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Les USA et la Chine ont monopolisé le pétrole mondial obligeant le reste du monde à une « débrouille énergétique ». Mais, dans la seconde moitié du XIXè siècle, la déplétion pétrolière, frappe à leur tour les USA. Le président La Verda, un Latino-catholique pratiquant fait le déplacement pour tenter de récupérer les techniques développées dans « l’Europe de la débrouille ».
Un tel voyage, malgré les risques minimes d’attentat, ceux-ci n’étant plus qu’un mauvais souvenir dans la Fédération Atlantique Européenne, n’exclut pas la mise en place d’un dispositif de sécurité renforcée. Mais, que peuvent les meilleurs dispositifs face à une équipe décidée... ?
Pax Americana donne l’occasion à son auteur de laisser libre cours à toute sa gouaille habituelle, sur un sujet d’actualité bien présent et qui ne prête pourtant pas à sourire : les conséquences d’une raréfaction des énergies pétrolières et la demande croissante de « pays émergeants ». Il imagine une Europe restreinte, qui a dû faire face à une baisse de son niveau de confort, et invente nombre de solutions astucieuses, délirantes et cocasses. Il se livre à une satire de tous les milieux gouvernementaux, comme des milieux extrémistes. Il émaille son texte de remarques amusantes ou admiratives. Ainsi « ...Pedro qui s’enfilait ses huit heures de sommeil chaque nuit avec une ignorance béate du concept d’insomnie. »
Mais où l’auteur atteint un niveau, jusque là inégalé, dans la fiction et dans l’utopie, c’est quand il fait se déplacer, quotidiennement un ministre en titre dans Paris, seul sur un scooter, que celui-ci montre ses papiers pour entrer dans une zone protégée, etc. Il faut avoir une imagination sans limites parce que je ne pense pas qu’on trouve, dans l’histoire de l’humanité, un bipède ayant accédé « aux Responsabilités, (comme ils disent) », qui se soit conduit ainsi !
Beaucoup d’humour, de situations décalées, font de la lecture de ce court roman, un moment d’amusement et de récréation fort agréable. Cependant, le format de la novella, ne semble guère convenir à l’auteur, qui ne donne pas à son intrigue toute la puissance narrative qu’il développe habituellement.
Serge Perraud
Pax Americana, Roland C. Wagner, Éditions du Rocher coll. Novella SF, novembre 2005, 92 pages, 9,90 €