dérives que peut entraîner la volonté qui en découle. Elle insiste sur la nécessité d’une ouverture d’esprit, d’une veille permanente, fustige les certitudes avec véhémence, par exemple : « ...leurs certitudes sclérosées de frileux. » ou « ...à ébranler... les fondements de certitude stérile. »
L’appel des Abîmes peut se lire indépendamment des épisodes précédents. Cependant, je ne saurais trop conseiller de lire l’ensemble, pas obligatoirement dans l’ordre, parce que c’est une trilogie qui vaut le détour, écrite par un auteur de talent.

Serge Perraud

L’appel des Abîmes, Danielle Martinigol, Mango Jeunesse coll. Autres mondes, octobre 2005, 196 pages, 9 €





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